29.8 C
Mamoudzou
mardi 30 mai 2023
AccueilEconomiePilotage maritime : « Le métier est un véritable sacerdoce », relève Henry Caubrière

Pilotage maritime : « Le métier est un véritable sacerdoce », relève Henry Caubrière

Si les pilotes maritimes sont des marins véritablement passionnés par leur métier, la question de leur remplacement lors des départs en retraite était un des sujets du BFE qui se tenait à Sakouli ce 21 et 22 février 2023. Rien n'est moins évident.

Alors que se termine le Bureau Fédéral Elargi (BFE), sorte de congrès des pilotes maritimes qui se tenait sur deux jours, nous avons interviewé Henry Caubrière, président de la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM), qui dresse un bref bilan de ces journées de rencontre entre l’ensemble des stations de France, et évoque les problématiques propres à la profession.

Le métier de pilote maritime est méconnu sur le territoire, et ce congrès aura permis de mettre en lumière ces officiers, plus hauts diplômés de la Marine marchande, qui embarquent à bord des cargos en entrée et sortie de port, pour conseiller le commandant sur la manœuvre. Chacune des 29 sociétés de pilotage de France est indépendante, elles sont dimensionnées en fonction du trafic maritime. Il y a une cinquantaine de pilotes à Marseille et sur la Seine, quand à Mayotte, trois suffisent. Lorsqu’un pilote part à la retraite, après 20 ans de service dans le même port, Longoni en l’occurrence, un concours est organisé pour le remplacer. C’est ce qui s’est passé l’année dernière à Mayotte, Pierre-Emmanuel Duclau est ainsi venu rejoindre Rémi Xiberras, et Gilles Perzo à Longoni.

Les trois pilotes de la station de Mayotte reçoivent un ouvrage de collection des mains du président Caubrière

Le remplacement des pilotes sur l’ensemble du pays était un des sujets abordés justement lors du BFE, rapporte Henry Caubrière. « Nous sommes actuellement 330 pilotes en France, dont 100 vont être à renouveler dans l’année à venir. Cela ne devrait pas poser de problème pour les grandes stations, davantage pour les petites. » Car le métier est un véritable « sacerdoce », explique-t-il, « il faut être disponibles 24h sur 24, ce qui limite la prise de vacances, notamment pour Saint-Pierre-et-Miquelon où n’exerce qu’un seul pilote. »

A côté Gilles Perzo, président de la station de Mayotte acquiesce, « le problème se pose à Mayotte où le manque d’attractivité joue contre nous. Les institutionnels nous ont expliqué avoir le même problème pour trouver des fonctionnaires. S’ajoute l’éloignement familial pour ceux qui ont leurs attaches en métropole. » Or le pilote est indispensable au port, sans lui, les navires ne peuvent entrer et sortir.

Recadrer l’image

Pour Henry Caubrière, le sujet se pose désormais à plus grande échelle : « Nous assistons à l’arrivée d’une nouvelle génération d’officiers, très attachés à la qualité de vie, et qui ne sont pas prêts à tout sacrifier pour le métier. Cela devient donc un problème générationnel. » Il souligne qu’en dépit de l’image d’insécurité qui colle à Mayotte, le BFE s’est malgré tout tenu, « cela ne nous a pas empêché de venir ! ». Et beaucoup de pilotes sont venus en famille. Malgré tout, plusieurs représentants de station n’ont pas sauté le pas des 8.000 km qui nous séparent de l’Hexagone, « certains reportages télé font très mal », souligne-t-il.

Soirée de fin de BFE en présence d’invités et des pilotes de différentes stations

Celui qui est aussi pilote du Havre a beaucoup « touché » Mayotte lorsqu’il naviguait. « En 1993 et 1994, nous mouillions dans le lagon, avec autour de nous, des paysages magnifiques que je n’ai pas oubliés. Huit ans plus tard, un copain de mon frère m’a questionné à propos de l’île, et il décidait de s’y installer comme médecin pendant 15 ans. »

D’autres sujets relevant de la profession ont été abordés lors du BFE, comme l’aptitude auditive des marins : « La vision est contrôlée dès le concours et régulièrement ensuite, avec un 10/10 toléré après correction pour chaque œil, mais on ne se souciait pas de l’audition. Nous allons nous rapprocher des Affaires maritimes, car il y a carence en ce domaine pour tous ceux qui portent des prothèses auditives. » Les dernières lois sociales ou les données liées au taux de dépréciation du matériel ont aussi donné lieu à des partages d’informations.

Et du député Mansour Kamardine

Son vol Air Austral de ce jeudi ayant été reporté, Henry Caubrière a eu le temps de faire un peu de tourisme, et de prendre connaissance des enjeux locaux : « Je suis intimement persuadé que cette île a ses chances, on sent un fort dynamisme, et le port a lui même un grand avenir régional. En métropole, les gens ne vous connaissent pas, il faut changer ça. » C’était aussi un peu l’objectif de la tenue de ce BFE à Mayotte.

Anne Perzo-Lafond

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
EDM, Mayotte

Perturbation dans l’alimentation électrique à Chirongui en raison d’un accrochage de câble

0
Electricité de Mayotte (EDM) rapporte un incident survenu la veille dans le Sud-Ouest de l'île. Ce lundi, autour de 11h, un accrochage de câble par la société EMCA au niveau de Tahiti plage a occasionné...
Parents relais, gilets jaunes, Mayotte, Castaner, Thierry Suquet

Tout de jaune vêtus, les parents-relais présentent le dispositif de prévention de la délinquance...

0
Un dispositif de prévention contre la délinquance qui fonctionne et sans subvention, vous connaissez ? Allez, un petit indice de couleur, le jaune. Eh oui, les « gilets jaunes » qui assurent la paix dans le quartier de Kawéni sont bien de retour depuis plusieurs mois sous l’appellation « parents relais »

Des protections hygiéniques durables pour lutter contre la précarité menstruelle

0
A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle qui s’est déroulée le 28 mai, la Mission locale de Mayotte avait décidé d’inviter la semaine dernière, durant quelques jours, l’entrepreneuse Corinne Boulay, créatrice de la marque La Week’Up. Elle est intervenue dans plusieurs établissements scolaires pour parler de précarité menstruelle et a donné une conférence sur ce sujet vendredi dernier devant une cinquantaine de personnes.
Festival image sous-marine, Mayotte, Nicolas Barraqué, Galathea, Cachalots, René Heuzey, Vincent Guillaume

FIISM : Hippocampe d’or pour la murène dragon d’A. Camilleri-Guillebert et Happy Divers

0
De grands noms de l’image sous-marine concourent désormais au Festival qui s’est internationalisé cette année à Mayotte. On y a battu les records de films, photos et dessins, faisaient remarquer Nicolas Barraqué et son jury lors de la soirée de clôture. Avec davantage de place faite aux images de notre lagon
Comores, élections, Azali Assoumani, Wuambushu, Mayotte

Comores : le pays entre dans une période pré-électorale

0
Une opération de révision des listes des électeurs a démarré dimanche 28 mai. Pouvoir et opposition se défient par rassemblements politiques interposés. Les deux camps, avec la société civile, dénoncent collectivement l’opération Wuambushu. Mais le processus électoral lancé risque de tordre le cou au plan de mobilisation contre cet évènement toujours en cours à Mayotte. Le premier tour des élections du président et des gouverneurs des îles devrait avoir lieu avant la fin de l’année

Recent Comments