Restauration : pour le président de l’UMIH Mayotte, « on est loin d’être tirés d’affaire »

Après plusieurs années d'écueils et de souffrances liés à la crise sanitaire, où en sont les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ? Si les difficultés semblent s’annoncer en métropole, les professionnels de Mayotte sont loin d’être rassurés quant à leur avenir proche.

En France hexagonale, certains représentants de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) tirent la sonnette d’alarme au sujet d’un problème majeur à venir : le déficit de main d’œuvre. A Mayotte, hormis quelques difficultés pour recruter des cuisiniers et face à l’absence de saisonnalité ainsi qu’au taux de chômage de la population, cette problématique reste lointaine. Mais pour Charles-Henri Mandallaz, président de l’UMIH Mayotte, l’apaisement est loin d’être au rendez-vous pour autant.

Charles-Henri Mandallaz, président de l’UMIH

Il rappelle ainsi que le couvre-feu établi aux mois de janvier et février, bien qu’« intelligemment mis en place par le préfet après une négociation avec les syndicats », a occasionné des pertes de chiffre d’affaire. Si dans la foulée, le mois de mars s’est avéré apporter une « bonne relance », « prouvant que l’envie était là », le mois de ramadan qui s’ensuit fait « fatalement retomber sur un mois creux ».

Un retour du pass vaccinal redouté

Ainsi, les restaurateurs « attendent avec impatience la reprise au mois de mai, tout en ayant un œil assez alarmé avec les dernières paroles d’Olivier Véran signifiant que le pass vaccinal pourrait bien revenir cet été, et pour nous ce serait une bien mauvaise nouvelle » explique le gérant de l’Orient Express.

Le pass vaccinal

Quelles conséquences en ce cas ? L’impact serait variable selon les activités, explique Mr Mandallaz. Une déperdition moindre pour la vente à emporter, mais le président de l’UMIH précise tout de même qu’au niveau national, la déperdition a été de 40% de clientèle en moyenne sur la restauration classique. « Un vrai handicap qui sera encore renforcé » précise-t-il, expliquant que nombre de personnes ont attendu la fin de la restriction pour effectuer la troisième dose, avant de s’en dispenser. « On se retrouverait encore avec un panel de clients qui n’auraient pas forcément leur pass et ne pourraient pas fréquenter nos établissements ». Une « grosse inquiétude » face à laquelle les restaurateurs aimeraient « tourner la page ».

Le remboursement des PGE, le risque d’une « défaillance en cascade »

Véritable épée de Damoclès planant au-dessus de nombre d’entreprises, la question du remboursement des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) pèse lourdement sur les restaurateurs. « Les premiers PGE vont devoir être remboursés en mai/juin : on va avoir un œil attentif à voir les dégradations potentielles de trésoreries, et les situations de mises en danger de certains ».

Le restaurant Case Robinson, à Boueni

Le président de l’UMIH précise que « quand vous avez utilisé ce PGE comme un soutien à la trésorerie pendant deux ans, vous vous retrouvez avec une trésorerie pas très bonne, et en plus la relance est courte – encore plus chez nous avec le ramadan- et il va falloir rembourser bientôt…
On va voir ce que ça va donner. Au niveau national, la vision est assez pessimiste (…) on craint une défaillance cascade dans la profession au niveau national ».

« Les problèmes sont loin d’être derrière nous »

« On n’est pas tirés d’affaire » conclut Charles-Henri Mandallaz. « Les problèmes sont loin d’être derrière nous, ils sont encore bien devant nous. Les problèmes sanitaires, et économiquement parlant il ne faut pas se mentir, même si les chiffres montrent des signes de reprise intéressants, il faudra que cela se fasse sur la durée. Si on se reprend un coup d’arrêt cette année, là pour les entreprises ça risque d’être un arrêt de mort pour certaines ». Plus de recul possible grâce aux PGE, l’activité devra reprendre.

Mathieu Janvier

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