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« La population agricole a diminué de moitié en 10 ans » : le Recensement agricole 2020 livre ses premiers résultats

Après une phase de collecte du mois d’octobre 2020 au mois de mai 2021, le recensement agricole à Mayotte est rendu public. « Il s’agit du 1er depuis la départementalisation », souligne la Direction de l’Alimentation et de la Forêt. Des très petites exploitations tenues par des agriculteurs âgés, voilà deux de ses nombreux enseignements.

Le recensement agricole étant mené tous les 10 ans, le précédent date donc de 2010. Et elle nous dit beaucoup de choses sur l’agriculture de Mayotte cette version 2020.

Si dans l’Hexagone, le recensement a été mené avec un nouveau système de recueil de données par internet auprès d’une grande partie des exploitants, dans les DOM la collecte a été principalement opérée en face à face par les enquêteurs du ministère, à Mayotte notamment, où des enquêteurs multilingues recrutés localement ont été mobilisés.

L’idéal aurait été de comparer l’évolution entre les deux recensements, mais l’exercice est compliqué par la population de référence retenue. En 2010, le recensement portait sur l’ensemble des familles cultivatrices ou possédant du bétail, qu’elles commercialisent ou non leur production. Et quelque soit la taille de l’exploitation. En 2020, il s’aligne sur les critères nationaux, et ne retient plus que les exploitations professionnelles, c’est à dire commercialisant tout ou partie de leur production et atteignant une certaine dimension. « Quelques 2.500 familles, pratiquant une agriculture exclusivement vivrière sur une surface comprise entre 1.100 et 1.500 ha ne sont pas comptabilisées dans les résultats », indique la DAAF.

Le bétail est sous représenté à Mayotte

En découle un premier constat. Le recensement 2020 établit que la surface travaillée sur les 4.315 exploitations agricoles répertoriées est de 6.000 hectares, soit 1,4 ha chacune en moyenne. Elle représente « 3 fois la surface moyenne exploitée par les ménages agricoles en 2010 ». C’est normal puisque seuls les professionnels ont été retenus.

Pour tenir compte de la particularité de Mayotte où beaucoup de familles produisent de l’agriculture vivrière, la DAAF s’est malgré tout livrée à un petit calcul : en rajoutant à ces 6.000 hectares professionnels, les 1.000 à 1.500 hectares de production familiale vivrière (sans vente), la surface cultivée de l’île reste stable entre les deux recensement. Et lorsqu’on rajoute ces 2.500 familles environ aux 4.315 exploitations pro, on obtient une photographie qui est aujourd’hui de 45% de celle de 2010, et de 75% de ce qu’avait estimé l’INSEE en 2017. Moralité, entre 2010 et 2020, « il apparaît donc que la population globale agricole a diminué de moitié faisant apparaitre 2 profils distincts : d’une part celui des exploitants entrant dans le champ du recensement agricole 2020, déjà professionnels ou probablement dans une dynamique de professionnalisation et d’autre part, les ménages ‘hors champ’, strictement vivriers. »

Les bananeraies recouvrent le territoire

Comme l’Eden, le « jardin mahorais » regorge de fruits

On le savait déjà, la surface de l’île et la densité de population influent sur la taille des exploitations mahoraises, elle est petite, « voire très petite ». 80% dégagent moins de 25.000 euros et occupent la moitié de la superficie agricole utilisée (SAU) de l’île. Elles représentent la moitié du temps de travail total. Le rendement n’est donc pas optimum. Seulement 2% des exploitations dégagent plus de 100.000 euros. A Mayotte, elles sont considérées comme moyennes ou grandes.

Ce sont surtout des fruits qui sont produits, pour les deux tiers des exploitations, mais aussi, en association avec l’élevage sur le modèle du jardin mahorais. Cette organisation en polyculture est prépondérante à Mayotte, où elle représente 90 % de la surface agricole utilisée, et fera l’objet d’une étude d’évaluation de la production plus complète ultérieurement.
Les exploitations clairement spécialisées dans d’autres orientations (maraîchage, élevage, aviculture, plantes aromatiques ou autres cultures) sont très peu nombreuses (environ 120, soit moins de 3 %).

Moins de 35 % des exploitations recensées ont déclaré à la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne en 2020.

9.000 personnes en tirent un salaire

Corinne Avice et son cheptel, une référence à Mayotte

En 2020, l’agriculture procure de l’emploi à 9.000 habitants de l’île (5.600 équivalents temps plein compte tenu des temps partiels). A 60%, ce sont des membres de la famille et à 30% des salariés permanents non familiaux. Les 10% restant sont « de la main d’œuvre saisonnière ou occasionnelle ».

Les agriculteurs sont âgés à Mayotte, puisque la moitié a plus de 56 ans, et plus de 59 ans pour les femmes. « Plus de 20% des chef(fe)s des exploitations entrant dans le champ du recensement ont 67 ans et plus, avec une problématique de renouvellement qui constitue dès à présent un sujet majeur », met en garde la DAAF, précisant que 10% d’entre eux ont moins de 40 ans contre 75% de plus de 50 ans.
La diminution de moitié de la population agricole globale à Mayotte et son vieillissement doivent interpeller sur l’avenir du secteur. Si la dureté du climat est à prendre en compte, avec des températures élevées, peu propices à cultiver sa terre en pleine chaleur, il faut aussi appréhender la problématique dans sa globalité, rappelle le Réseau Rural de Mayotte. Il nous apprend que les acteurs de la PAC ont été interpellés à repenser leur politique en considérant la ruralité dans son ensemble : « développer des services à la population, s’occuper de la jeunesse de son territoire et cultiver les liens intergénérationnels, lutter contre toute forme de précarité rurale (logement, transport, fracture numérique, soins, place de la femme dans le rural et l’agricole…), promouvoir la culture dans tous les espaces… »

18 exploitants seulement sont spécialisés dans la volaille

Dans son bulletin portant sur ce recensement agricole 2020, l’INSEE rappelle les enjeux que représente à elle seule l’agriculture : « Elle est certes un secteur stratégique en tant que secteur économique, mais aussi pour son rôle dans l’indépendance alimentaire, face à l’augmentation de la population et au changement climatique. Dans ce contexte, les résultats du recensement agricole vont contribuer au pilotage et à l’évaluation des politiques publiques agricoles et alimentaires, mises en œuvre aux échelons régional, national, et communautaire. »

Transmettre aux jeunes, c’est la condition de survie de l’agriculture à Mayotte où l’on est toujours en quête d’indépendance alimentaire. « Namfanye hazi, namdzirume. Iyo swafi de trongo imkoseyaniwo », avait traduit Nassur Attoumani du « Laboureur et ses enfants » de Jean de La Fontaine, « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins ».

Consulter le RA Mayotte 2020

Anne Perzo-Lafond

 

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