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mercredi 1 mai 2024
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Santé : La vaccination de la population contre certaines maladies infectieuses n’est pas à l’ordre du jour

Le contexte actuel de pénurie d’eau et de sécheresse que connait le 101e département français peut engendrer le développement et la propagation de maladies infectieuses telles que le Choléra, la fièvre typhoïde, l’Hépatite A et la Poliomyélite. Aussi, la Direction générale de la santé (DGS) a demandé au Haut conseil de la santé publique (HCSP) de mener une étude concernant la nécessité ou non d’une vaccination à Mayotte.

Pour mener à bien cette étude un groupe de travail composé d’experts a été sollicité ainsi que le chef du Département de la Sécurité et des Urgences Sanitaires de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte qui a été auditionné. Ils ont rendu leurs conclusions dans un rapport ainsi que leurs recommandations concernant la situation mahoraise.

Actuellement il y a un faible risque de résurgence du choléra

Des études estiment à 95.000 le nombre de décès chaque année à cause du choléra. Le continent africain serait le plus touché et concentrerait plus de 50 % des cas. Aussi, selon le dernier bulletin de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), du 1er juin 2023, sur la situation du choléra en Afrique et dans le monde, de nombreux cas sont toujours rapportés dans plusieurs pays ayant des connexions avec notre territoire tels que Madagascar, le Mozambique ou encore la Zambie.

Les auteurs du rapport indiquent que le dernier épisode de choléra survenu à Mayotte entre octobre 1998 et décembre 2000 était « l’extension d’une épidémie de choléra en provenance d’Afrique de l’Est. Le développement de l’épidémie dans ces îles a été favorisé par un assainissement médiocre, des systèmes de santé insuffisants, des difficultés socio-économiques et politiques ayant engendré une dégradation des conditions de vie des habitants. Mayotte était potentiellement exposée en raison de sa proximité géographique avec ces régions ». Depuis la dernière campagne de vaccination anticholérique de toute la population mahoraise en novembre 2000, aucun cas de choléra n’a été notifié à Mayotte, selon l’étude

Le Haut conseil de santé publique considère dans ses recommandations que « Le risque de réintroduction et d’épidémie de choléra à Mayotte, notamment du fait des mouvements de population entre les différentes îles de l’archipel des Comores, peut être considéré à ce jour comme faible, y compris dans le contexte actuel de sécheresse et de difficultés d’approvisionnement en eau potable. Il n’y a donc pas lieu d’envisager une campagne de vaccination en anticipation contre le choléra de l’ensemble de la population. Par ailleurs, la vaccination contre le choléra n’est pas recommandée pour les voyageurs ».

La fièvre typhoïde et l’hépatite A, des maladies endémiques à Mayotte

Entre 2016 et 2020, environ 40 cas de typhoïde ont été déclarés à Mayotte en moyenne chaque année. En 2022, le nombre de cas a augmenté de manière importante avec plus de 100 cas rapportés d’après les chiffres du rapport. Les cas recensés en 2022 se concentrent principalement dans certaines communes du nord de Mayotte, principalement dans des quartiers d’habitat précaire de Koungou et Dzaoudzi-Labattoir.

Ainsi le HCSP estime que « Ni la situation épidémiologique actuelle de la fièvre typhoïde à Mayotte ni la sécheresse et la crise d’approvisionnement en eau potable qui en découle ne justifient d’envisager une campagne de vaccination en anticipation de l’ensemble de la population de Mayotte contre la fièvre typhoïde ». Néanmoins, le HCSP suggère que « les autorités de santé du territoire pourraient proposer une vaccination anticipée ciblée aux habitants des zones d’habitat insalubre et recommande de poursuivre la stratégie de vaccination autour des cas telle qu’elle est mise en œuvre actuellement. En cas de recrudescence du nombre de cas, la stratégie de réponse vaccinale sera définie en temps réel, en fonction de la situation épidémiologique, par l’équipe de gestion de l’épidémie sous l’autorité du département de la sécurité et des urgences sanitaires de l’ARS Mayotte ».

