« Mayotte place nette » : Said Omar Oili dénonce un manque de préparation

Le sénateur mahorais interroge sur le bilan de la première démonstration de muscle lors de Wuambushu, dans une interview sur Public Sénat. Et estime que le compte n’y est pas.

Avec une constance qu’on ne peut leur reprocher, les deux sénateurs de Mayotte demandent que soit dressé un retour d’expérience des mesures déjà prises en matière de lutte contre l’immigration et la délinquance. Pour Thani Mohamed Soilihi, il s’agit de tirer des leçons de la loi de 2018 avec ses propres amendements de restriction de droit du sol, et pour Saïd Omar Oiil, de poser le bilan de Wuambushu, avant même de passer à la saison 2, « Mayotte place nette ». Faute de ce travail, ce dernier estime dans une interview donnée à Public Sénat que les deux opérations s’apparentent à de la communication.

De la communication, mais pas à l’endroit des élus mahorais se plaint-il, « Quand on fait ‘place nette’ à Marseille, le maire de Marseille et les parlementaires sont au courant, ici ce n’est pas le cas ».

Gueule de bois après Wuambushu

Il rajoute que la délinquance s’est accrue après l’opération, « après la fin de « Wuambushu 1 », nous n’avons jamais connu autant de violence à Mayotte ». A nuancer tant il est difficile de savoir si la situation ne se serait pas dégradée sans cette opération, mais en tout cas on peut penser que le fait de retirer massivement les forces de l’ordre, remobilisées sur les émeutes de Paris l’année dernière, a laissé le champ libre aux bandes de délinquants, qui s’en sont donnés à cœur joie sur les automobilistes. Car pendant la mise en place de Wuambushu, aucune politique sociale n’a été déclinée, alors que c’est bien ce qui doit prendre le relais sous peine de rester dans un état policier.

Bilan mitigé pour Wuambushu

En dehors d’une demande de co-construction des opérations avec les élus du territoire, Saïd Omar Oili prêche d’ailleurs pour deux solutions : face à une délinquance juvénile, installer davantage d’éducateurs de rue, des maisons d’associations, et mettre fin aux cartes de séjours territorialisés : « Lorsque j’étais professeur, j’ai eu des élèves qui ont obtenu une mention très bien au bac mais, parce qu’ils n’ont pas la nationalité française ou parce qu’ils ont la carte de séjour territorialisée, leur scolarité s’arrête là. Ils sont sans perspectives et ils disent que la République les a trahis. Vous croyez qu’avec la force, on va régler tous ces problèmes ? »

Il voit dans la suppression du droit du sol une mesure qui n’aura « aucun effet » et qui « nous éloigne de la République parce que c’est une exception au droit commun », alors que la suppression des cartes de séjour térritorialisées « nous renforcerait dans la République en nous permettant de revenir dans le droit commun ». Et appelle à un « véritable plan Marshall pour développer ce territoire ».

A.P-L.

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