« Teddy et Oya cherchent leur famille pour la vie ! Ces deux loulous de quatre mois, ont été sauvés de la rue à Mayotte. Ils sont tous les deux joueurs. Ils apprennent vite et ont hâte de vous combler d’amour. » Pratiquement tous les jours, l’association l’Arche d’Hélios publie une nouvelle demande d’adoption en urgence pour un chien ou un chat sauvé de l’abandon ou de la maltraitance sur son site Facebook. Un rythme effréné qui correspond au nombre important de sauvetages réalisés par l’association à Mayotte où beaucoup d’animaux, principalement des chiens, sont abandonnés, maltraités, dressés à l’attaque et non stérilisés.
Chido : un coup dur pour l’association
« Cette année 18 chiens et 31 chats ont déjà été adoptés. J’aurai pu faire plus, et surtout j’espérais faire beaucoup mieux que l’année dernière où on a sauvé 261 animaux », relève Sandrine Klein Allouard, 55 ans, directrice de l’Arche d’Hélios, un brin déçu, qui ne compte plus les heures dédiées à son association, en plus de son travail. Une déception qui s’explique par le passage du cyclone Chido qui a marqué un véritable coup d’arrêt pour l’association qui comptait plus d’une centaine de bénévoles à Mayotte et en métropole. Une équipe grandissante qui permettait d’envisager un avenir prometteur avec l’obtention d’un terrain, de locaux et pourquoi pas de recruter des salariés. D’autant plus que la Préfecture de Mayotte avait lancé un « Plan Chiens », en octobre 2024, avec des subventions à la clé pour les associations pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, soit une année de budget entière pour l’Arche d’Hélios. Un montant non négligeable pour l’association financée en grande partie par les adoptions mais aussi directement par Sandrine Klein Allouard. « L’euphorie de la structuration retombe, c’est difficile mais on arrête pas notre travail à Mayotte, on ne lâche pas la mission », témoigne Sandrine Klein Allouard, sans nouvelles du « Plan Chiens« .
Mais pour la directrice, le temps n’est pas aux regrets car après Chido il faut relancer ces opérations de sauvetages au plus vite dans un contexte où la situation des chiens errants ne s’est guère améliorée, voire s’est dégradée selon elle. « Après Chido les difficultés se sont exacerbées. Beaucoup d’animaux sont morts. Beaucoup ont été abandonnés par leurs propriétaires qui ont perdu leurs logements et qui n’ont pas pu les prendre avec eux dans les vols de rapatriements. Et maintenant, beaucoup de délinquants volent des chiens pour limiter leurs pertes », constate Sandrine Klein Allouard. « En plus de cela les familles d’accueil pré adoption sont moins nombreuses, il y a moins de nourriture et de cages disponibles ». L’association devait recevoir de l’aide, mais faute d’être destinées à des humains, les quatre palettes de vivres et de médicaments sont restées bloquées à l’aéroport de Paris, dans des entrepôts où la nourriture a pourri.
Un travail colossal
Depuis le mois de mars, l’association reçoit près de quarante demandes de prises en charge par jour, soit le même niveau qu’avant Chido alors que l’association ne compte plus qu’une dizaine de bénévoles actifs. Le travail est colossal, car derrière les photos des animaux publiés sur Facebook, l’Arche d’Hélios fonctionne comme une véritable entreprise : réception des appels à l’aide, déplacement sur le terrain, « capture » des animaux, réalisation d’une logistique entre Mayotte et la métropole, mise en relation avec les vétérinaires et les familles d’accueil, communication… Tout ceci représente une montagne de papiers administratifs.
« Pour chaque animal, c’est un questionnaire de sauvetage, un contrat d’accueil, un bon pour le vétérinaire, un reçu fiscal, une annonce sur internet, un entretien avec une famille d’adoption etc…, jusqu’au transport à l’aéroport au passage de la douane et à la réception par la famille, je prends énormément de temps, et je fais beaucoup de sacrifices, je n’ai plus trop de loisirs », explique Sandrine Klein Allouard. « Surtout j’encaisse tout, la misère, la violence, parfois on m’appelle pour me dire qu’un animal est en train d’agoniser, c’est le quotidien. Sans les adoptions et les retours positifs des familles avec les photos des chiens et des chats sauvés, qui vivent heureux, je ne pourrais pas tenir ».
« J’ai besoin de tout le monde »
Aujourd’hui, la directrice espère que la mise en place du « Plan Chiens » lui permettra d’obtenir de précieuses subventions, afin de poursuivre son travail dans de meilleures conditions, en faisant notamment l’acquisition d’un local. Elle demande aussi aux compagnies aériennes de faciliter le départ des animaux vers la métropole, alors que le coût a drastiquement augmenté ces dernières années, passant de 8.000 euros pour les 264 animaux sauvés en 2023 à 23.000 euros pour les 261 de 2024, selon ses rapports d’activités.
Le départ des chiens vers la métropole est prévu le 28 avril prochain, redonnant le sourire à Sandrine Klein Allouard, heureuse de sauver de nouveaux animaux. Mais la directrice reste réaliste : « J’ai besoin de tout le monde, je cherche des voyageurs pour prendre une cage dans l’avion, des taxis pour ramener les animaux en métropole… même si vous habitez loin de Mayotte, vous pouvez m’aider, que ce soit ponctuellement ou comme bénévole. »
Victor Diwisch
