28.8 C
Mamoudzou
jeudi 2 mai 2024
AccueiljusticeL'ancienne maire de Chirongui condamnée pour diffamation

L’ancienne maire de Chirongui condamnée pour diffamation

Dans un discours de campagne en juin dernier, Roukia Lahadji avait accusé le chef de la police municipale de Chirongui de violences ayant pour but d'intimider les électeurs. Ces propos ont été reconnus diffamatoires, mais la justice l'a blanchie du caractère racial de ces accusations, conduisant à une peine tout à fait symbolique à l'issue d'un procès teinté de politique.

On se souvient de l’élection départementale tendue à Chirongui, où des électeurs avaient saisi la justice, se plaignant d’être empêchés de voter. La tension était alors à son comble à la mairie où des électeurs se massaient pour obtenir le droit de déposer leur bulletin dans l’urne. Des violences auraient alors eu lieu, et la sœur de la candidate  Mariame Saïd Kalame, a été interpellée par le chef de la police municipale. Deux versions s’affrontent dans ce volet de l’affaire qui doit être jugé le 25 janvier : d’un côté la dame accuse le policier de l’avoir giflée, faits pour lesquels il n’y a pas de plainte à ce jour [EDIT une plainte a bien été déposée indique Me Tessoka] . De l’autre, le fonctionnaire accuse cette dernière de violences sur personnes dépositaire de l’autorité publique : c’est ce qui doit être jugé en janvier.

C’est dans ce contexte tendu que l’ancienne maire de Chirongui, désormais conseillère municipale d’opposition, a tenu un meeting de campagne le lendemain de cette interpellation mouvementée. Dans son discours en shimaore, elle prenait le parti de la sœur de son alliée politique, relayant sa version sans trop de prudence dans les propos. « Ce n’est pas à Cédric qui vient de métropole de venir battre la population juste parce qu’on lui a dit qu’il est policier municipal » aurait-elle prononcé, selon une traduction validée par huissier, et qui faisait foi au tribunal. Elle y décrivait également le policier comme « mzungu » affirmant être « chez moi » par opposition au « blanc ne dira pas qu’il a une maison ici ». Ce qu’il a interprété comme une approche raciste des accusations de violences. Une traduction sujette à débat. « C’était juste pour dire à la population d’aller voter massivement et de ne pas se laisser intimider par ces personnes-là et de ne pas avoir peur » tempère Roukia Lahadji à la barre, estimant que le fonctionnaire qu’elle avait recruté trois ans plus tôt s’est bien immiscé dans l’élection. « C’est ce qui se passait, moi même j’ai du mal à comprendre, j’ai été maire pendant 12 ans et je n’ai jamais vu cela » maintient-elle.

« Je ne suis pas raciste »

L’ancienne maire de Chirongui, coupable de diffamation, mais pas de racisme selon les juges

Cédric Maleysson lui, balaye toute accusation en bloc. « La politique c’est une chose, en tant que fonctionnaire je suis à part. On m’a demandé d’organiser les meetings, je l’ai fait dans la plus grande équité » assure-t-il. Pour lui, ce discours, filmé et relayé sur Internet, lui a porté préjudice. « Le lendemain dans la rue des gens m’ont dit ‘toi le blanc tu es là pour nous taper ? Rentre chez toi’ et ça a duré plusieurs mois. Moi qui suis venu à Mayotte pour faire avancer le département, je me suis senti blessé, on est tous ici chez nous sur le territoire français. Je me suis senti attaqué sur ma fonction et sur ma propre personne » déplore le policier, soutenu au tribunal par ses collègues. Il réclamait 15 000€ d’indemnisation, tout en assurant n’être « pas là pour l’argent » et promettant s’il était indemnisé, de remettre les sommes perçues « à une association, comme le CCAS, ou même Nayma » [l’association présidée par Roukia Lahadji et qui œuvre à l’insertion par l’emploi NDLR].

Pour Me Tessoka, avocat de Roukia Lahadj, le tribunal était surtout « instrumentalisé à des fins politiques », le policier ayant selon lui appelé à voter Mansour Kamardine, par ailleurs son avocat au début de la procédure. Sa cliente s’est elle aussi dite blessée par cette procédure. « Je ne suis pas raciste, c’est à l’opposé de mes valeurs,  la xénophobie, c’est ce qui est en train de nous tuer à Mayotte » a-t-elle conclu en fin d’audience.

Du racisme, le tribunal n’en a finalement pas vu dans ses propos, et l’a blanchie sur ce point. Mais en parlant de violences que la justice n’a pas établies, elle s’est rendue coupable de diffamation ont estimé les juges. « le tribunal a estimé que les propos, d’avoir déclaré qu’il avait battu, comme ça n’a pas encore été jugé, vous ne pouviez pas le prononcer et ça portait atteinte à son honneur. » a expliqué le président, prononçant une peine symbolique de 100€ d’amende avec sursis, 50€ de dommages et intérêts et 500€ de frais d’avocat à rembourser au plaignant.

Un appel reste possible sous 10 jours, mais chacun semblait, à l’extérieur du tribunal, trouver une forme de juste milieu dans cette décision.

Y.D.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Marie Guévenoux, Mayotte, projet de loi, Place-nette, Emmanuel Macron

Projets de loi Mayotte : le président de la République reprend la main

0
Nouveau rebondissement dans l’agenda des projets de loi : les élus de Mayotte sont attendus le 17 mai par Emmanuel Macron à l’Elysée pour recevoir les textes de ses mains. Une manière de sécuriser la démarche et qu’ils ne connaissent pas le même sort que le premier
Comores, choléra, Anjouan

Comores : le choléra fait 82 décès dans un contexte de fortes inondations

0
Le bilan actualisé par l’unité de surveillance de l’épidémie inquiète les autorités sanitaires et politiques. La journée du mardi 30 avril a été marquée par la mort de dix personnes sur l’île d’Anjouan, soit le plus lourd bilan enregistré depuis le 4 février, date à laquelle le choléra a été déclaré officiellement aux Comores. Le pays doit aussi faire face à une tempête tropicale dans les prochains jours
Tempête, Mayotte, Hidaya, Comores

Mayotte en vigilance Jaune Fortes pluies sous l’effet de la tempête tropicale Hidaya

0
Une dépression s'est formée sur le Nord du Canal du Mozambique et devrait épargner Mayotte si l'on en croit sa trajectoire Ouest-Sud Ouest. Des averses passagères ne sont pas à exclure. La tempête tropicale modérée...
CRIJ, Boussole des jeunes, Mayotte

Le CRIJ déploie « une boussole » pour orienter les jeunes

0
Le Centre Régional d’Information Jeunesse de Mayotte déploie le volet formation de l’application nationale « la Boussole des jeunes ». Les jeunes peuvent entrer directement en contact avec des professionnels de la formation, sur un panel d'offres élargies, notamment dans la région

Justice : Tel a été pris qui croyait prendre…

0
Un ancien dabiste de la société de sécurité et de transport de fonds Brink’s aurait détourné pour son propre compte plus de 132.000 euros en un peu plus de deux ans avant de se faire prendre la main dans le sac. L'entreprise Brink's Réunion a décidé de porter plainte pour abus de confiance.

Recent Comments