« Nous sommes de retour !« , titre le dernier bulletin du REVOSIMA, le Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte, observatoire volcanologique français mis en place en 2019 à la suite des premières éruptions sous-marine de celui qui allait être baptisé Fani Maore.
S’il n’a pas fait parler de lui pendant la crise du cyclone Chido et dans les semaines qui suivaient, ce n’est pas pour autant que le volcan s’est endormi : entre le 1er et le 31 mars 2025, 326 séismes Volcano-Tectoniques, 108 séismes Longue Période et 6 séismes Très Longue Période ont été détectés par le REVOSIMA.
Mais de décembre à février, compliqué de témoigner de son activité, en raison de la destruction par Chido de plusieurs sites de surveillance, comme nous l’avions détaillé. Les scientifiques réitèrent dans leur dernier bulletin : « Lors du passage du cyclone Chido, sur l’île de Mayotte le 14 décembre 2024, le réseau REVOSIMA a perdu la liaison avec la majorité de ses stations de surveillance sur terre à Mayotte, et à Grande Glorieuse. » Ainsi entre le 14 et le 23 décembre 2024, il n’y avait plus que deux stations sismologiques, et seules deux stations enregistraient les séismes, dont les données étaient transmises par une station magnétotellurique.
Heureusement, les stations de mesures géophysiques en mer ont été épargnées, il s’agit des sismomètres fond de mer, des hydrophones et des capteurs de pression. « Les gliders* qui mesurent la géochimie de la zone du fer à cheval avaient été mis en profondeur pour les sécuriser. »
Le REVOSIMA indique qu’au 22 janvier, 50% du réseau terrestre était à nouveau opérationnel, « même si la surveillance se fait toujours en mode dégradé, notamment sur les réseaux GNSS, la localisation des séismes est de nouveau possible depuis le 3 janvier. »
Des îles à côté de la plaque

Par ailleurs, Fani Maoré gagne en notoriété puisque la revue de vulgarisation Kīpuka lui consacre plusieurs pages dans son dernier numéro. On y apprend que le volcan est construit sur une couche sédimentaire de 140 m d’épaisseur, « qui suggère une période de quiescence [de calme, ndlr] avant l’éruption de 2018 ». Sous ses sédiments, une couche volcanique massive d’un kilomètre d’épaisseur, s’est construite en plusieurs étapes et correspondrait à l’édification initiale de Mayotte.
D’autre part, s’il est admis que la région est volcaniquement active, on pensait jusqu’à présent que seul le Karthala était en activité. L’origine du volcanisme dans la région fait l’objet de plusieurs thèses que nous avions évoquées, plaque tectonique, point chaud… Et notamment la découverte d’un immense corridor volcanique de 200 km de large et 600 km de long regroupant plus de 2200 volcans sous-marins qui s’alignent sur la jonction de deux plaques tectoniques, celles de Somalie et Lwandle, au sud de l’archipel des Comores. Les îles seraient nées de cette activité Volcano-tectonique ce qui pourrait en présager d’autres en cas de mouvement de plaques.
L’émergence de Fani Maoré n’a suscité au mieux que de l’inquiétude lors des puissants séismes de mai 2018 et suivants, alors que les impacts auraient pu être bien pire, « une remontée de magma directement sous les terres où il aurait pu rencontrer de l’eau souterraine et exploser aurait été autrement plus dramatique », souligne Kīpuka. Si l’île s’est déplacée d’une dizaine de centimètres vers l’Est et enfoncée de 19 cm, une nouvelle activité sous-marine n’est pas exclue et est prise en compte par les missions de sécurité civile venues sur place pour le risque tsunami.
Le REVOSIMA et ses instruments est justement là pour analyser tout cela, et notamment les gaz qui s’échappent du lac Dziani Dzaha « qui montrent une connexion avec le système magmatique » et qui ont donné lieu à l’implantation. REVOSIMA est le 4ème observatoire volcanologique français, avec celui du Piton de la Fournaise, de la Soufrière et de la montagne Pelée.
A.P-L.
*Engins sous-marins autonomes de petite taille