Les faits se sont déroulés au mois d’août dernier. Alors qu’un homme en deux roues passait du côté de Vahibé, aux alentours de 5h40, il aperçoit deux individus sur la route armés de machettes et voulant l’empêcher de passer. Ils bloquaient la route et avaient le visage dissimulé. Voulant détrousser le « scooteriste », ils le font tomber, le fouille et lui vole l’argent qu’il avait sur lui, soit 200 euros. Ils décident d’emmener le scooter avec eux mais à la vue d’automobilistes qui arrivaient, ils ont laissé le scooter et ont commencé à leur jeter des pierres. « Ce n’est pas 200 euros qu’on a pris madame le juge mais 20 euros », fait valoir le prévenu, tout en indiquant qu’ils n’avaient pas caillassé, lui et son camarade, les automobilistes mais que c’était plutôt l’inverse, ce sont eux que les automobilistes auraient agressé à coups de jets de pierres. Argument peu convainquant aux yeux de l’auditoire…
Une agression au petit matin pour acheter des 8.5 !
Après quelques explications, le prévenu avoue que lui et son comparse étaient saouls et qu’ils comptaient détrousser l’homme en scooter pour continuer à boire en s’achetant des bières 8.5. « Ça valait le coup de faire ça pour des 8.5 ? Interroge la présidente du tribunal, Aline Charron. – C’est pas une bonne chose, j’ai pas fait ça par plaisir. J’avais bu, je ne peux pas expliquer, je n’étais pas moi-même ce jour-là », marmonne l’accusé. Ce dernier n’ayant exprimé le moindre remord à l’égard de la victime, par ailleurs absente, la présidente insiste : « Pourquoi c’est pas une bonne chose ? – Pour moi ! Ça fait 8 mois que je suis en prison. Ce que j’ai vu là-bas c’est très dur. Je n’arrive pas à trouver le sommeil, je fais des cauchemars. Là-bas j’ai envie de me suicider. Je sais que ce qu’on a fait c’est pas bien. – Et la victime ??? Vous y avez pensé ? Poursuit la présidente. Vous croyez que c’est comme ça qu’on va arriver à vivre tous ensemble ? Cela nuit à l’image de Mayotte. Tout le monde a peur à cause de ce genre de comportement ! », s’exclame-t-elle.
Le prévenu originaire d’Anjouan est arrivé à Mayotte en 2009, il a suivi une brève éducation aux Comores mais n’a pas été scolarisé depuis qu’il est à Mayotte. De surcroît, il buvait tous les jours depuis l’âge de 13 ans. A sa décharge, il a vu son père mourir devant sous ses yeux. « J’ai subi beaucoup de choses dans ma vie… mon père a été tué devant moi, c’est pour ça que je suis comme ça », se justifie-t-il.
La procureure, Françoise Toillon, dans son réquisitoire a indiqué que le prévenu aurait dû faire son introspection et réfléchir ainsi à son comportement. « Il n’a pas eu de regret envers la victime mais uniquement pour sa propre personne. Il n’a pas réfléchi à la portée de ses actes et à la peur bleue qu’a dû avoir la victime. De plus, le fait d’avoir consommé de l’alcool avant n’est pas une circonstance atténuante, mais plutôt aggravante… ». Face à la gravité des faits la procureure a requis 1 an de prison ferme.
Après avoir délibéré, le tribunal a condamné l’accusé à 12 mois de prison dont 8 mois avec sursis.
B.J.