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Le rocher de Dzaoudzi au cœur des journées de l’archéologie cette année

Pour cette 9ème édition des Journées Européennes de l’Archéologie, qui se sont tenues de vendredi à dimanche dernier, Le musée de Mayotte s’est axé principalement sur le rocher de Dzaoudzi où ont eu lieu les découvertes archéologiques les plus récentes.

Le parc de la résidence des Gouverneurs, située à Dzaoudzi, a accueilli la 9ème édition des Journées Européennes de l’Archéologie. Si la structure de l’évènement était globalement la même que les années précédentes, avec ses ateliers de découverte de l’archéologie et ses expositions, cette 9ème édition était plus particulièrement axée sur le rocher de Dzaoudzi. C’est là qu’ont été faites les découvertes archéologiques les plus récentes, par l’Institut d’Archéologie Préventive en 2019 et 2020. « Des poteries donnant des informations complémentaires sur l’histoire de Mayotte ont été retrouvées ainsi que des tombes dont la position des corps indique qu’il s’agissait d’une nécropole musulmane », révèle Djamadar Saindou, le chef du service de programmation au Muma.

Journées Européennes de l'archéologie, Dzaoudzi, sultan Andriantsouly, nécropole d'Antsirakaboira, Michael Tournadre, INRAP, Muma
Djamadar Saindou, chargé de programmation au Muma, chapeautait l’évènement

A l’occasion des JEA de cette année, plusieurs objets issus de ces fouilles ont été exposés dans le parc de la résidence des Gouverneurs, aux côtés de ceux exhumés sur d’autres sites archéologiques de Mayotte, comme celui de la fameuse nécropole d’Antsirakaboira. Découverte dans la région d’Acoua en 2005, elle est surnommée « la nécropole aux perles » et son étude a donné aux archéologues des informations primordiales sur l’histoire de Mayotte, y démontrant par exemple l’existence d’un syncrétisme animiste et musulman dès le XIIème siècle. « Les perles retrouvées dans les tombes témoignent de rituels issus d’une culture malgache, tandis que la position des corps orientés vers la qibla (direction de la Mecque) montre que ces populations étaient déjà islamisées à l’époque », détaille Djamadar Saindou.

Des ateliers pour découvrir les méthodes des archéologues

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L’atelier « mobilier archéologique » proposait de classer différents matériaux retrouvés sur les sites archéologiques pour en obtenir des informations sur le mode de vie des anciennes populations de Mayotte

La visio-conférence de Michael Tournadre de l’INRAP, consacrée aux récentes découvertes de Dzaoudzi, a malheureusement dû être annulée ce samedi matin, faute de public. « Les Mahorais sont pour la plupart en plein Arafat, la période de préparation à l’Aïd-el-Kebir. Quant aux enseignants métropolitains, notre autre public habituel, ils sont en pleine période de bac. Le moment n’était donc pas propice pour recevoir du public », a déploré le chargé de programmation, qui nous confie avoir espéré que « les gens viennent quand même ». Il est vrai que le parc de la maison des Gouverneurs était étonnamment vide ce samedi, contrairement aux années précédentes.

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Djamadar Saindou du Muma, nous a montré comment les archéologues procédaient pour exhumer un corps et en tirer des informations historiques

Les quelques personnes présentes ont donc pu jouir en toute tranquillité des ateliers proposés par les agents du Muma comme le célèbre « bac de fouilles » avec son imitation de squelette enterré. Le but du jeu ? Découvrir comment les archéologues s’y prennent pour exhumer un corps et en tirer des informations sur l’histoire de Mayotte. L’atelier « mobilier archéologique » montrait quant à lui comment interpréter les objets issus des fouilles. « Les vestiges d’objets en porcelaine témoignent d’échanges avec la Chine et ceux en faïence, qui est une tentative européenne d’imitation de la porcelaine, viennent appuyer l’hypothèse que les Portugais et les Français ont utilisé l’île comme point de ravitaillement sur la route des Indes dès le XVème siècle », explique Djamadar Saindou.

Dzaoudzi : premiers bâtiments témoignant de l’occupation française

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Les quelques personnes présentes ce samedi ont pu profiter de la visite historique de Dzaoudzi

Une visite historique du rocher de Dzaoudzi était également organisée. Le public a pu voir ou revoir les premiers bâtiments construits par les Français, peu après la vente de l’île pour une rente annuelle de 1000 piastres par le sultan malgache Andriantsouly en 1841. Une décision motivée par le fait que son territoire était menacé par des ennemis de toutes parts : les pirates malgaches vers le sud et les sultans des autres îles des Comores vers le nord. La capitale avait d’ailleurs été transférée de Tsingoni à Dzaoudzi par ses prédécesseurs pour mieux pouvoir la protéger. « Un mur maritime entourant le rocher avait même été construit, mais ses vestiges ne sont actuellement visibles que par drone », dévoile Nathalie, l’agente du Muma chargée de la visite. Les constructions mahoraises étant toutes en torchis autrefois, elles ne sont plus visibles actuellement, les seuls bâtiments restants de cette époque sont donc ceux construits par les Français à leur arrivée. Elle a ainsi montré aux visiteurs un pan préservé du mur de l’ancienne prison, construite au niveau de la caserne désormais rénovée.  Les travaux de rénovation de la résidence des Gouverneurs, construite à l’emplacement de l’ancien palais des sultans de Mayotte, ne sont malheureusement toujours pas commencés, la faute à des longueurs administratives due à son classement en monument historique. C’est pourtant ce bâtiment qui doit accueillir le musée de Mayotte définitif…

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Nathalie, chargée de la visite historique, a montré des plans de l’ancien palais des sultans de Mayotte

Au cours de la visite, Nathalie a rappelé l’histoire souvent méconnue du dernier sultan de Mayotte. Ancien souverain d’un royaume malgache, il en a été chassé suite à des querelles politiques et a trouvé refuge chez son ami le sultan de Mayotte Mawana Madi. « Ils étaient liés par un pacte de sang, il était donc obligé de l’accueillir », précise Nathalie, relatant ensuite la trahison d’Andriantsouly qui a fini par usurper le pouvoir et fait assassiner Mawana Madi peut-être avec l’aide de certains sultans comoriens (les informations historiques restent vagues sur le sujet). La légende raconte que le dernier sultan « légitime » de Mayotte avait prévenu ses meurtriers « Si vous faites couler mon sang sur la terre et non dans la mer, aucun vrai Mahorais (NDLR : donc issus de sa lignée) ne prospèrera à Mayotte ». Le non-respect de cette dernière volonté serait à l’origine « d’une malédiction » affirmant qu’aucun Mahorais ne pourrait réussir quoi que ce soit sur son île. « L’histoire raconte que cet acte serait à l’origine du fait que seuls les étrangers peuvent prospérer à Mayotte », précise Nathalie. Une légende à portée actuelle ?…

Nora Godeau

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