L’initiative était louable, ancrer la paix, aussi précaire soit-elle, entre les villages de Mirereni et Combani, par un futari et faire profiter le préfet de ce repas de rupture de jeûne, quoi de mieux comme moment « symbolique et convivial », comme l’exprime le maire sur la page Facebook de la commune. Plusieurs habitants des deux villages avaient d’ailleurs répondu présents.
Pour mémoire, la discorde entre les deux villages certains la font remonter à 2020, d’autres avant, d’autres encore à un sous-investissement sur Mirereni, qui aurait alimenté un ressenti entre les villages, quant à l’explication la plus communément reconnue, elle décrit un remake des sultans batailleurs, de la part de grands comoriens potentiellement majoritaires au sein de Combani, contre une dominante anjouanaise à Mirereni. L’ancien maire, feu-Mohamed Bacar, nous avait donné son sentiment et appelait à changer les comportements, des adultes instrumentalisant ces oppositions.
Union des « têtes » des deux villages
Le fait est que le calme était revenu, que devait prolonger ce « futari de la paix » en présence du préfet François-Xavier Bieuville. Ce dernier invitait d’ailleurs la population à « penser avec la tête plutôt qu’avec les poings », rapportent nos confrères de Mayotte la 1ère.
Mais des jeunes qui s’affrontaient non loin de là, ont importé les violences jusqu’au sein du repas, nécessitant d’abriter les invités dont le préfet, dans la MJC de Tsingoni.
Si le représentant de l’Etat salue l’initiative du maire, il déplorait l’action de ces individus, « traités par les forces de l’ordre », et annonce poursuivre « les opérations massives de sécurité sur toutes les communes et villages du département ».
A noter, la réaction de la ministre déléguée aux Outre-mer qui apporte son « soutien » au maire de Tsingoni, et remercie les forces de l’ordre pour leur action ainsi que le préfet de Mayotte. Nous avons été peu habitués aux réactions parisiennes lors de ces violences.
Autre réaction, celle du mouvement des Forces vives qui ont mené le mouvement de lutte contre l’immigration et l’insécurité. « Nous sommes profondément peinés et exprimons à toutes les victimes de cette énième expression de violence notre vive solidarité. Elle est l’illustration supplémentaire du climat d’anarchie qui ne cesse de prendre de l’ampleur sur notre belle île. » Rajoutant qu’à travers le préfet, « c’est aussi et surtout, la République, une fois de plus, qui est attaquée. » Leurs représentants en profitent pour appeler une nouvelle fois qu’ils sont disponibles « pour des discussions transparentes sur la formalisation d’un véritable plan de lutte contre l’insécurité, s’étalant sur le long terme, et se basant sur des objectifs clairement définis et vérifiables par tout un chacun. »
Un évènement regrettable en période de ramadan de la part de ceux que le maire nomme des « fauteurs de trouble », qui manifestement ne suivent pas les préceptes de cette période de prière. Ce qui ne doit pas remettre en cause l’épisode pacifié entre les deux villages de Tsingoni, au contraire, les protagonistes présents doivent se souder pour lutter contre ces combats de bandes et non les nourrir. S’il est grave qu’un représentant de l’Etat ait dû être mis à l’abri, cela lui aura permis de constater que ces perturbations violentes peuvent arriver n’importe quand, et la nuit de barrages sur la RN dans le village de Koungou ce samedi soir en est une autre illustration. Un long travail est encore à mener avec la population pour sa protection.
A.P-L.