En sortant de cette réunion avec les représentants syndicaux et patronaux Marie Guévenoux a déclaré que des réflexions allaient continuer d’être menées entre les différentes parties afin de définir un calendrier. « Il faut qu’il y ait un accord entre les entreprises et les syndicats au sujet de la convergence sociale. Au moment de la départementalisation il avait été convenu d’attendre une génération, soit 2036. Le Président de la République dans son programme avait annoncé 2031. Nous nous sommes pour l’instant fixés sur cette date, même si les syndicats voudraient que cela soit demain, ce n’est pas possible. Quant au Medef, il semble d’accord pour 2031. Il faut maintenant que des consultations sociales soient menées afin de fixer un calendrier », a indiqué la ministre.
Puis elle a tenu à lever le voile, avant de s’engouffrer dans sa voiture, sur les aides européennes dont les pêcheurs mahorais seraient exclus. « La Commission européenne a levé le financement du renouvellement des flottes de pêche pour les Outre-mer. Le Président de la République a négocié personnellement avec la Présidente de la Commission. Ainsi les bateaux pourront être financés, et l’aide minimis sera maintenue ». Selon la ministre, les bateaux de moins de 12 mètres peuvent toujours bénéficier d’une aide jusqu’à 30.000 euros, qui sera portée à 40.000 euros en fin d’année. « Les pêcheurs peuvent déposer leur dossier ! », a-t-elle dit.
La convergence sociale un vieux serpent de mer
Même si la présidente du Medef Mayotte, Carla Baltus, semble en accord avec la date de 2031 pour que les entreprises mahoraises « s’alignent » sur celles de l’Hexagone, cela va néanmoins demander beaucoup d’efforts. « On nous a clairement dit que l’État ne paiera pas la facture. Les entreprises mahoraises vont devoir faire des efforts financiers afin de procéder à un rattrapage des droits, mais également en ce qui concerne le Smic… ». Aussi selon la présidente du Medef cette réunion a été l’occasion d’une prise de conscience générale. « C’était un discours de vérité et de réalité. Il faut être raisonnable et ne pas vendre du rêve », a-t-elle insisté.
Cette réunion a aussi permis la mise en place d’une aide pour les entreprises mahoraises qui ont été impactées par la crise sociales et les blocages. « La ministre a signé devant nous le décret permettant d’aider nos entreprises à hauteur de 15% des charges, pour un maximum de 4.000 euros par entreprise. Ce n’est pas suffisant mais c’est déjà ça. Ce sont ainsi potentiellement 10.000 entreprises qui pourraient en bénéficier… »
Les organisations syndicales plaident pour 2025, 2026 au plus tard
Pour le secrétaire général de la CGT Mayotte, Haoussi Boinahedja, certes il y a eu de beaux échanges, mais « nous sommes ressortis inquiets. Nous attendons beaucoup de cette loi à la fois en ce qui concerne l’alignement des salaires avec la métropole mais aussi pour le rattrapage du Smic. Nous ne sommes pas d’accord ni avec la date de 2036, ni celle de 2031 ». Le patron de la CGT Mayotte considère en effet qu’il faut comparer notre territoire avec l’environnement politique et institutionnel qui nous entoure (La Réunion), et non avec la géographie de pays voisins de la Région.
« Pour vous donner un exemple, l’État investit 9.000 euros par an pour un élève de primaire en métropole alors que ce n’est seulement que 3.000 euros pour un élève de primaire à Mayotte, assure-t-il. Vous croyez que c’est normal ?! La loi doit corriger cette anomalie et cette discrimination, et doter aussi les collectivités de plus de moyens. C’est une question de justice ». Haoussi Boinahedja s’en prend aussi au Smic mahorais qui « doit être aligné sur celui de la métropole car actuellement c’est de la ségrégation ! S’insurge-t-il. La loi ne doit pas être différente pour certains, nous souhaitons que le projet de loi corrige ces injustices ».
Une chose sur laquelle toutes les parties sont en revanche tombées d’accord, c’est que les discussions et les négociations vont et doivent se poursuivre…
B.J.