Choléra : le personnel soignant en ordre de marche à Koungou

Après un pic vendredi dernier, le nombre d’infection semble s’être stabilisé, mais tout reste fragile. Koungou est toujours « l’épicentre » de la maladie, où centres de dépistage et de vaccination sont à pied d’œuvre.

L’école de Koungou Mairie accueille un public d’un nouveau genre depuis le début des vacances scolaires. Après la détection d’un possible foyer de choléra dans la commune d’où sont issus les premiers cas autochtones, un centre de dépistage a été monté par l’ARS Mayotte avec du personnel détaché du Centre hospitalier, nous indique Jean-Matthieu Defour, directeur général du CHM.

Une réactivité des autorités de santé à saluer, il faut dire que vendredi le caractère d’urgence prévalait, « nous avons enregistré dix cas d’un coup, alors qu’un à deux cas se signalaient auparavant. Mais cette flambée est retombée », nous précise-t-il.

En témoigne le peu d’affluence au centre de dépistage de l’école Koungou mairie, sept personnes se sont présentées dans la matinée de ce vendredi, dont deux enfants porteurs de symptômes et détectés positifs, pris en charge par une procédure bien rodée. « Nous faisons remplir un fichier aux personnes qui arrivent et qui peuvent signaler des diarrhées, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, ou autres. Puis nous pratiquons un test rapide d’orientation diagnostique, un TROD, qui livre sa réponse un quart d’heure plus tard ». Les autorités de santé avaient là encore anticipé le contexte à partir des premiers cas de choléra aux Comores, « plusieurs milliers de TROD sont déjà sur le territoire de Mayotte », avait indiqué Olivier Brahic, directeur de l’ARS Mayotte, le 20 mars.

La situation reste fragile puisqu’aux Comores c’est une aggravation de l’épidémie que constatent les autorités de santé de l’archipel avec de nombreux décès. Nous y reviendrons.

34 lits pour accueillir les malades

Des fiches à remplir par le malade pour cerner exactement les symptômes

En attendant les résultats, les patients sont dirigés vers une salle adjacente, « si un cas s’avère positif, nous appelons le 15 et ils viennent aussitôt le chercher ». Les malades identifiés porteurs de la bactérie sortent par une porte différente. Bien que la transmission ne se fasse pas directement d’homme à homme, puisqu’il faut ingérer de l’eau ou de la nourriture contaminée, toutes les précautions sont prises. Et la communication en fait partie puisque les agents du CHM présents ont attendus d’avoir l’aval du directeur général du CHM avant de nous décrire le process.

Une fois identifiée, la famille va recevoir la visite de l’ARS en « porte à porte », notamment grâce à l’envoi de renforts supplémentaires.

Parallèlement à ce dépistage, une unité mobile de vaccination orale se déplace de quartier en quartier, ils étaient ce mardi dans le quartier Jamaïque. L’ARS a demandé à son personnel de ne pas communiquer, mais soulignons l’effet positif de cette opération puisque ce LUNDI SOIR, 2.600 personnes ont été vaccinées, « toute personne volontaire peut en bénéficier », nous assure-t-on, ce qui doit avoir pour effet de limiter l’expansion de la maladie. Pour cela, l’ARS a aussi menée des analyses sur les cours d’eau à proximité pour étudier la présence ou non de la bactérie. Les résultats ne sont pas encore communiqués.

Une deuxième unité choléra a ouvert au Centre Médical de Référence (CMR) de Dzoumogné, et accueille déjà des patients, nous rapporte Jean-Matthieu Defour : « Nous avons actuellement 34 lits dédiés, 14 à Mamoudzou et 20 à Dzoumogné. Si vendredi dernier la montée en charge fut rapide, ça s’est calmé, nous avons en moyenne entre 10 et 15 patients accueillis. Actuellement, une dizaine au CHM de Mamoudzou et 3 à Dzoumogné ». Les malades quittent les centres de soins dès qu’ils sont asymptomatiques.

Rappelons les consignes préventives données par l’ARS : lavages de mains réguliers et absorption d’eau potable sont indispensables. « Les fortes concentrations de population, associées à une hygiène du milieu défectueuse, favorisent l’apparition et le développement des épidémies de choléra », rappelle Santé Publique France.

Anne Perzo-Lafond

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