Les sénateurs examinent un projet de loi d’urgence considérablement enrichi

Comme leurs collègues députés, c’est en Commission des Affaires économiques que les sénateurs ont vu arriver un texte amendé. Deux articles ont disparu, et d’autres ont été abondés de plusieurs points destinés à sécuriser le secteur économique mahorais.

Après avoir été remanié et adopté par les députés à une très large majorité, le projet de loi d’urgence pour Mayotte est arrivé au Sénat ce mercredi soir selon la même procédure accélérée engagée par le gouvernement le 8 janvier 2025. Comme à l’Assemblée nationale, il a d’abord été débattu en Commission des Affaires économiques, mais c’est un texte modifié qu’ont eu les sénateurs entre les mains. Pour consulter le projet de loi adopté par l’Assemblée nationale et transmis au Sénat, cliquer ICI.

La sénatrice Salama Ramia au Sénat lors des questions au Gouvernement sur le projet de loi d’urgence

Deux articles ont été supprimés, d’autres considérablement amendés. L’article 10 donnant à l’Etat des pouvoirs supplémentaires en matière d’expropriation, a été sorti, un sujet que nous avons largement abordé la semaine dernière et qui fait couler beaucoup d’encre. La dernière étant celle du sénateur Saïd Omar Oili, qui dans un communiqué revient sur le régime dit de « l’immatriculation » en vigueur jusqu’en 2007 qui n’imposait pas une publicité foncière, et qui conclut, « Je partage l’avis de supprimer cet article 10, et je propose que la question foncière sur Mayotte se concentre sur les terrains publics pour l’aménagement de notre territoire ». Encore faut-il qu’ils soient aménageables, et l’exemple du 2ème hôpital à Tsingoni est parlant. Un sujet qui mérite de plus amples débats à Mayotte.

A également été supprimé, l’article 3 qui facilitait l’implantation d’hébergements d’urgence temporaires pour les habitants sinistrés par le cyclone en les dispensant des formalités au titre du code de l’urbanisme. Une solution pour éviter la reconstruction de cases en tôles précaires qui n’a donc pas été retenue. Il faut dire que dans la semaine qui suivait, les cases avaient déjà été rebâties…

Le taux de marge comme condition de sélection

Les cases en tôle aussitôt reconstruites

D’autres articles ont été abondés. Plusieurs concernent les marchés publics. La presse réunionnaise faisait notamment mention d’entreprises du département voisin sur les rangs pour y répondre. Un plus pour l’apport de concurrence et faire baisser les prix du BTP, mais avec le point de vigilance de permettre aux entreprises mahoraises déjà fragilisées, de ne pas voir des marchés leur passer sous le nez. C’est pourquoi, une mention précise que le titulaire du marché s’engage à confier une part du contrat à des petites et moyennes entreprises locales ou à des artisans locaux. Elles doivent également mentionner dans leurs offres leur taux de marge, « les acheteurs peuvent écarter les offres pour lesquelles ces taux sont anormalement élevés ou anormalement bas. »

Également, le gouvernement s’engage à remettre en Parlement chaque année jusqu’en 2035, l’avancement et la planification des reconstructions opérées à la suite du cyclone Chido « ainsi qu’un bilan budgétaire des opérations et un budget prévisionnel des affectations futures. »

Un article 29 précise aussi les gros investissements à mener au titre de la loi Programme, il y en a 14, parmi lesquels la piste longue « convergente à Dzaoudzi-Pamandzi », en évacuant donc le projet de transfert à Bouyouni, un 3ème quai au port de Longoni, le contournement de Mamoudzou, le haut-débit, la 3ème retenue collinaire d’Ourovéni, dont nous avons rapporté la sécurisation du foncier, des unités de dessalement, un second hôpital, un palais de justice, un 2ème centre de détention, une base navale en Grande-Terre, etc. Aucun engagement autre dans cet article pour le gouvernement que de produire un rapport sur « l’opportunité de réaliser ces infrastructures », avec « les montants à engager » pour chacune, mais c’est le projet de loi Programme qui sera à travailler sur ces sujets.

Ces modifications actées par Manuel Valls, puis en séance par l’Assemblée nationale, sont bien la preuve que les apports des élus peuvent être intégrés a contrario de ce qui avait été affirmé en janvier 2022 sur le premier jet transmis aux conseillers départementaux.

Le projet de loi sera discuté en séance publique du Sénat les 3 et (si besoin) 4 février 2025.

Anne Perzo-Lafond

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

SMAE : coupure d’eau à Ironi-Bé en raison d’une conduite cassée

La SMAE informe les usagers d’une coupure de la...

À Kawéni, une journée pour projeter le village dans son avenir urbain et social

Le 26 juin, élus, habitants et partenaires institutionnels se sont réunis à Kawéni pour présenter les projets du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPRU) et poser symboliquement la première pierre du futur stade municipal.

Avec l’ESAT, Mayotte franchit un cap historique pour l’insertion des personnes en situation de handicap

La CCSUD, la Ville de Mamoudzou, le SIDEVAM et Edeis Aéroport Mayotte, ont, ce jeudi 26 juin, signé des conventions de partenariat avec le tout nouvel Établissement et Service d’Accompagnement par le Travail (ESAT Tarehi) géré par l'APAJH, afin que la structure puisse démarrer sa mission d’insertion à l’emploi des personnes en situation de handicap. Un “moment historique” qui va permettre d’offrir un cadre professionnel, adapté et sécurisé à 50 personnes à travers le territoire.

Environnement : L’association Messo encourage les pratiques écologiques plus responsables

Dans le cadre de son engagement pour un développement plus durable à Mayotte, l’association Messo a procédé à l’installation de bacs de compostage en bambou au Pôle d’Excellence Rural (PER) de Coconi ce jeudi matin.