28.8 C
Mamoudzou
jeudi 2 mai 2024
AccueiljusticeDes étrangers sans titre travaillaient chez une élue départementale

Des étrangers sans titre travaillaient chez une élue départementale

Mariame Saïd n'est rien de moins que la 5e vice-présidente du conseil départemental de Mayotte. C'est pourtant presque incognito qu'elle s'est présentée au tribunal judiciaire pour y répondre de faits de travail dissimulé et d'aide à l'entrée et au séjour d'étrangers en situation irrégulière. Incognito au point de nier devant la juge son travail au Département.

« Vous travaillez au Conseil départemental ? » interroge la présidente du tribunal correctionnel. « Non, je suis enseignante » balaye Mariame Saïd. Mais si l’élue est bien professeur, elle est aussi et surtout la 5e vice-présidente du conseil départemental, en charge de l’éducation et de la formation professionnelle. Un poste clé à Mayotte.

On imagine dès lors son souhait de rester discrète face à des accusations graves. Mais ni le foulard dans lequel elle se drapait, ni les lunettes de soleil qu’elle conservait dans la sombre salle d’audience du tribunal correctionnel, n’ont suffi à empêcher les journalistes présents de la reconnaître. « On ne vous échappe pas facilement à vous » ironisait-elle en sortant du tribunal.

Précisons tout de suite qu’elle ressortait alors libre, sans condamnation aucune, et sans avoir eu à s’expliquer sur la présence, le 23 septembre dernier, de 3 ouvriers en situation irrégulière dans sa maison de Mamoudzou. Tout simplement parce que l’infraction constatée ce jour-là par des policiers de la PAF l’a été… en toute illégalité.

Les fonctionnaires étaient en effet mandatés par le procureur pour mener des contrôles dans des lieux à usage professionnel, et n’avaient aucun droit dans ce cadre de pénétrer comme ils l’ont fait dans une habitation. Et c’est la troisième fois en moins de deux mois qu’un cas similaire arrive au tribunal. Sans surprise, l’avocat de l’élue, Me Abdel-Lattuf Ibrahim, a demandé la nullité de la procédure en raison de l’illégalité du contrôle. « Les policiers n’avaient pas le droit de rentrer chez elle ».

Des questions qui resteront sans réponse

Un contrôle tellement irrégulier que contrairement aux deux procès similaires précédents, le parquet n’a même pas essayé de défendre l’action des policiers, ou de demander une peine. Le procès a donc été expédié en quelques minutes chrono pour aboutir à une relaxe.

Ce qui est dommage, c’est que la mort prématurée de cette procédure judiciaire n’a du coup pas permis d’expliquer ce que faisaient les 3 étrangers en situation irrégulière ce jour-là chez Mariame Saïd. Celle-ci avait selon son avocat mandaté l’entreprise de BTP de son ex-mari, également poursuivi (et également relaxé) dans cette histoire, pour « de la soudure ». Absente lors des faits, elle ignorait selon Me Ibrahim la présence des ouvriers chez elle.

Me Ibrahim a obtenu la relaxe de Mariame Saïd en quelques minutes à peine

Et comme les deux mis-en-cause ont soigneusement gardé le silence sur le conseil de leur avocat, « on ne sait même pas », dit ce dernier, ce qui a conduit des ouvriers en situation irrégulière sur ce chantier. Des ouvriers selon l’avocat « incapables de donner le nom de leur réel employeur ». « On ne sait pas si c’est elle, son mari ou son ex mari, à aucun moment on n’a creusé la question. Elle, elle avait fait appel à une société qui est celle de son ex-mari. On ne sait pas qui a embauché ces personnes, ce qui est sur c’est que ce n’est pas Mariame Saïd ».

Faute de pouvoir s’en expliquer devant la justice, nous avons proposé à l’élue de s’en expliquer dans nos colonnes, mais elle s’est refusé à tout autre commentaire qu’un « ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas au Conseil départemental. Pas professionnellement. On arrête là ».

Y.D.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
CRIJ, Boussole des jeunes, Mayotte

Le CRIJ déploie « une boussole » pour orienter les jeunes

0
Le Centre Régional d’Information Jeunesse de Mayotte déploie le volet formation de l’application nationale « la Boussole des jeunes ». Les jeunes peuvent entrer directement en contact avec des professionnels de la formation, sur un panel d'offres élargies, notamment dans la région

Justice : Tel a été pris qui croyait prendre…

0
Un ancien dabiste de la société de sécurité et de transport de fonds Brink’s aurait détourné pour son propre compte plus de 132.000 euros en un peu plus de deux ans avant de se faire prendre la main dans le sac. L'entreprise Brink's Réunion a décidé de porter plainte pour abus de confiance.
Choléra, TROD, ARS, CHM, Mayotte

Choléra : le personnel soignant en ordre de marche à Koungou

0
Après un pic vendredi dernier, le nombre d’infection semble s’être stabilisé, mais tout reste fragile. Koungou est toujours « l’épicentre » de la maladie, où centres de dépistage et de vaccination sont à pied d’œuvre
FTTH, fibre optique, Zeop, Reunicable, Mayotte

Très Haut débit : le conseil départemental n’a plus qu’à dérouler le fil… de...

0
Lors du dernier Projet de Loi de Finances, la somme de 50 millions d'euros a été inscrite pour enfin installer le très haut débit à Mayotte. Ce lundi, les deux sénateurs mahorais sont montés au créneau pour s'assurer de son effectivité. 
Philippe Gosselin, Mansour Kamardine, Marc Le Fur, Aurélien Pradié, Mayotte, Marie Guévenoux

Des députés LR demandent que les Mahorais soient traités « comme des Français à part...

0
Comme un mémo, à la veille de la visite de la ministre déléguée aux Outre-mer axée sur la loi Mayotte, des députés LR de la mission outre-mer rappellent les injustices sociales qui se perpétuent depuis des années contrairement aux impôts qui sont payés à 100%

Recent Comments