Quand les pilotes maritimes de France tiennent congrès à Mayotte

Réunir l'ensemble des 29 stations de pilotage maritime de France et d'outre-mer, n'est pas un évènement en soi lorsqu'il se tient au Havre, à Bordeaux ou Marseille. Mais lorsque c'est vers Mayotte qu'affluent ces officiers de marine marchande, cela relève de la prouesse, et c'est inédit.

Alors que la métropole avait sous les yeux les Unes de Paris Match et autres presses nationales qui affichaient la délinquance marquant au fer rouge notre département, Gilles Perzo, président de la station de pilotage maritime de Mayotte décidait de relever le défi et de proposer pour la première fois qu’un bureau fédéral élargi (BFE) se tienne à Mayotte. « Je voulais que les autres pilotes et leurs familles sachent ce qu’était vraiment ce territoire, qu’ils ne s’en tiennent pas qu’à ce qui pouvaient être relayé à Paris. Car si la délinquance est réelle, Mayotte a d’autres atouts à côté desquels il ne faut pas passer », nous explique-t-il.

Le pilote maritime assiste le commandant d’un navire dans ses manœuvres d’entrée et de sortie de port, dans les chenaux, etc. Ils sont recruté au plus haut niveau, celui de capitaine de 1ère classe de Marine marchande, et doivent ensuite passer un concours proposé dans le port recruteur. Ils y effectuent ensuite l’ensemble de leur carrière. C’est le cas à Mayotte où un même pilote doit exercer 20 ans avant de prendre sa retraite. Pas de turnover donc dans cette profession sur le territoire. Ils se rendent à bord des navires (portes-containers, paquebot, pétrolier, etc.) au moyen d’une pilotine, armée par quatre marins locaux, Affane Houmadi, Hacki Djoumoi, Hervé Mahavaly et Nidhoimi Ali, eux aussi « fidèles au poste depuis des années ».

Pour relever le challenge d’organiser le grand raout des pilotes et de leurs familles, il fallait parvenir à regrouper les arrivants dans un même lieu, et dans des établissements hôteliers qui tiennent le coup au niveau prestations. Compliqué à Mayotte, et c’est le site de Sakouli qui fut retenu, ainsi que Ololo, et ses bungalows qui ont fait leur preuve.

Gilles Perzo, de dos, VHF en main, pilote le Nivôse

L’insécurité a refroidi plusieurs stations

« Nous sommes 329 pilotes répartis sur 29 stations. Les plus grosses comptent une cinquantaine de pilotes, comme la Seine ou Marseille, quand il n’y en a qu’un seul à Saint-Pierre et Miquelon, et 3 à Mayotte. Sur l’ensemble des stations, neuf ont répondu présent, dix avec Mayotte: Le Havre, la Seine, Toulon, Marseille, Adour (Bayonne), La Rochelle, Dunkerque, la Loire, La Réunion et Bordeaux. Malheureusement ce dernier a vu son vol annulé car avec une escale par La Réunion au moment où le plan ORSEC était déclenché en raison du cyclone Freddy. Beaucoup de représentants de stations ont renoncé à venir en raison des échos sur l’insécurité à Mayotte, d’autres, comme Tahiti ou la Nouvelle Calédonie, pour la durée du voyage, et d’autres encore, ont invoqué la cherté des billets d’avion. »

Le BFE se tient sur deux jours. Ce mardi, la réunion ne concernait que les stations de groupement de zones, celui de l’océan Indien en l’occurrence, avec donc La Réunion et Mayotte. Étaient présents le secrétaire général de la préfecture, la commandant du port de Longoni, l’administrateur des affaires maritimes, le chef de sécurité des navires. « Nous avons plaidé pour être sollicité sur le territoire lorsqu’une expertise maritime est nécessaire, comme pour le projet du pont ou d’un téléphérique entre Grande Terre et Petite terre pour lesquels nous avons des contraintes.Nous avons parlé sureté et attractivité de Mayotte. » Un pilote est récemment intervenu avec succès lors l’échouage de la barge Mbiwi à Mamoudzou.

La pilotine Manta de Longoni

Nous reviendrons sur le BFE qui se tiendra se mardi avec l’ensemble des stations de pilotage maritimes, les présents, et les autres en visioconférence, et qui permettra de présenter la station de Mayotte, les problématiques locales, régionales, de l’ensemble des stations de pilotage maritime.

Anne Perzo-Lafond

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