Comores : le choléra fait 82 décès dans un contexte de fortes inondations

Le bilan actualisé par l’unité de surveillance de l’épidémie inquiète les autorités sanitaires et politiques. La journée du mardi 30 avril a été marquée par la mort de dix personnes sur l’île d’Anjouan, soit le plus lourd bilan enregistré depuis le 4 février, date à laquelle le choléra a été déclaré officiellement aux Comores. Le pays doit aussi faire face à une tempête tropicale dans les prochains jours.

Le choléra est en train de faire des victimes aux Comores. Le dernier bulletin épidémiologique fait état de 82 décès sur l’ensemble de l’archipel. L’on apprend «247 nouveaux cas de choléra, 380 nouveaux guéris, 04 nouveaux décès » dans la seule journée du mercredi 1er mai après le terrible bilan des dix morts enregistrés le mardi 30 avril sur l’île d’Anjouan qui comptabilise le nombre le plus élevé de victimes, soit 63 au total, sur 82 morts. On compte une quinzaine de victimes à la Grande-Comore et 4 à Mohéli.

3950 cas enregistrés depuis le 4 février

« Depuis le début de la lutte contre l’épidémie de choléra, le pays a enregistré le plus grand pic de la maladie à la semaine S15 de l’année 2024 avec 409 cas de la maladie et 15 décès communautaires. Ce pic pourrait être lié à la mobilité de la population, sans respect des mesures de lutte à la fin du mois de ramadan et le jour de la fête de l’Aïd, surtout au niveau de l’île de Ndzuwani», (Anjouan), explique une note détaillée du ministère de la Santé.

Des dégâts énormes à cause des dernières inondations

Les autorités comoriennes ont mobilisé des équipes de lutte contre la maladie qui semblent limiter les dégâts puisqu’un nombre important de cas a été soigné, soit 3620 personnes guéries sur un total de  3950 cas enregistrés dans les différents districts sanitaires depuis le 4 février, date à laquelle le choléra a été déclarée officiellement aux Comores. Il y a quelques jours, les autorités avaient laissé entendre des mesures de restrictions renforcées « si d’ici le 10 mai si la situation ne se stabilise pas ».

L’unité en charge de la surveillance anti-choléra note « des efforts déployés » pour circonscrire l’épidémie mais note « un manque d’électrolytes et de solutés dans les CTC, insuffisance des ressources humaines pour la prise en charge des cas, les investigations des cas confirmés et le suivi des contacts des cas confirmés surtout à Anjouan, insuffisance des moyens de déplacement pour la supervision des activités » mais aussi « le manque d’un appareil d’ionogramme au laboratoire de Samba», le centre sanitaire qui accueille les patients du choléra à la Grande-Comore.

La solidarité en faveur des sinistrés des inondations

Elle fait part aussi du « déni de la population accompagnée par des consultations tardives, insuffisance de pulvérisateurs pour la PCI dans les îles, insuffisance des DLM pour les lieux publics, un Retard de remplissage sur Kobo de la BDD sur la notification des cas à Mohéli et Anjouan et un manque de local au port pour les agents de la surveillance aux points d’entrée à Ngazidja », Grande Comore. Des équipes de la Sécurité civile et du Croissant-Rouge se sont mobilisés pour prêter mains fortes aux agents de santé. Le journal Al-watwan parle de « conditions météorologiques actuelles qui n’arrangent pas la situation»  en reprenant les propos du docteur Ibrahim Salim qui estime, dans le journal, que « les intempéries contribuent à la propagation de la bactérie du choléra, et l’hôpital est débordé».

Le président Azali dans une zone sinistrée

La situation se complique car l’archipel a aussi fait face à de fortes inondations alors que l’on annonce une tempête tropicale «dans les prochains jours», selon un communiqué de la Direction générale de la Sécurité civile, se fondant sur des informations des services de la météorologie. Des équipes sont en alerte pour venir en aide aux sinistrés des probables inondations. «Cette tempête tropicale pourrait spécifiquement affecter le Nord de Ngazidja et les côtes du Nord-Est de Ndzuani, ce qui entrainerait des fortes pluies et des vents de l’ordre de 45Km/h. Conformément au plan d’urgence du pays, cette situation n’engendre pas un état d’alerte », indique ce communiqué publié hier mercredi 1er mai.

L’heure est la grande vigilance pour le choléra et à la solidarité envers les sinistrés des inondations. Le président Azali Assoumani, de retour d’un voyage au Kenya, s’est immédiatement rendu sur les zones sinistrées, accompagné de son épouse, Ambari Darouech et de nombreux ministres. Les représentants du FMI et de la Banque mondiale, aux côtés du ministre des Finances, Mze Abdou Mohamed Chanfiou ont également rendu visite aux sinistrés dans une localité fortement impactée. La société malgache TELMA ainsi que des volontaires leur apportent de l’aide.

ASKemba, Moroni

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