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samedi 27 avril 2024
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1er cas de Choléra : « en cas de symptômes, s’isoler et appeler le 15 »

Suite à la détection d'un premier cas de choléra sur le territoire, une conférence de presse s’est tenue mardi matin au CHM. Cependant, même si Mayotte vogue de crise en crise, le territoire gagne aussi en résilience grâce aux expériences difficiles passées, notamment la crise de l'eau. 

Lors d’une conférence de presse à trois voix, le Préfet de Mayotte, le Directeur général de l’ARS Mayotte et le Directeur général du CHM ont présenté le contexte sanitaire suite à la détection d’un cas de choléra sur le territoire, les mesures de gestion appliquées et les gestes préventifs à appliquer sans plus tarder par la population mahoraise.

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Pour François-Xavier Bieuville, Mayotte peut compter sur « un dispositif de réponse robuste » face à cette première alerte de choléra sur le territoire

« La difficulté d’une crise c’est son imprévisibilité. Or, dans ce contexte, on est dans une situation rassurante sur la capacité du territoire à absorber cette crise. Le dispositif, que nous vous présentons, a été préparé pendant un an, avec une procédure claire, des moyens de réponse et des cibles de prévention précises (…) Il s’agit d’un dispositif de réponse robuste (…) Mais nous restons vigilants et totalement transparents pour éviter la psychose et la diffusion de fausses informations (…) Pour cela, nous organiserons des rendez-vous réguliers avec la presse, toutes les semaines, à intervalles réguliers, et plus si nécessaire, en fonction de la cinétique du contexte sanitaire. » a déclaré François-Xavier Bieuville.

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Se laver correctement les mains avec du savon est un moyen de lutte efficacement contre les maladies hydriques (image d’archives)

Dans ce contexte, suite à la détection d’un premier cas de choléra sur l’île, les autorités sanitaires encouragent vivement l’ensemble de la population à se laver régulièrement les mains avec de l’eau et du savon, à défaut en utilisant du gel hydroalcoolique, et à boire de l’eau potable et non des eaux souillées au sol, dans les rivières ou les puits.

En cas de symptômes évocateurs du choléra, il est essentiel de s’isoler et d’appeler le 15 

Pour que la population puisse surveiller ses symptômes suite à ce premier cas déclaré sur le territoire, le Directeur général de l’ARS, Olivier Brahic a partagé une définition de cas simple : « Toute personne qui vient des Comores et qui a, soit des diarrhées, soit des vomissements, doit d’abord s’isoler et appeler le 15. » De même, dès lors qu’une personne aurait des diarrhées profuses, sévères ou simplement inexpliquées, sans notion de voyage aux Comores, doit immédiatement s’isoler et appeler le 15.

En effet, les diarrhées et les vomissements font partie des symptômes que peut provoquer le choléra. Cette maladie du péril fécal se transmet en cas de consommation d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie vibrio cholerae.

D’après les autorités sanitaires, la maladie est asymptomatique dans près de 80% des cas et bien que la personne ne déclare pas de symptômes, celle-ci est porteuse de la bactérie et va l’excréter dans ses selles. Ainsi, tant que la bactérie est présente dans les selles d’une personne malade, celle-ci peut contaminer d’autres personnes.

Un dispositif d’alerte, de détection, de réactivité et de prise en charge solide 

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D’après Olivier Brahic, les équipes de l’ARS suivent le même processus préventif que celui déployé lors de la détection de cas de typhoïde

Dès la survenue de ce premier cas de choléra lundi, Olivier Brahic a présenté le dispositif de réponse sanitaire qui a été appliqué, basé sur trois piliers : « Premièrement, la détection et l’alerte. Ensuite, une capacité de réactivité pour la prise en charge de la personne malade et des cas cas contacts, et pour désinfecter l’environnement. Troisièmement, une prise en charge sécurisée au sein du CHM. »

Dans le cas présent, ce dispositif a « bien marché » puisque dès lors que la femme arrivée dimanche par kwassa à Mayotte, a eu des symptômes, « elle a immédiatement appelé le 15 (…) Elle est restée très peu de temps à Passamaïnty et le SAMU a déployé un vecteur sécurisé pour extraire la patiente et l’hospitaliser au CHM. »

