Profiter du débat qui commence à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites pour jouer notre carte et réévaluer les moitié de retraites mahoraises, c’est l’objectif de la prise de parole du député Mansour Kamardine ce mardi. S’adressant à la 1ère ministre, il a rappelé que les pensions sont en moyenne de 276 euros à Mayotte. En effet, peu de salariés ont une carrière pleine. Surtout, le régime obligatoire actuel n’a été mis en place à Mayotte que depuis 1987, alors qu’il existe depuis 1945 en France… Mayotte était pourtant française depuis un siècle.
Pour être clair, le plafond de la Sécurité sociale qui sert de base pour le calcul des retraites est à 2.136 euros en 2022 à Mayotte, soit 62% du niveau national. La pension maximale est donc actuellement de 1.068 euros, une somme que personne ne touche, les premiers à avoir cotisé en 1987 pourront y prétendre en… 2033.
C’est pourquoi, faute de parvenir à une reconstitution de carrière après être passé du conseil général au rectorat, les instituteurs recrutés à Mayotte ont obtenu, par le biais de leurs syndicats et de l’intervention du précédent recteur au ministère, une compensation lors de leur départ en retraite.
Lorsque Mansour Kamardine propose le rachat de trimestres pour les agriculteurs ultramarins, il faudrait étudier la généralisation du dispositif à tous les secteurs. Il propose à la première ministre, de porter la pension moyenne à Mayotte, de 276 euros à 400 euros.

Le département le moins vieux de France
Le député en profite pour souligner que l’Allocation de solidarité des personnes âgées est plafonnée à 50% de celle de droit commun. Contrairement d’ailleurs à ce qui est mentionné sur le site de la préfecture qui annonce par erreur les montants nationaux.
L’ensemble des cotisations sociales est dans le même bain des 50%, mais il est vrai que la discrimination envers les personnes âgées ne peut relever de la contre-attaque habituelle des gouvernements successifs qui évoquent un risque d’appel d’air de l’immigration depuis les Comores. De plus, l’alignement de l’ASPA ne saurait grever le budget de l’Etat, Mayotte étant le département le moins vieux de France… Et, comme le dit Mansour Kamardine, les ultramarins meurent plus jeunes. Il demande de supprimer cette disparité d’une décote de 50% sur l’allocation vieillesse, pour l’aligner au national. C’est d’autant plus facile que, contrairement aux retraites, l’allocation ne fait pas l’objet d’une contribution des salariés.
C’est Olivier Dussopt, le très demandé ministre du Travail, des Solidarités et de l’Insertion, qui répondait au député. En ce qui concerne les salariés agricoles, il appelle à un travail en commun des partenaires sociaux qui gère l’Agirc-Arrco afin de la décliner outre-mer.
Olivier Dussop appelle à une accélération de la convergence

Revenant à Mayotte, on apprenait que la très débattue réforme des retraites ne s’applique pas, la situation y étant « très caractéristique ». Avec notamment « l’absence de régime complémentaire obligatoire », « une durée de cotisation constatée qui est particulièrement basse » et, « 2500 bénéficiaires du système de retraite pour un montant de retraite 287 euros ce qui est extrêmement bas ». Une première solution a été trouvée, indique le ministre, en « validant d’office des trimestres entre 1987 et 2002 », on croit comprendre que des preuves de cotisation n’ont pas été exigées. Rappelons que les archives ont été brûlées en 1993 à Mamoudzou lors d’un mouvement social.
La réponse du ministre est encourageante, puisque, s’il évoque la convergence annoncée entre des cotisations et le nombre de trimestres requis, « jusqu’en 2026 pour une partie, jusqu’en 2036 » pour l’autre, il appelle à une « accélération de la convergence à l’occasion d’une revalorisation mais aussi d’une amélioration des conditions de gestion des retraites sur Mayotte ». La population n’aurait pas dit mieux.
Une perche saisie par Mansour Kamardine, qui demandait d’y travailler « pendant ce débat (…) car beaucoup de promesses n’ont pas été tenues depuis au moins quinze ans ».
Anne Perzo-Lafond