La présidente du Conseil National des Barreaux « au chevet » des avocats de Mayotte

Julie Couturier, présidente du Conseil National des Barreaux et ancienne bâtonnière de Paris, est en visite à Mayotte jusqu’à ce mardi. Ce lundi matin, elle a tenu une réunion avec l’ensemble des avocats du territoire afin d’écouter leurs principales problématiques.

Ce lundi 28 octobre, le cabinet du bâtonnier Yanis Souhaïli à Kaweni a réuni la plupart des avocats du territoire. Il recevait en effet Julie Couturier, la présidente du Conseil National des Barreaux, accompagnée d’une délégation de 5 autres élus. Si leur venue était de toute façon prévue, puisque l’instance tente d’aller vers un maximum d’avocats à travers l’ensemble des départements de France, elle a été avancée pour Mayotte du fait de la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement la profession depuis Chido. « Nous n’avons reçu aucune aide de l’Etat et les clients ont du mal à nous payer », révèle en effet Me Yanis Souhaïli qui se dit « inquiet pour la profession » et a pris l’initiative d’interpeler le Conseil National des Barreaux.

La présidente s’est rendue à Mayotte en compagnie d’une délégation de 5 autres élus de l’instance

Instance institutionnelle souvent méconnue au sein même de la profession, ce Conseil a toutefois une influence majeure puisqu’il a un accès facile à la chancellerie et permet de faire le lien entre les avocats et le ministre de la Justice. « Dès notre retour, nous allons lui écrire pour lui signaler que les aides n’ont pas été versées à Mayotte », a d’ailleurs déclaré Julie Couturier à l’issue de la réunion.

Plusieurs autres problématiques ont également été abordées par les avocats de Mayotte : les difficultés d’exercice au quotidien avec les juridictions et les greffes, les difficultés de formation (une demande particulièrement forte) et les difficultés de communication entre les détenus de la prison de Majicavo et leurs avocats. Entre autres, car les sujets abordés ont été très divers, mais témoignaient tous d’une difficulté particulière de l’exercice du métier d’avocat sur le territoire, qui s’est encore accentuée depuis Chido.

Donner des moyens et lever les freins

Les avocats mahorais ont demandé à la présidente d’user de son influence auprès du ministre de la Justice afin de donner davantage de moyens à la justice à Mayotte pour que les droits des individus puissent être correctement respectés. Ils souhaitent aussi qu’elle l’alerte sur les projets de construction de bâtiments dédiés à la Justice, bloqués depuis des années. « Un terrain avait été trouvé pour construire une cité judiciaire à Kaweni, mais depuis le projet est bloqué pour des raisons financières », a déploré Me Souhaïli. « Le terrain appartient en partie au Conseil départemental, qui finalement veut le vendre et non le céder, et en partie à la DEAL qui exige que son déménagement soit pris en charge financièrement », détaille-t-il. Sans parler du projet de 2ème prison, au point mort, engendrant une surpopulation carcérale qui nuit aux droits des détenus.

Me Souhaïli, bâtonnier de Mayotte, a interpelé le Conseil National des Barreaux sur les besoins urgents de la profession depuis Chido

Le bâtonnier a également évoqué l’inefficacité du conseil des Prud’hommes sur le territoire, qualifié de « catastrophe ». « Les délibérés concernant certaines entreprises ne sortent jamais », révèle Me Souhaïli, très remonté sur ce sujet. Pour ses collègues et lui, il faudrait que l’instance soit gérée par un avocat afin de fonctionner correctement.

« Que faire pour que le respect des droits à Mayotte ne soit plus un luxe ? », a résumé la présidente du Conseil à l’issue de la réunion, condensant ainsi les différents sujets abordés par ses confrères mahorais. Dès son retour, elle écrira donc au ministre de la Justice afin de l’alerter sur les diverses difficultés auxquelles fait face sa profession sur notre territoire.

Nora Godeau

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