C’est devant un amphi plein à craquer et face aux principaux acteurs publics et privés engagés dans la reconstruction du territoire que Christian Traoré, fondateur de CT consulting & Formation, est intervenu pour expliquer les différentes procédures concernant la loi d’urgence pour Mayotte. Car en effet cette loi, adoptée 24 février dernier, nécessite de comprendre comment fonctionne l’attribution des différents marchés et quelles sont les entreprises qui peuvent y répondre et y prétendre sans être mises à l’écart par manque d’informations suffisantes ou de non-respect des procédures. Car oui, et c’est aussi une des spécificités de la loi française, et a fortiori de cette loi d’urgence, à savoir sa grande complexité même pour un public avisé, averti et habitué à répondre à ce genre de marchés publics.

Le cabinet CT consulting & Formation a ainsi tenté de répondre aux questions de l’assistance en faisant preuve d’un maximum de pédagogie au travers d’échanges et d’interactions afin de faire un décryptage juridique clair et concis pour proposer des solutions concrètes aux acteurs économiques publics et privés du territoire. En effet, il est important pour les acteurs locaux, qui veulent participer à la (re)construction de Mayotte, de savoir quand et comment s’y prendre afin de ne pas être écartés des différents marchés.
Beaucoup de questions pratico-pratiques et de procédures
Pendant près de 4 heures il a été question du futur de Mayotte : va-t-elle avoir le statut de département-région et avec quelles conséquences ? Les problèmes de gouvernance et le rôle des collectivités locales dans cette reconstruction ? Quelles formations mettre en place pour répondre aux besoins du territoire ? Des questions autour de la commande publique, des problèmes d’ingénierie et de la maîtrise d’ouvrage. Quelles solutions pour améliorer la mobilité et comment construire vite et à des prix raisonnables ? Comment redynamiser l’activité économique alors que de nombreux salariés sont encore au chômage partiel ? (…)

Selon le président du Medef, Fahardine Mohamed, sur les un peu plus de 4.200 entreprises « qui sont à jour… », 1.200 ont demandé des aides pour le chômage partiel. « Ce sont ainsi environ 13.000 salariés du privé qui sont en chômage partiel sur les 25.000 que comptent le secteur privé. Que va-t-il se passer après le 30 juin, une fois que les aides auront pris fin ? », s’alarme-t-il. Comment faire en sorte d’améliorer les délais de paiement ? Ou encore comment faire pour être assuré alors que les principaux acteurs du secteur veulent se désengager de l’île… et où seulement 12% des entreprise sont assurées et 8% de particuliers. Bref autant de questions et d’interrogations qui ont nourri les échanges durant toute la matinée.
« Mener une réflexion en interne pour pouvoir se saisir des possibilités offertes »
Nous avons pu interroger Christian Traoré concernant les solutions à apporter pour accompagner les acteurs du territoire justement. Et pour lui, avant tout chose ou toute action, il convient d’abord de faire un audit. « La première priorité est de faire un audit pour se poser les bonnes questions… Suis-je en mesure de capter tel ou tel marché ? Suis-je capable de trouver des marchés ? Mais aussi de répondre en temps et en heure aux exigences et aux besoins ? Ai-je suffisamment de capacités d’adaptation et d’anticipation ? ».

Car pour le fondateur de CT consulting & Formation, ce territoire a du potentiel mais la loi d’urgence est complexe, il faut alors mener une réflexion à l’échelle de chaque entité, chaque collectivité, chaque structure pour identifier les besoins. « C’est une réflexion en interne pour pouvoir se saisir des possibilités offertes. Cela demande du temps et des études…, c’est un travail d’équipe », a-t-il insisté.
Il recommande donc de se faire accompagner afin d’identifier les dossiers concernés par la reconstruction et ainsi voir quelles sont les priorités pour passer les marchés. « Les priorités seront différentes en fonction des dégâts et des donneurs d’ordres… Les attentes ne sont pas les mêmes selon si c’est un établissement scolaire ou un établissement public par exemple. Il faut ainsi comprendre où sont les enjeux et mener ensuite les actions. Pour cela, il faut être proactif, être facilitateur, pour créer un éco système favorable à une mise en œuvre rapide et ainsi accélérer la reconstruction ».
B.J.