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Point sur les contributions financières de la France à l'Union des Comores

Selon l’Agence Française de Développement (AFD), l’Union des Comores fait partie des 17 pays prioritaires de l’aide française. Mais les montants annoncés restent minimes au regard de la volonté affichée d’impulser un développement qui doit combler le fossé avec Mayotte.

La France est le premier bailleur de l’Union des Comores, à travers plusieurs actions évaluées entre 25% et 45% des engagements annuels d’aide publique au développement

Dans le cadre d’une programmation conjointe européenne, (Union Européenne et France), une aide de 135 millions d’euros est apportée en appui du programme national de développement comorien sur la période 2014-2020, indique le Sénat dans un document daté de 2016 intitulé « Les Comores, une relation avec la France au prisme de Mayotte ».

L’AFD indique avoir engagé plus de 61 millions d’euros sur la période 2009-2016, à travers un accompagnement dans trois domaines, la santé, l’eau et le secteur privé. Insuffisant si l’on considère les déplacements pour raison médicale de la population comorienne à Mayotte.

Ramené à l’année, l’AFD aura contribué à hauteur de 8 millions d’euros, et le programme européen, grâce à la participation française, à 22,5 millions d’euros, soit 30 millions d’euros au total. Ces montants sont, on espère, pas exhaustifs.

Car c’est une goutte d’eau au regard des transferts financiers en provenance de la diaspora comorienne en France. Que ce soit en métropole ou à Mayotte, elle est estimée en 2016 à 370.000 personnes pour 790.000 habitants en Union des Comores, soit presque la moitié. « Les transferts unilatéraux de cette diaspora comptent pour 25% du PIB », chiffré à 620 millions de dollars, indique le Sénat, soit 500 millions d’euros euros. La contribution est donc de 125 millions d’euros environ chaque année. Énorme. Une somme d’argent que chaque ressortissant (340 euros par an) envoie aux membres de sa famille restés aux Comores, et qui n’est donc pas reversée en métropole ou à Mayotte.

En sous-développement malgré la participation de sa population

En cumulant ces montants, c’est donc environ 160 millions d’euros qui quittent chaque année le territoire national pour arriver sur le sol comorien, mais dont 80% proviennent de la diaspora. Un appui de ses ressortissants dont ne pourrait se passer l’Union des Comores : le transfert des migrants a permis de reclasser par le FMI, le risque pesant sur sa dette  d’ « élevé » à « modéré », explique le site du ministère français de l’économie et des finances.

Qui donne un exemple des difficultés de développement du pays, malgré cette forte contribution : « Le taux de croissance de l’économie comorienne a atteint +1% en 2015 et devait s’élever à 2,2% en 2016. En 2015-2016, l’activité économique a été particulièrement perturbée par les défaillances dans la production, la transmission et la distribution d’électricité », un pays qui peine à enclencher son développement, basé sur les productions de vanille, de girofle et d’ylang. Et ce malgré des apports de pays étrangers, comme ce « don » apporté par l’Arabie Saoudite aux Comores en décembre 2015, qui se monte à 40 M€, soit 8% du PIB.

Amitié et coopération sont sur un bateau…

Le dispensaire Jacaranda

Les dépenses du gouvernement français ne s’arrêtent pas là, puisqu’il faut ajouter le coût généré par l’immigration clandestine à Mayotte. Le chiffre de 75 millions d’euros avait été avancé, qu’il est difficile de confirmer, qui recouvre les moyens de lutte, mais aussi une partie des investissements nécessaire à la pression sur la scolarité et sur la santé.

Surtout, la France demeure un partenaire commercial majeur, 3e fournisseur et 2e client en 2015, nous indique le ministère des Finances. Elle garantit la convertibilité illimitée du Franc comorien et dispose d’une représentation à hauteur de 50% au conseil d’administration de la BCC, la Banque centrale des Comores. « Cette dernière est un pilier de la stabilité économique du pays dans un contexte de fragilité économique et de vulnérabilité marquée du système financier ».

Le Sénat rappelle que le 21 juin 2013, les précédents présidents Dhoinine et Hollande avaient signé à Paris la « déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre la France et les Comores » qui visait à renforcer la coopération dans plusieurs domaines, notamment sur les questions de circulation des personnes, de sécurité en mer et de contrôle des migrations clandestines. « Un dialogue politique renforcé a ainsi été ouvert avec la création d’un ‘Haut conseil paritaire’ (HCP) qui se réunit chaque année ». On a vu ses limites. Le président Macron fera-t-il mieux avec la poursuite de la feuille de route ?

Pour l’instant c’est un échec, les relations se sont tendues entre Mayotte et les Comores, ces dernières avancent l’application de la feuille de route comme préalable, quand Mayotte demande l’accueil des reconduites. L’arrêt de la délivrance des visas à des personnalités qui ont la double nationalité n’a eu que peu d’effet, en tout cas si l’on en croit le ministre comorien des Affaires étrangères. C’est donc essentiellement sur les plans commercial et/ou monétaire, que les pressions pourraient se faire.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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