10 minutes pour un résultat par TROD, 8h pour une confirmation biologique 

« Plusieurs milliers de tests rapides d’orientation diagnostique, TROD, sont déjà sur le territoire de Mayotte » a déclaré Olivier Brahic. Le directeur de l’ARS a précisé que ce dépistage était « très efficace car on obtient le résultat en dix minutes » et qu’il avait permis de tester ce premier cas de choléra « rapidement » et que les examens biologiques complémentaires pouvaient être connus dans un délai de 8h. Si le contexte sanitaire évoluait, Olivier Brahic a annoncé la possibilité « d’élargir les TROD à la médecine de ville et dans les CMR, bien que nous ne sommes pas encore à ce stade. »

Des équipes du CHM formées, renforcées et vaccinées 

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« Toute personne présentant des diarrhées ou des vomissements doit s’isoler et appeler le 15 »

Le Directeur du CHM, Jean-Mathieu Defour a expliqué que la patiente avait pu être « isolée, testée et traitée dès hier soir » grâce à l’opérationnalité et la réactivité des soignants, notamment du SAMU et de la régulation, mais aussi de l’équipe opérationnelle d’hygiène, ayant formé massivement les agents à la prise en charge de ce risque épidémique. Dans ce contexte, des renforts ont été déployés pour renforcer les équipes du SAMU et de la régulation. Pour protéger le personnel, « les agents de première ligne » du CHM, de la lutte contre l’immigration clandestine et les pompiers, ont été vaccinés à titre préventif. A ce jour, « 100 agents du CHM ont été vaccinés et les vaccinations se poursuivent » a déclaré Jean-Mathieu Defour.

Aussi, dès que le diagnostic biologique a été confirmé, les équipes de l’ARS se sont rendues sur le terrain pour identifier le cercle familial de la patiente concernée et ses cas-contacts. « Les deux cas-contacts de la patiente ont été mis sous antibiotiques, car cela permet de tuer le germe et ainsi les selles ne sont plus contaminantes. Les équipes ont aussi désinfecté la zone selon les recommandations internationales » a précisé le Directeur de l’ARS.

La phase 1 d’un plan de gestion du risque épidémique activée au CHM 

Pour accueillir un éventuel afflux de victimes contaminées par la bactérie du choléra, les équipes du CHM ont travaillé sur « un plan de montée en charge en trois phases ». Actuellement, la phase 1 du plan est activée, où le CHM peut isoler et prendre en charge 6 patients, permis grâce à « l’armement de lits non utilisés aux urgences pour les isoler directement sans que les patients transitent par d’autres services du CHM » a commenté Jean-Mathieu Defour. La phase 2 du plan permettrait d’accueillir « jusqu’à 18 patients au niveau du service des urgences » et « en phase 3 du plan, jusqu’à 60 patients grâce à des lits non utilisés des CMR de Dzoumogné et de Mramadoudou. »

Le Directeur du CHM a mentionné que « si le contexte sanitaire évoluait vers des besoins supérieurs en soins, des hôpitaux de campagne pourraient être déployés » mais Jean-Mathieu Defour s’est montré pragmatique, « pour l’instant, on n’est pas à ce stade. » 

Concernant la gestion de l’eau, le Directeur de l’ARS a demandé à la SMAE de « maintenir le même niveau de chloration comme lors de la crise de l’eau« . Olivier Brahic a admis que « tout ce qu’on a fait et appris pendant la crise de l’eau, va nous servir pour cette ou ces alertes. »

Dès le mois de février, des messages préventifs sur le choléra avaient été déployés à l’aéroport de Mayotte

D’après l’ARS, des messages de prévention ont été affichés à l’aéroport et au port, pour que les voyageurs, notamment en provenance des Comores et du Kenya, soient vigilants sur l’apparition éventuelle de symptômes évocateurs du choléra : « Si on identifie un cas positif, on retrace tous les passagers pour identifier d’éventuels cas exposés. On enverra des sms à tous les passagers pour leur rappeler la conduite à tenir (…) Il y a trois mots d’ordre ici, l’information, la traçabilité et la rétro-information 48h après l’arrivée des personnes. »

Bien que cette conférence de presse ait montré une nette préparation des équipes préfectorales et sanitaires face à cette première alerte de choléra à Mayotte, on ne peut qu’espérer que le plan de montée en charge n’ait pas besoin d’être appliqué. Le lavage des mains, la consommation d’eau potable, l’isolement d’une personne malade et l’appel au 15 en cas de symptômes sont les quatre messages forts à retenir à ce stade, permettant de lutter contre cette maladie.

Mathilde Hangard

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