En ce qui concerne l’hépatite A l’incidence annuelle est de 20 cas/100 000 habitants en moyenne. L’incidence est maximale chez les enfants âgés de moins de quinze ans. Des cas surviennent néanmoins chez les adultes, constatent les experts. D’après eux, il n’existe pas de recommandation vaccinale contre l’hépatite A spécifique à Mayotte, même dans le contexte actuel de la crise de l’eau, en dehors des recommandations aux voyageurs se rendant sur ce territoire. Le HSCP recommande simplement que « les autorités de santé du territoire se tiennent prêtes au cas où des événements épidémiques pourraient être observés ».

La poliomyélite reste à surveiller comme le lait sur le feu

Pour la poliomyélite, le HCSP souligne l’importance de renforcer la surveillance clinique des paralysies flasques aiguës (PFA) au sein de la population mahoraise « en sensibilisant à nouveau les médecins hospitaliers et les médecins généralistes, de déclarer ces cas et de réaliser des prélèvements virologiques adaptés (analyses de selles) afin de caractériser les virus à l’origine de ces paralysies. En raison de la circulation des poliovirus dans les pays voisins de Mayotte (Mozambique et Madagascar notamment) et de la couverture vaccinale contre la polio sous-optimale sur ce territoire, Mayotte fait partie de ces zones à risque. Or à ce jour, aucune surveillance des eaux usées n’est réalisée à Mayotte », explique les auteurs de l’étude. Cette surveillance pourrait être particulièrement utile dans la mesure où elle permettrait de typer correctement les virus détectés et de décider éventuellement de renforcer la couverture vaccinale si besoin.

Les conclusions du rapport sur la poliomyélite constatent qu’ « Au regard de l’insuffisance de couverture vaccinale chez les enfants âgés de 6 ans et plus, l’ARS Mayotte, en lien avec le Rectorat, a initié en 2023 une campagne vaccinale de rattrapage à Mayotte. Une première phase s’est déroulée du 23 janvier 2023 au 24 mars 2023. Elle s’est adressée à tous les élèves scolarisés dans les collèges (ensemble des classes de 6ème, 5ème, 4ème et 3ème) du département, soit 22 établissements. Parmi les 29.872 élèves recensés, 18.776 ont été sollicités. Les résultats ne sont pas encore communiqués. Une seconde phase était prévue dans les écoles primaires à partir de la rentrée de septembre. Elle a été repoussée à une date ultérieure en raison notamment de l’opération Wuambushu en cours à Mayotte. La situation générale actuelle est peu favorable à la mise en œuvre d’une vaccination de masse (pénurie d’eau, campagne de démantèlement de quartiers d’habitat précaire avec déplacement et relogement des populations expulsées) ».

Le HCSP ne recommande donc pas de campagne de vaccination en anticipation contre la poliomyélite, malgré cette période de sécheresse. En revanche, il encourage à surveiller la circulation des poliovirus dans les eaux usées mais aussi de renforcer la surveillance clinique des syndromes neurologiques, notamment des paralysies flasques aiguës.

Pour conclure, en dépit de la situation de crise d’approvisionnement en eau potable qui découle de la sécheresse, la situation épidémiologique actuelle de l’île pour le choléra, la fièvre typhoïde, l’hépatite A et la poliomyélite ne justifie pas une campagne de vaccination en anticipation de l’ensemble de la population de Mayotte vis-à-vis de ces quatre maladies infectieuses. Mais, « Le cas échéant, la stratégie de réponse vaccinale sera définie en temps réel, en fonction de la situation épidémiologique, par l’équipe de gestion de l’épidémie sous l’autorité du département de la sécurité et des urgences sanitaires de l’ARS de Mayotte. Pour ces quatre maladies, il est donc nécessaire de s’assurer que des stocks suffisants de vaccins sont prépositionnés sur le territoire », concluent les experts du rapport.

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