La police municipale de Mamoudzou poursuit sa mutation. Le précédent maire Majani avait mis l’accent sur la professionnalisation et la dotation des équipes en matériels, l’actuel, Ambdilwahedou Soumaila, réorganise entièrement son fonctionnement. Une tâche qu’il a confiée en novembre 2021 à l’ancien capitaine de police nationale Chaharoumani Chamassi, en le nommant à la tête de la Division de la prévention et de la sécurité urbaine (DPSU).
« Notre police municipale doit rester une police de l’ultra-proximité », nous avait alors signalé le capitaine, en rajoutant avoir sectorisé Mamoudzou avec affectation de patrouilles pour chacun d’entre eux, en suivant sa maxime ORA, Observer, Renseigner, Appeler.
Et les premières opérations portent leurs fruits, avec à la clé, des contrôles et des secours aux personnes, nous explique-t-il : « La semaine dernière à 4h du matin une femme de nationalité comorienne d’une vingtaine d’années était en train d’accoucher au bord de la route de la Convalescence à Mamoudzou. La police municipale et les pompiers sont intervenus dans des conditions difficiles pour aider la maman sur place. Une petite fille est née saine et sauve, Dieu merci, et la maman se porte bien. » Une situation de détresse qui s’explique : « Cette dame vivait sur les hauteurs du quartiers Lazerevouni à Kaweni sans accès pour les service de secours, elle a donc du descendre la colline de la Convalescence pour rejoindre la route. »
Et ça y est, depuis le lundi 11 avril, la police municipale de Mamoudzou et ses 42 hommes et femme (il n’y en a qu’une pour l’instant), travaille par secteur, doté chacun d’une patrouille pour améliorer la rapidité des interventions et avoir plus de présence. Elle privilégie aussi les patrouilles pédestres, notamment rue du Commerce à Mamoudzou, « dans la logique d’une police d’ultra-proximité ». 15 autres agents vont être recrutés et sont actuellement en formation.
Prostituées, brochettis et épaves, la PM sur tous les fronts
C’est surtout la nuit qu’i faut occuper le terrain et que la police municipale est sollicitée, la réorganisation du service en tient compte. Les unités de nuit de la DPSU de Mamoudzou ont mené des opérations dans le cadre de la prévention, la lutte contre la prostitution de rue et la lutte contre l’insécurité. « Il y a quinze jours, la brigade est intervenue avec le soutien de la brigade cynophile dans la descente vers le rond-point Zena Mdéré et entre la BFC et l’hôtel Caribou pour faire partir les prostituées qui exercent leur activité dans cette zone. » Les identités d’une quinzaine de personnes ont été relevées, qui ont été priées de quitter les lieux. Gyrophare de la police à l’appui.
Un brochetti de bord de route, en contrebas du Bar Fly, a du fermer boutique, « il n’avait pas d’autorisation, et ne respectait par les mesures d’hygiène et sanitaires ». Des contrôles administratifs ont été effectués sur les restaurateurs occupants les passages piétons avec des tables, chaises et des chapiteaux sans autorisation. Des chapiteaux ont été démontés en présence de la Police.
Une personne « en état d’ivresse manifeste », allongée entre le trottoir et la chaussée en face de la MJC de Mtsapéré, a été prise en charge.
« A Mayotte, ce n’est pas trop tard »
La police municipale a également un œil sur les véhicules en voie d’ « épavisation », « une voiture abandonnée à proximité de la plage Dinga dinga à Passamainty a été enlevée sur appel de la police municipale ». D’autres départs en fourrière ont concerné des véhicules « en stationnement abusif », et obstruant les passages piéton au centre ville de Mamoudzou, et celui des bus scolaires.
Cela arrive aussi, les policiers municipaux ont également été appelés pour un départ de feu accidentel sur une voiture au rond-point Dinga dinga, les pompiers ont du intervenir.
Une présence visible, pour dissuader les délinquants et rassurer la population.
Pour Chaharoumani Chamassi, tout peut encore être tenté à Mayotte: « Ici, on peut rentrer chez soi en tenue, il n’y a pas de haine de l’uniforme comme en métropole. Dans le Transilien, un collègue en civil a été identifié comme policier uniquement à cause de ses chaussures, il s’est fait tabasser », le quotidien Sud-Ouest avait rapporté les faits. C’est qu’on a coupé les liens avec la population, pour le directeur de la DPSU, « en métropole, quand il y a un problème, on avance, on charge. On ne tente plus assez la médiation, pare que le lien en amont est rompu dans certains quartiers. A Mayotte, ce n’est pas trop tard, mais nous devons continuer à organiser des réunions où tous les acteurs sont présents ».
Une réorganisation qu’il espère payante jusqu’à la contribution de résolution d’affaire judiciaires grâce à la police municipale.
On devrait bientôt en entendre parler, le capitaine compte aller plus loin en innovant dans d’autres dispositifs pour accroitre encore la proximité avec les habitants.
Anne Perzo-Lafond