Le paludisme, bien qu’officiellement éliminé localement à Mayotte depuis 2020, continue de représenter une menace en raison du nombre de cas importés sur le territoire, principalement en provenance des Comores. L’année 2024 a marqué une recrudescence alarmante des cas de paludisme dans l’archipel, mettant en évidence la fragilité de la situation sanitaire et la nécessité de renforcer les mesures de lutte contre cette maladie.
Plus de 213% de cas par rapport à 2023

Entre les mois de janvier et décembre 2024, 119 cas de paludisme ont été déclarés à Mayotte, représentant une augmentation de 213 % par rapport à 2023. Parmi ces cas, 82 % provenaient des Comores, en particulier de Grande-Comore, où une épidémie en pleine expansion a favorisé la propagation de la maladie. Le nombre de cas importés en 2024 représente le plus grand total de cas enregistré depuis 2010, et la situation continue de se détériorer au début de l’année 2025 avec déjà 20 cas signalés.
Le CHM sous tension

Sur les 119 cas enregistrés en 2024, 33 % ont nécessité une hospitalisation, dont sept personnes ont été admises en réanimation. Les cas les plus graves se sont concentrés principalement dans la commune de Mamoudzou, où la densité de population est élevée. Bien que la prise en charge soit efficace, le nombre de patients hospitalisés souligne l’importance d’une détection précoce et d’une gestion rapide des symptômes. Si aucun décès n’a été rapporté, la vigilance reste essentielle.
L’impact des dynamiques régionales
Cette recrudescence du paludisme à Mayotte est principalement liée aux évolutions épidémiologiques dans les pays voisins. En 2024, l’augmentation des cas importés sur l’archipel met en évidence l’urgence d’adopter une approche régionale sanitaire coordonnée entre les États de la zone. En effet, les dynamiques régionales et la mondialisation montrent que les épidémies circulent au-delà des frontières. L’épidémie de chikungunya actuellement en cours à La Réunion, qui a entraîné la détection de plusieurs cas importés et d’un cas autochtone à Mayotte, en est un exemple, nécessitant le déclenchement du niveau 2A du dispositif ORSEC pour les arboviroses.
Dans ce contexte, avec un système de soins déjà fragilisé par le cyclone Chido du 14 décembre 2024, la recrudescence des cas de paludisme à Mayotte met en lumière l’urgence pour le 101ème département français de renforcer ses capacités sanitaires face à ces multiples menaces.
Mathilde Hangard