Y a-t-il un rapport scientifique préconisant le transfert du projet de piste longue depuis Petite Terre vers Bouyouni en Grande Terre ? C’est la question déjà posée par le sénateur Saïd Omar Oili aux scientifiques de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP) dont ceux du Revosima et du BRGM, qui expliquaient ne pas avoir été consultés. Cette question, celui qui est aussi l’ancien maire de Dzaoudzi Labattoir (Petite Terre), l’a posée de nouveau jeudi dernier mais à la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) à qui il demandait de revoir leur copie. Plus exactement à l’ancien directeur de cabinet de son directeur, Jean Gouadain, devenu directeur adjoint du ministre en charge des Transports, François Durovray.
« J’ai demandé d’avoir accès aux études comparatives sur lesquelles le ministre disait se baser lors de la réunion du 7 mai 2024 pour privilégier l’emplacement au Nord de Grande Terre », nous explique le sénateur mahorais qui relaie ainsi sa propre demande par courrier d’il y a quelques mois. « Monsieur Gouadain s’est montré très étonné que je n’ai pas eu accès aux informations et s’est engagé à me donner tous les éléments, car les scientifiques de l’IPGP et du BRGM me disent que ce rapport n’existe pas ».
Surélévation de l’ouvrage… et du prix

L’arbitrage se fera sur les simulations budgétaires des deux projets, mais le sénateur explique ne pas les avoir.
Autre préoccupation, le devenir de la piste actuelle lors des épisodes de grandes marées, qui est annoncée comme impraticable par période dès 2035, « c’est dans dix ans, cela implique une prise de décision urgente, sinon Mayotte sera complètement isolée ». Une priorité qu’il demandera au nouveau gouvernement de porter… dans un contexte budgétaire contraint. Rappelons qu’après le brusque enfoncement de Petite Terre lié à la vidange de la chambre magmatique combiné à une élévation du niveau de la mer, décision avait été prise de prévoir une surélévation de 7 à 8 mètres de la piste, c’est considérable. Il faudrait acheminer 40 tonnes de roche. Le projet avoisinerait les 500 à 700 millions d’euros avait indiqué il y a deux ans le Comité de pilotage de la piste longue.
Si on peut comprendre la volonté de chercher un autre site, pour le sénateur la décision doit être prise après avoir examiné tous les avantages/inconvénients des deux projets, « pour cela, il faut pouvoir consulter les rapports dont on entend parler mais qu’on n’a jamais vus. Nous demandons encore une fois de la transparence ».
Anne Perzo-Lafond