À l’occasion d’un concours de hip-hop académique organisé le 13 mars dernier, les danseurs de l’équipe de hip-hop du lycée Younoussa Bamana ont décroché le titre de champions académiques et se sont qualifiés pour participer aux championnats de France de danse hip-hop de l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS) qui auront lieu au Palais des Sports de Marseille du 14 au 17 mai 2024, où 13 académies, dont celle de Mayotte, seront représentées.
Cette équipe de hip-hop du lycée Younoussa Bamana se compose de 6 danseurs : 3 filles et 3 garçons, ayant entre 16 et 18 ans, et d’une 7ème membre désignée comme la juge officielle de l’équipe et certifiée au niveau académique, sans qui l’équipe n’aurait pu participer à ces championnats.
Un visa collectif et de l’argent, conditions sine qua non pour danser à Marseille
Depuis l’annonce de la qualification de l’équipe aux championnats de France, leur entraîneur, Alexandre Barrier, professeur d’éducation physique et sportive au lycée Younoussa Bamana, explique qu’une « course aux subventions » a démarré, pour permettre aux élèves de se déplacer jusqu’à Marseille et de concourir, puisque « quatre des danseurs qualifiés de l’équipe ne sont pas Français. » Le personnel du lycée, avec l’appui du rectorat, sont actuellement « en train de finaliser un visa collectif pour faciliter ce voyage vers Marseille aux danseurs n’ayant pas la nationalité française. »
Une cagnotte en ligne ouverte
En plus de cet impératif administratif, « trouver de l’argent pour financer le voyage des jeunes est nécessaire » explique Alexandre Barrier. L’enseignant a ainsi salué l’appui considérable du proviseur du lycée Bamana, Laurent Perdir-Prévost « qui s’est engagé pour nous aider à financer ce voyage en avançant éventuellement des billets d’avion, que la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) rembourserait éventuellement ultérieurement. » Pour rechercher des financements, une cagnotte a également été ouverte en ligne, où près de 1220,50 euros ont d’ores-et-déjà pu être récoltés.
Des entraînements soutenus jusqu’aux championnats de France
Ainsi, pendant que le personnel du lycée Younoussa Bamana, du rectorat et de la DRAJES se décarcassent la tête pour répondre à ces conditions administratives et financières afin de permettre aux élèves de concourir, les danseurs et leur encadrant s’astreignent à un rythme d’entrainements très soutenu : « On s’entraîne le plus possible en tenant compte des emplois du temps des élèves (…) On s’entraîne surtout le soir et notamment les lundis et mardis soirs de 17h à 18h30 (…) On a aussi fait plusieurs entraînements avec le collège de Majikavo et le collège de Kawéni 1 qui participeront également à ces championnats de France (…) Lundi 1er avril, comme c’est férié, on va s’entraîner toute la journée grâce au proviseur du lycée qui nous laisse la possibilité de nous entraîner dans des salles dédiées du lycée », a précisé Alexandre Barrier.
« À Mayotte, on a des danseurs géniaux mais c’est souvent le cadre administratif qui peut poser problème »
En 2023, des danseurs du collège de Kawéni 1, du collège de Majikavo et du lycée de la Cité du Nord avaient déjà été sélectionnés pour représenter Mayotte à ces championnats de France de danse hip-hop de l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS).
Pour Alexandre Barrier, il n’est pas rare que des jeunes danseurs de Mayotte atteignent un tel niveau pour se qualifier à des championnats de France de hip-hop. Néanmoins d’après l’enseignant, « à Mayotte, on a des danseurs géniaux mais c’est souvent le cadre administratif qui peut poser problème (…) On se heurte à des contraintes administratives stratosphériques des réalités de notre île, qui peuvent être frustrantes car on a ici de vrais talents. » D’après Alexandre Barrier, ces défis sportifs et la possibilité de participer à des championnats, permettent ainsi de « lutter contre un isolement de cette île ».
Cette année, la Présidence de l’UNSS a souhaité « prioriser les sports collectifs ». On peut cependant espérer qu’au regard des performances des danseurs de Mayotte, tout sera mis en oeuvre au niveau régional pour permettre à ces jeunes de déployer leurs talents en hip-hop à Marseille, qui bien qu’il s’agisse d’une discipline individuelle, ne fonctionnerait pas, sans collectif.
Mathilde Hangard