Dans un courrier adressé au ministre des Outre-mer, Manuel Valls, les trois présidents (Sébastien MARTIN, Lyliane PIQUION-SALOME, et Ali Moussa MOUSSA BEN) reconnaissent des signaux positifs, notamment la création d’un établissement public dédié, ainsi que la qualité du dialogue sur le terrain. Cependant, malgré la démarche de co-construction engagée et les multiples propositions détaillées depuis janvier, ils déplorent que leurs contributions soient restées sans écho dans le texte de loi. « Ce silence est assourdissant », écrivent-ils, soulignant le risque d’une refondation décidée sans les territoires. Les trois associations pointent les conséquences potentielles d’une loi qui, sous couvert d’agir vite, risque « d’obérer l’avenir ».
Une refondation en trompe-l’œil et une crise de confiance

Les crédits de plus de 3 milliards d’euros annoncés sont quasi exclusivement fléchés sur des projets d’État déjà préexistants au cyclone. La loi omet les 10 milliards d’euros d’investissements estimés par les acteurs locaux pour la reconstruction des services essentiels portés par les collectivités mahoraises (eau, déchets, voirie, habitat), pour lesquels ils avaient proposé une maquette financière pluri-fonds (État, Union européenne, privé). Pire, le fonds d’amorçage de 100 millions d’euros annoncé apparaît comme très insuffisant, alors que six mois après la catastrophe, les collectivités « attendent toujours le remboursement des fonds promis par l’État » pour les dépenses d’urgence, provoquant des ruptures de trésorerie et une seconde crise économique.
En ignorant les demandes des élus locaux, et en présentant une loi imparfaite dans la précipitation, l’État risque d’aboutir à l’inverse de l’objectif recherché : des « difficultés sociales, économiques et politiques immenses » et le sentiment pour la population d’être « abandonnée ».
En l’état, la loi « laisse une part croissante de la population dans une situation indigne, bien en deçà des standards minimaux de la République ». Faute de moyens pour une reconstruction résiliente, elle ne prévient pas les futurs risques, mais programme au contraire les prochaines catastrophes.

« Nous voulons croire à la refondation. Le travail engagé sur le terrain avec les services de l’État est prometteur. Mais il faut que la loi suive. Une refondation réussie à Mayotte peut ouvrir une voie ambitieuse pour la France dans l’océan Indien. Il serait dramatique que la Nation et Mayotte passent à côté de leur destin commun à cause d’une loi qui peut encore être améliorée », indique Ali Moussa MOUSSA BEN, président d’Interco 976.