Seulement 200 personnes étaient présentes ce matin place de la République pour répondre à l’appel à la grève générale lancée par l’interconfédération des syndicats de l’île. « Pour nous, le point d’orgue de la grève sera ce vendredi 13 octobre, car un mouvement au national est lancé », se console Jérémie Saiseau de la CGT Educ’action. Henri Nouri, co-secrétaire du syndicat de professeur FSU se dit quant à lui satisfait de ce chiffre « au vu des dernières mobilisations ».
Pourtant, les sujets de mécontentement ne manquent pas à Mayotte, tout corps professionnel confondu : crise de l’eau, insécurité, manque d’attractivité du territoire qui oblige le personnel présent à mettre les bouchées doubles, etc. Les membres du corps enseignants et hospitaliers étaient particulièrement mobilisés ce matin. « Nos ambulances sont régulièrement attaquées par les délinquants », scande une infirmière en colère, appuyée par Madjidi Mouayad, le secrétaire général de Sud Santé : « Cela fait 10 ans que nous demandons davantage de sécurité sur l’île, mais le gouvernement et les élus sont sourds et aveugles. Force est de constater que l’opération Wuambushu a échoué », affirme-t-il.
La crise de l’eau est également au premier rang des préoccupations des manifestants. « Certes le SMIAM a merdé depuis le début, mais l’Etat aurait dû regarder cela de plus près et ne pas laisser la situation se dégrader ainsi », affirme Arkadine Abdoul-Wassion du syndicat UDFO. « Le gouvernement renvoie la balle aux communes, mais c’était aussi à lui de surveiller car nous sommes un jeune département et nos structures locales sont encore en cours d’apprentissage », estime-t-il.
Une revalorisation de l’indexation pour améliorer l’attractivité du territoire
Pour les principaux responsables syndicaux, les conditions de travail particulièrement dégradées de Mayotte valent bien une revalorisation de l’indexation. « La clause de revoyure établie en 2017 n’a jamais été appliquée », explique Stéphane Massot, le secrétaire général adjoint du SNES. « 53% c’est le taux appliqué à La Réunion, or notre situation est bien plus compliquée qu’à La Réunion donc on devrait même obtenir jusqu’à 60% », lance quant à lui Arkadine Abdoul-Wassion. L’idée serait donc de compenser les conditions de travail lamentables par une revalorisation des salaires, d’autant plus que l’inflation n’a malheureusement pas épargné l’île, bien au contraire.
Les 200 manifestants se sont constitués en cortège dans le courant de la matinée et ont cheminé jusqu’à la préfecture où ils ont demandé à être reçus. C’est Gilles Cantal, le préfet de l’eau qui les a rencontrés. S’il n’a pas pu répondre dans l’immédiat à leur volonté d’être reçu par l’ensemble des chefs du service public dont le recteur, il a néanmoins reconnu que la volonté de l’interconfédération de rehausser l’indexation était « un vrai sujet à Mayotte » au vu des conditions de travail particulièrement difficiles. « En 2024, les professeurs titulaires qui sont restés 5 ans à Mayotte auront l’opportunité de choisir une autre académie avec des avantages. Nous ferons donc sans doute face à beaucoup de départs. Seront-ils remplacés ? Rien n’est moins sûr. D’où l’urgence de réhausser l’indexation sur le territoire afin de le rendre plus attractif », affirme Henri Nouri.
Nora Godeau