L’Exécutif malgache a relégué la question des Iles Eparses au second plan de ses préoccupations. C’est du moins ce qui ressort des rencontres bilatérales entre les autorités de la Grande Ile et leurs homologues de l’Hexagone à l’occasion du 5eme sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission de l’Océan indien (COI).
Madagascar face au principe de réalité
Tout n’est pas abandonné. Le chef de la diplomatie malgache Rafaravavitafika Rasata, a apporté une nuance s’agissant de la revendication des Iles Eparses, précisant que les deux pays ne sont pas parvenus à dégager un consensus clair sur la question. Mais que cela ne doit pas non plus empêcher des discussions sur d’autres volets de la coopération entre Paris et Antananarivo sous le sceau de l’amitié qu’imposent les principes de la courtoisie diplomatique.
Poussé par l’opposition malgache à réaffirmer la souveraineté de Madagascar sur les Eparses, les autorités de la Grande Ile jouent les équilibristes. « Madagascar revendique officiellement ces îles depuis les années 1970. Cette constance montre qu’il n’y a jamais eu d’abandon de droit », a souligné le ministre Rafaravavitafika Rasata. « Le dialogue est donc maintenu et même renforcé, ce qui est un signe encourageant, malgré la complexité du dossier », poursuit la ministre des Affaires é étrangères. Les autorités malgaches font toutefois face au principe de réalité.
Ainsi, le pragmatisme l’emporte sur le bruit en raison des choix et des orientations stratégiques du dirigeant malgache qui ne souhaite pas s’enfermer dans une logique de confrontation au risque de perdre de vue la réalité en face et s’empêtrer dans un rouleau compresseur incontrôlable. Madagascar fait face aujourd’hui à de sérieux défis socio-économiques. Les autorités ont élaboré un ambitieux plan de développement mais qui peine à prendre un véritable envol faute d’investissements et d’appuis de la part des bailleurs.
Une commission mixte en juin prochain à Paris

Le président français l’a d’ailleurs compris et l’a bien consigné dans son carnet de notes de l’Océan indien. Le pragmatisme a d’ailleurs dominé les éléments de langage du président français. Emmanuel Macron, dans sa visite d’Etat, a apporté dans ses valises un paquet de projets au profit de l’île rouge engagé dans une mini-révolution de transformation économique. A Antananarivo, la France a entériné de nombreux accords dans des secteurs importants : riziculture, hydroélectricité, infrastructures routières, transformation agricole. Le président Andry Rajoelina a préféré miser, pour l’instant, sur des projets économiques avec la France sans renoncer la souveraineté de son pays sur ces îles.
Les deux pays ont « différé » la question, préférant la noyer dans « un commission mixte franco-malgache » dont une première rencontre est prévue au mois de juin prochain à Paris. Pour Macron, l’intérêt des Malgaches était de se mobiliser pour obtenir des investissements en faveur de leur stratégie de développement. « Aider un pays qui a 80% de sa population sous le seuil de la pauvreté à réussir, c’est beaucoup plus important », a justifié le patron de l’Elysée, estimant que le soutien à Madagascar au développement était une priorité bien plus importante qu’une hypothétique revendication d’un territoire. « Nous allons nous concerter pour prendre les grandes décisions qui touchent les Îles Eparses en juin prochain », a conclu Emmanuel Macron. La restitution n’est pas pour demain.
A.S.Kemba, Moroni
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