« C’est comme ça à Kawéni », lance un jeune homme, après avoir observé plus d’une vingtaine de garçons se jeter sur les repas chauds distribués par le SIF et la Ville de Mamoudzou, au plateau sportif de la commune, vendredi 28 mars, lors du « Grand Iftar ».

En une poignée de secondes, tout est emporté, et les adolescents s’empressent de manger, debout aux alentours du bâtiment. Si la scène a vite été remplacée par une ambiance festive avec l’arrivée de quelques familles qui se sont installées dans le calme pour déguster divers plats : pâtes, riz, soupes et gâteaux, elle montre un quotidien marqué par la faim.
« C’est la première fois qu’une telle soirée est organisée et elle permet de lutter contre la malnutrition, une problématique importante particulièrement ici à Kawéni et qui a encore été accentuée par Chido », remarque Anlaouia Abdou, directrice innovation économique et sociale, à la Ville de Mamoudzou.
Des repas cuisinés par les femmes du quartier

Dans la salle, dont le plafond est toujours détruit à cause de Chido, la soirée se déroule sous une faible luminosité. Un peu à l’écart, les cuisinières nettoient les marmites et les casseroles en inox. Elles sont une vingtaine à avoir préparé les plats distribués par le SIF tout au long du mois de ramadan à Kawéni. « C’était bien, tous les jours on a travaillé avec joie et fierté, ça fait plaisir de voir tous ces gens se nourrir grâce à nous », témoigne Naïda. Comme ses collègues, elle est accompagnée par la Ville de Mamoudzou dans un processus de formalisation de son activité. « Ces mamans étaient des vendeuses dans la rue à Kawéni et depuis quelques années on les a regroupées sous une association pour professionnaliser leurs activités. Cela permet de répondre au manque de cantine scolaire à Kawéni, et surtout d’augmenter le niveau de vie de ces femmes », explique Anlaouia Abdou.
Le SIF en renfort dans quatre domaines

Lorsque le SIF a contacté la Ville de Mamoudzou c’était naturel d’impliquer ces femmes qui travaillent au quotidien pour nourrir les élèves du quartier. Lors de ses actions à Mayotte depuis le passage du cyclone Chido, l’organisation non gouvernementale s’appuie sur les acteurs locaux, auprès des CCAS et des communes, comme lors de la distribution des colis à Acoua. « Il faut savoir aller chercher les compétences, et on a apprécié l’impartialité des acteurs qui ont tous souhaité aider tout le monde », note Mahieddine Khelladi, directeur exécutif du SIF. Un moyen pour l’organisation d’établir des partenariats dans la durée et maintenir des actions sur le territoire. « On est expert sur le domaine de l’enfance, de l’alimentation, de l’accès à l’eau et de la mise à l’abri et je pense que Mayotte a besoin de ces quatres expertises et nous souhaitons rester dans la durée sur le département », poursuit le directeur.

« Ce Grand Iftar c’est l’apothéose de nos actions lors de ce mois de ramadan durant lequel on a distribué plus de 12.000 repas chauds et 1.500 colis alimentaires », relève Romane Bernet, chargée de programme au SIF.
Des aides précieuses qui ne doivent pas s’arrêter une fois la fin du ramadan. « Après ce mois, ça va être encore compliqué pour certaines familles”, estime Anlaouia Abdou, « du côté de la Ville de Mamoudzou on va maintenir une distribution de colis alimentaires, car on a besoin d’apporter de l’aide dans la durée ».
Victor Diwisch