Dans le cadre de l’interception des entrées maritimes en provenance majoritairement de l’île des Comores la plus proche, Mansour Kamardine avait interpellé le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer « sur le renouvellement du parc radar à Mayotte ». Cela fait en effet des années qu’il est pointé comme vétuste par les agents de la PAF (Police aux Frontières), et, comme le souligne Gérald Darmanin dans sa réponse, « leur utilisation a révélé des zones non couvertes », et nous pouvons rajouter, depuis des années, pour une remise à niveau déjà annoncée en 2017. Ce que ne manque pas de glisser le député mahorais que nous avons contacté: » Depuis le temps qu’on nous en parle, ce serait bien de concrétiser les promesses qui ont été faites ».
Tout en annonçant donc un « repositionnement » géographique, le ministre qui est venu plusieurs fois à Mayotte annonce « des matériels plus performants », et, au conditionnel, « un radar qui serait placé sur l’île d’Anjouan, aux Comores ». Si cela se concrétisait, on imagine que la justification n’en serait pas la surveillance du flux migratoire, mais bien d’anticiper des naufrages dramatiques sur ces 80km de bras de mer et de lutter contre les trafics humains.
Dans un courrier du 25 janvier 2024, Gérald Darmanin explique que l’ex-première ministre Elisabeth Borne en a confié le pilotage au Secrétariat général de la mer (SGMER) et à la Direction Générale de l’Armement (DGA) : « Les travaux ont été lancés avec une première étude réalisée par l’entreprise Airbus qui est en cours d’expertise par les services de la DGA. » Ils ont vocation à être complétés par les recherches conduites par la préfecture de Mayotte, explique toujours le ministre, avec l’appui de la mission, ‘Frontières intelligentes’, « visant en parallèle à développer d’autres moyens technologiques de surveillance des approches maritimes de l’archipel (caméras, drones). »
Comme nous le rappellerons autant que nécessaire, c’est avec cette phrase en forme de bravade, « Et pourquoi pas des drones ?! », qu’Hervé Morin, alors ministre de la Défense, avait lancé l’idée depuis Mayotte en 2009… qui n’a toujours pas eu de concrétisation. Pourtant, pour l’appuyer le projet, le préfet Hubert Derache avait lancé à ses côtés, « il faut casser cette immigration clandestine qui anéantit le développement économique de Mayotte ». C’était il y a 15 ans…
A.P-L.