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jeudi 2 mai 2024
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Migrants du stade de Cavani : Le problème a simplement été déplacé !

La semaine dernière, le préfet avait annoncé la fin de l’évacuation des migrants occupant illégalement le stade de Cavani. Toutefois, si le stade a en effet été « libéré », comme promis aux riverains, ce n’est pas le cas des rues de Cavani où errent désormais plusieurs centaines de demandeurs d’asile, au grand dam du maire de Mamoudzou.

Parmi ces demandeurs d’asile, beaucoup de femmes et d’enfants venus de Somalie, du Rwanda, du Congo, etc.

« Cavani c’est fini ! » a annoncé François-Xavier Bieuville la semaine dernière dans une vidéo de communication de la préfecture. Jouant la carte du « chose promise, chose due », le nouveau préfet de Mayotte a souhaité montrer publiquement qu’il avait respecté les engagements faits auprès des Forces Vives lors du récent mouvement social. Mais qu’avait-il promis exactement ? Que les habitations de fortune montées illégalement sur le terrain du stade de Cavani seraient démantelées. C’est effectivement chose faite. Toutefois le problème a simplement été déplacé puisque désormais les demandeurs d’asile qui trouvaient autrefois refuge dans le camp du stade ont désormais élu domicile dans les rues de Cavani, dormant sur des matelas de fortune posés à même le sol. Une situation que décrie avec véhémence le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. « Mon travail est de protéger à la fois les riverains et ces demandeurs d’asile protégés par l’Etat. Moi, ce qui me pose problème, c’est qu’ils occupent la voie publique et ne soient pas logés dignement, faisant encourir des risques sécuritaires et sanitaires à ma commune. Si l’Etat leur trouve des logements dignes, personnellement ça ne me pose aucun problème de les accueillir tous dans la commune de Mamoudzou », a-t-il déclaré.

Les exposants du « marché du ramadan » sont obligés de s’accommoder de la présence des SDF faute d’une autre solution plus satisfaisante

Comment en est-on arrivé à cette situation ? C’est que, si les migrants qui ont obtenu leur statut de réfugié ont été envoyés en métropole et les déboutés pris en charge par la PAF, c’est la troisième catégorie de personnes qui occupaient le stade qui pose problème : les demandeurs d’asile. Même s’ils sont tous arrivés clandestinement sur le territoire, la loi française les considère comme « en situation régulière » tant que leur demande d’asile n’a pas été étudiée. Si, d’après la loi, ces demandeurs d’asile devraient être logés provisoirement par l’Etat, via des associations telles que Solidarité Mayotte, l’ACFAV,  Mlezi Maore ou encore Koallia, leur nombre surpasse les capacités de logements de ces associations. « On ne parle même pas de vrais logements, mais juste d’une « mise à l’abri » dans des dortoirs communs avec un minimum d’hygiène », précise Gilles Foucaud, le directeur adjoint de Solidarité Mayotte que nous avons joint par téléphone. « Au début de notre travail de recensement, il y avait environ 500 personnes au sein du stade, puis leur nombre est rapidement passé à 1.200. La préfecture a été obligée d’arrêter la liste à un moment donné », explique-t-il.

Un « hiatus » dans la règlementation française sur le droit d’asile

Depuis plusieurs mois, le maire de Mamoudzou tente de résoudre le problème de la présence massive de demandeurs d’asile SDF dans sa commune, en vain !

« Il y a un hiatus dans la règlementation : la France, pays signataire de la Convention de Genève, autorise les migrants à déposer une demande d’asile sur le sol français, ils sont alors considérés comme en situation régulière. Mais, pour déposer cette demande, ils ont été obligés d’entrer illégalement sur le territoire », analyse Gilles Foucaud. La solution ne serait-elle donc pas d’autoriser les personnes vivant dans des pays en guerre à déposer leur demande directement depuis les ambassades françaises des pays voisins ? « Le problème c’est que cela faciliterait l’attribution de ce statut de réfugié par la justice française et exposerait le territoire à un afflux massif de réfugiés, ce que craignent sans doute les autorités », suppute Gilles Foucaud. « La peur de « l’appel d’air » amène à faire en sorte d’augmenter les difficultés d’obtention du statut de réfugié », subodore-t-il encore, affirmant que « les états sahéliens sont « les portiers de l’Europe ».

Toutefois, toutes ces difficultés n’ont pas l’air de décourager des populations prêtes à tout pour quitter des pays où se commettent les pires horreurs au nom de la guerre ou des luttes politiques ou religieuses. Elles parviennent quand même à rejoindre les côtes françaises de Mayotte et, une fois-là, la loi oblige l’Etat français à les accueillir dignement le temps que leur demande d’asile soit étudiée. Mais ça, c’est la théorie et la réalité est toute autre puisqu’il n’y a pas suffisamment de logements à Mayotte pour tous les loger provisoirement. Sans compter que cet afflux massif de migrants agace une partie de la population mahoraise qui a exercé tant de pression sur les Mahorais qui acceptaient de louer leurs logements aux associations que bon nombre d’entre eux ont préféré rompre leur bail, tant leurs voisins leur mettaient la pression.

Si les baraquements qui jonchaient le terrain du stade ont été détruits, plusieurs centaines de demandeurs d’asile se retouvent SDF dans Cavani…Le problème a changé de visage mais reste malheureusement présent !

Manque de logements, pression sur les propriétaires, mais aussi appel d’air créé par l’envoi de plusieurs centaines de réfugiés anciens occupant du camp en métropole, tous ces éléments aboutissent à la situation d’aujourd’hui à Cavani. Le marché du ramadan, mis en place depuis mardi dernier, doit s’accommoder de tous ces SDF traînant dans les rues, sans compter ceux qui, refusant de « jouer la carte du stade », ont déposé leurs matelas devant les locaux de Solidarité Mayotte à Massimoni. Bref, la situation est loin d’être résolue. Ambdilwahedou Soumaïla a eu beau prendre un arrêté la semaine dernière pour demander « la libération de la voie publique à Cavani », cette belle intention se heurte au principe de réalité : où loger tous ces demandeurs d’asile ? « Ce n’est pas mon sujet, c’est le problème de l’Etat », répond le maire du tac-au-tac. Le préfet, quant à lui, a annoncé une prochaine opération de « sécurisation de la voie publique à Cavani », mais nous a opposé un silence radio quand nous lui avons demandé, via sa chargée de communication, comment il comptait reloger les SDF demandeurs d’asile de Cavani. Affaire à suivre donc !

Nora Godeau

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