Louna Synave est une habituée des podiums. Depuis qu’elle a commencé le kick-boxing il y a un peu plus de quatre ans au club Maoré Boxing de Mamoudzou, elle a remporté trois médailles de bronze, deux aux championnat de France de Kick Light 2023 et 2024, une au championnat du monde ICO de Kick Light en 2024, et une médaille d’argent le week-end du 26 au 27 avril dernier à Istres, pour les championnats de France de K-1 Light Style. Une variante du kick-boxing intégrant les coups de coude aux techniques de pieds-poings classiques. Une discipline nouvelle pour la jeune Mahoraise de 16 ans, qui s’est inclinée sans rougir en finale, face à Lilou Soret, championne de France de Muay Thaï et interne en Pôle France. Un résultat plus qu’encourageant pour la jeune athlète qui concours dans la catégorie Junior – 55kg.
Une première médaille prometteuse en K-1

« Pour un premier championnat de France de K-1 l’ambiance était superbe et les combats étaient bons, j’ai apprécié me battre contre mes adversaires », remarque Louna, quelques heures après son retour à Mayotte, ce mercredi 30 avril. « Le plus difficile dans cette nouvelle discipline c’est que je devais être vigilante sur tous les coups, notamment les coudes ».
En plus de découvrir le K-1 de haut niveau, Louna a fait face à une préparation expresse. Après le passage du cyclone Chido, le salle de sport l’Orange Bleue où elle s’entraîne a été réquisitionnée pour y héberger les forces de l’ordre et ses entraînements ont repris fin février. Et si le kick-boxing se développe à Mayotte, les compétitions de K-1 sont rares et Louna n’a pas pu pleinement se tester avant de rejoindre Istres.
« Il a fallu qu’elle se mette directement dans le bain de ses combats dès le début de la compétition », précise son père Sébastien Synave qui insiste sur la performance de sa fille. Pour cela, la kick-boxeuse à sa technique, « je m’échauffe 15, 20 minutes correctement puis j’essaye de me concentrer, seule à l’écart, avec de la musique pour évacuer le stress qui arrive juste avant le combat ».
« Plus je gagne des médailles plus j’avance. Le projet c’est de participer aux championnats du monde en octobre, et j’aimerais remporter l’or aux championnats de France l’année prochaine, j’ai le bronze et l’argent c’est bon, maintenant il me faut l’or ! », ambitionne Louna, « mais d’abord il y a l’oral du bac, et après je pourrais m’y concentrer à fond sur mes objectifs sportifs », continue la lycéenne, qui peut compter sur le soutient de son père, « je pense qu’elle peut mener les deux fronts, le sport et le bac ».
« La boxe m’a donné confiance en moi »

« Quand elle rentre sur le tatamis elle se transforme, elle met son casque et elle est directement motivée à chercher le meilleur résultat », poursuit Sébastien Synave. « Au début le kick-boxing c’était un loisir, et puis l’esprit de compétition s’est installé », reconnaît Louna qui a découvert le monde de la boxe grâce à un ami qui l’a emmené à un entraînement du club Maoré Boxing de Mamoudzou. « Grâce au club j’ai pu m’initier aux bases et j’ai tout de suite aimé les stratégies les coups sautés et retournés, lors des combats ».

« Je suis blanche, j’ai les cheveux lisses et blonds et au collège on m’embêtait, certains me les attrapaient et y mettaient du gel. La boxe m’a donné confiance en moi et je sais que ce n’est pas bien du tout mais ça m’a permis de me défendre avec des coups de coude. Maintenant je sais quoi faire », explique Louna. « Ce n’est pas pour autant que mes amies me voient différemment, elles me considèrent toujours comme leur copine d’amour mais il arrive que certains se disent « elle est boxeuse » faut pas lui parler à elle », remarque-t-elle en rigolant.
« A Mayotte il n’y a pas beaucoup de filles qui font de la boxe. Moi de mon point de vue, la boxe, le kick-boxing et le K1 ce n’est pas violent. Après il faut savoir recevoir les coups et les redonner. Le MMA c’est déjà plus violent », relève Louna qui aimerait voir les combats lors des mringués durant le mois de Ramadan. « Je suis Mahoraise et c’est important pour moi de représenter l’archipel à travers les compétitions, je suis fière ».
Les yeux rivés sur les championnats du monde en octobre
Pour tenter de décrocher l’or aux championnats du monde en octobre, qui se dérouleront soit en Australie avec l’IRCA soit aux Pays de Galle via l’ICO, deux fédérations qui structurent les pratiques de combat à l’échelle nationale et internationale, Louna compte s’améliorer sur plusieurs points. « J’ai envie d’être meilleure sur mes coups de genoux, sur les low kick, et j’aimerais faire plus de combats dans différentes disciplines, en boxe anglaise, en kick boxing, en K-1. Mon but est de m’inscrire au plus grand nombre de compétitions lors des championnats du monde », espère-t-elle.

Cela passe pas les entraînements avec son club Maoré Boxing, trois fois par semaines, les lundis, mercredis et vendredis soir au gymnase du collège de Majicavo, mais aussi avec la préparation physique que lui propose son père, les autres jours de la semaine. Mais au-delà de l’entraînement, Louna peut compter sur son coach Maxime Rochefeuille, triple champion du monde en la matière, et sur Didier Bernardet, président et coach a Maoré Boxing. « Maxime Rochefeuille est un grand exemple pour moi, c’est un grand champion et il m’apporte beaucoup de conseils ! Avec Didier Bernardet, ils ont beaucoup d’expérience et sans eux je ne serai pas au niveau que j’ai aujourd’hui ».
« Je ne ferai pas de la boxe mon métier », confie Louna, qui est incertaine sur ses envies après le lycée, « mais une chose est sûre, j’aimerais transmettre aux autres ce que ce sport m’a appris et notamment aux plus jeunes. Comme on l’a fait pour moi ».
Victor Diwisch