Entre le Conseil départemental et EDM, le photovoltaïque génère de l’électricité dans l’air

Les élus ont rejeté l’accord de principe portant sur la création d’une filiale d’Electricité de Mayotte lors de l’assemblée plénière de jeudi dernier. Cette structure aurait eu la charge de la construction, du développement et de l’exploitation des panneaux photovoltaïques.

« Nous ne décidons de rien au quotidien ». Si le Conseil départemental est actionnaire majoritaire d’Electricité de Mayotte, la phrase de son président Ben Issa Ousseni, prononcée jeudi lors de l’Assemblée plénière, porte en elle les nuées de la frustration. Pourtant, cette séance plénière a été la parfaite illustration que le pouvoir est bel et bien entre les mains de l’institution. En témoigne le rejet de l’accord de principe portant sur la création d’une filiale d’Electricité De Mayotte, EDM Énergies Renouvelables, chargée de la construction du développement et de l’exploitation des panneaux photovoltaïques.

Claude Hartmann, directeur général d’EDM

Répondre aux futures exigences de la loi

Si l’avenir qui se dessine à Mayotte tend de plus en plus à donner la part belle aux énergies renouvelables, la proportion de ces dernières dans le mix énergétique connaissant une croissance continue, le rejet de la création de cette filiale risque-t-il de perturber le développement de cette filière ? L’enjeu est de taille compte tenu du statut de Mayotte de zone non interconnectée. Le développement du photovoltaïque constitue un atout afin de diversifier les sources d’approvisionnement en électricité, tout en assurant l’augmentation de sa production afin de répondre à la demande, chaque année plus conséquente.

Selon le directeur général d’EDM, Claude Hartmann, le rejet de l’accord de principe n’est « pas grave ». « Je pense que c’est reculer pour mieux sauter », s’est-il exprimé par téléphone. La création de la filiale constituait un moyen d’anticiper ce qu’un jour le législateur « nous imposera » c’est-à-dire de « séparer le compte de la partie thermique, avec les centrales au diesel et au bioliquide, de celui de la partie solaire », détaille-t-il. Néanmoins, la présente situation, poursuit le directeur général « ne nous empêche pas d’avancer ».

L’assemblée plénière réunie jeudi 15 décembre

Améliorer la rentabilité du photovoltaïque

Pour s’en rendre compte, pour l’heure sur le marché du photovoltaïque, EDM représente 25 % du marché. Si tous les panneaux solaires ne sont pas encore construits, les accords pour exploiter les surfaces recevant les futures installations sont pour leurs parts signés. « L’idée, c’est quand vous avez une surface comme une mairie, une école, etc. les propriétaires la proposent aux différents compétiteurs. Et c’est celui qui paye le meilleur loyer avec un business plan correct qui remporte la partie », explique Claude Hartmann. Néanmoins, les statuts actuels d’EDM rendent l’entreprise plus difficilement adaptable au regard du contexte de la concurrence ce qui conduit l’activité photovoltaïque à être « un peu moins rentable ». La création de la filière visait aussi à accroître la réactivité de l’entreprise. Mais la peur de la voir évoluer sous des statuts juridiques différents de ceux d’EDM, aurait pu susciter une certaine inquiétude de la part des élus craignant alors de perdre un peu plus la main.

Pierre Mouysset

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Loi pour la refondation : les amendements crispent les débats au Conseil départemental

L’Assemblée départementale était convoquée en urgence ce mercredi 18 juin afin de donner un avis sur les amendements déposés par la députée Estelle Youssouffa dans le projet de loi pour la refondation de Mayotte, à savoir la création d’un Conseil cadial indépendant et l’interdiction de mener des projets de coopération avec les pays ne reconnaissant pas l'appartenance de Mayotte à la France. Le vote sur le Conseil cadial a été levé au dernier moment, les débats, tendus, se sont surtout attardés sur la réforme électorale avec le choix contesté de la majorité.

« Mayotte Debout » : le rapport de la préfecture défend l’action de l’État après Chido et Dikeledi

Dans un dossier détaillé, la préfecture de Mayotte met en avant la réponse "immédiate, structurée et efficace" des services de l’État, six mois après les cyclones destructeurs.

Mayotte bientôt dans l’ère du très haut débit avec le déploiement de la fibre

Ce mercredi matin avait lieu la pose de la première pierre du premier Noeud de Raccordement Optique (NRO) de l’île. D’ici 5 ans, 100% des foyers, des entreprises et des institutions de Mayotte seront raccordés à la fibre. Dans la foulée de cet événement, la SIM et Mayotte THD ont signé une convention de partenariat portant sur le déploiement de la fibre optique au sein de son parc immobilier.

À Chirongui, un premier Conseil pour les Droits et Devoirs des Familles officiellement lancé à Mayotte

C’est une première à Mayotte. La commune de Chirongui a officiellement installé son Conseil pour les Droits et Devoirs des Familles (CDDF), un dispositif de terrain pour répondre aux difficultés éducatives et prévenir la délinquance des mineurs. L’installation s’est tenue en présence de plusieurs autorités locales et étatiques, dans le cadre d’une politique d’anticipation menée par la municipalité.