Le décret de nomination par le Premier ministre de Salama Ramia comme chargée de mission de suivi de la reconstruction et de la refondation de Mayotte a été publié au JO ce mardi 8 avril 2023. Et la lettre de mission signée de François Bayrou lui indiquant les axes à suivre lui a été transmise ce mercredi. Un courrier dont nous avons pris connaissance et qui fixe les échéances, tout en lui assurant l’appui de plusieurs ministères.
En préambule, Premier ministre replace cette nomination dans son contexte, et sur les trois phases qu’il avait évoquées très tôt. Tout d’abord, le sauvetage de Mayotte, « le temps de l’urgence et de la gestion de crise« , avec des actions menées autour des besoins essentiels dans les jours qui ont suivi le cyclone, « nous nous trouvons dans une phase de stabilisation de la situation« , juge-t-il. Il s’agissait ensuite de « reconstruire Mayotte« , objectif de la loi d’urgence adoptée le 13 février dernier.
Et enfin, de « refonder Mayotte« , un 3ème temps que couvrira le projet de loi de Programmation sur la refondation de Mayotte, qui pourrait être présenté en conseil des ministres le 23 avril selon nos informations. « Les élus locaux, les parlementaires et les forces vives du territoire y sont étroitement associés », indique François Bayrou qui fait de la concertation, un « principe cardinal ». Nous avions dévoilé le projet de loi Programme qui vise le développement économique, éducatif et social du territoire avec également des dispositions contre l’habitat illégal et l’immigration irrégulière.
« Pas sur les mêmes bases »

Mais attention, une (re)construction, « pas sur les mêmes bases qu’avant », insiste-t-il à plusieurs reprises. L’équipe dédiée montée auprès du ministre des outre-mer, Manuel Valls, est dirigée par le général Facon, en lien avec les services de l’Etat à Mayotte. C’est à ses côtés que va intervenir la sénatrice dans le « suivi de la reconstruction et de la refondation« . Sa mission repose sur trois points.
Le premier concerne, l’évaluation de l’effectivité des mesures de reconstruction des équipements publics, notamment sur « la contribution du tissu économique local« , les PME et les artisans, l’évaluation de l’impact des mesures de soutien économiques et sociales. Ensuite, la participation active des « acteurs institutionnels, économiques et associatifs de Mayotte« . Des comptes rendus mensuels sont attendus de sa part sur ces points. Le dernier porte sur le « Plan réseau« , et sur les destructions des installations du génie civil, notamment sur le réseau mobile. Un suivi du déploiement de la 5G est attendu.
« L’équipe chargée de la reconstruction et de la refondation de Mayotte s’appuiera sur vos travaux à l’issue de votre mission« , indique François Bayrou, un enjeu colossal donc pour Salama Ramia, qui pourra compter sur plusieurs appuis. Ceux des services du ministère des outre-mer, en particulier la direction générale des outre-mer (DGOM), ainsi que des services des ministères impliqués dans ta reconstruction de Mayotte « et notamment l’équipe dédiée constituée auprès du ministre d’État et dirigée par le général Facon ».
« C’est inédit pour moi »

Le fait d’être nommée parlementaire en mission auprès de Manuel Valls convient à la sénatrice que nous avons contactée : « J’ai apprécié la méthode de travail du ministre des Outre-mer qui contacte en amont les élus. Manuel Valls croit au potentiel de Mayotte, il ne cesse de le répéter, on ressent cette volonté au bout des deux jours de visite, c’est encourageant. »
Quant à la mission, elle ne semble pas trembler, « c’est inédit pour moi. Mais c’est rassurant de voir l’établissement public se monter, je dois d’ailleurs échanger avec le général Facon dès la semaine prochaine. »
Nous l’avons questionné sur l’absence de budgétisation de la (re)construction de Mayotte, soulevée ce mardi en séance de l’Assemblée nationale par Estelle Youssouffa. « Le rapport annexe du projet de loi programme liste les projets antérieurs à Chido, et ceux qui restent à mettre en place avec une évaluation de 3 à 4 milliards d’euros. Cela devrait être figé lors de la présentation du texte en conseil des ministres puisque c’est ça qui va chiffrer la reconstruction. »
À peine six mois après sa prise de flambeau remis par l’ancien sénateur Thani Mohamed Soilihi, devenu ministre, Salama Ramia sera donc la voix de Mayotte à Paris dans le vaste chantier à venir. Son premier point d’étape est attendu pour le 15 mai, avec remise de sa copie au 31 août au plus tard sur son rapport définitif, précise celui qui fut aussi ministre de l’Éducation nationale.
Anne Perzo-Lafond