Le président de la Chambre d’agriculture fait le point lors de l’inauguration de sa 1ère antenne à Mtsamboro

La CAPAM a redressé la barre, et élargit son rayon d’action territorial. En matière d’agriculture, « on y voit plus clair », rapporte son président qui est moins optimiste pour la pêche.

Le maire de Mtsamboro poursuit dans la logique de son prédécesseur qui avait implanté une Maison France Service dans la commune : « Il s’agit de continuer à proposer des services aux administrés, tout en désengorgeant les grands axes de circulation vers Mamoudzou », se réjouit Laïthidine Ben Saïd. Et ce n’est pas innocent si un partenariat entre sa commune et la Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’Aquaculture (CAPAM) a été signé ce vendredi : « Sur les 3.400 pêcheurs et les 3.000 agriculteurs de Mayotte, les deux-tiers sont dans la commune ».

Une commune à la fois agricole, et à la fois tournée vers la mer pour ses ressources mais aussi pour le tourisme, comme le souligne avec force détermination la 5ème vice-présidente de la Communauté d’Agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM), Chaybati Hassani : « La pêche et l’agriculture sont les signatures de notre territoire du Nord. Le développement de ce secteur primaire de l’économie appelle à conserver les savoirs faires tout en multipliant les bateaux de pêche dans un esprit de pratiques responsables. Le développement ne profitera au territoire qu’en passant par ce que sait faire la population locale. »

L’antenne de la CAPAM qui fait face à la Maison France Services, a été entièrement financée par la mairie, à hauteur de 80.000 euros. L’inauguration ce vendredi ne fait qu’officialiser une permanence qui se tient déjà depuis quelques semaines, « nous avons déjà reçu 300 agriculteurs dans le cadre de l’accompagnement à la Politique Agricole Commune 2021 qui se termine ce vendredi. Ils arrivent des villages environnants, Bandraboua, Acoua et Mtsangamouji. Et au vu de la demande, les permanences seront quotidiennes, avec sur place, les mêmes compétences qu’à Mamoudzou », retrace Boinali Saindou, collaborateur du président de la CAPAM et référent de la MSA (Mutuelle Sociale Agricole) à Mayotte.

Une grande partie de la pêche est artisanale à Mayotte. Pêcheur sur le lagon ce jeudi

Approvisionnement des cuisines centrales

L’antenne est également disponible pour la Direction de l’Agriculture, au conseil départemental, à la DMSOI (Affaires maritimes), au lycée agricole, aux syndicats agricoles, etc., annonce le président de la CAPAM, Anthoumani Saïd, qui s’exprimait devant un parterre de représentants de Groupement d’agriculteurs et de pêcheurs : « L’ouverture de cette antenne entre dans les actions de notre Contrat d’objectifs et de moyens 2020-2021. Cela permettra un meilleur accompagnement du projet alimentaire territorial ». Il s’agit entre autre d’approvisionner les cuisines centrales desservant les cantines scolaires, nous précise-t-il ensuite, « et cela concerne les agriculteurs et les pêcheurs. »

Des pêcheurs qui semblent toujours en ballotages aux côtés des actions de la CAPAM. Il s’explique : « Les 1.600 adhérents à la MSA sur le territoire sont tous des agriculteurs, parce qu’elle les concerne ». Les pêcheurs sont tous affiliés à la CSSM puisque l’ENIM, la sécurité sociale de la Marine Marchande et des pêcheurs n’est pas présente à Mayotte. Ce qui impacte négativement le secteur, « nous prenons en charge la formation des agriculteurs grâce à VIVEA* pour ceux qui sont affiliés à la MSA », c’est à dire qui sont en règle administrativement et qui possèdent un numéro de SIRET. « Les pêcheurs n’étant pas à la MSA, nous ne pouvons pas financer leur formation. »

A l’heure où le conseil départemental veut définir plus précisément le concept d’économie bleue, la filière pêche en est au même point depuis plusieurs années, rapporte Anthoumani Saïd qui ressemble à un prisonnier trainant un boulet quand il l’évoque : « Nous bénéficions de subventions allouées à l’agriculture, mais nous devons les partager avec la pêche. »

Divorce en 2025

Chaybati Hassani : « La pêche et l’agriculture sont les signatures de notre territoire du Nord »

Pour comprendre la situation, il faut remonter à la dette qui a bien failli avoir raison de la CAPAM, qui remonte peu à peu la pente : « Nous avons commencé à la rembourser pour la porter à 1,2 million d’euros, contre 1,8 million à notre arrivée. La situation s’est améliorée, notamment grâce à une meilleure subvention du conseil départemental, portée de 350.000 à 600.000 euros, et à des missions que nous menons. Cela bénéficie aussi à la pêche et à l’aquaculture qui ne nous rapportent rien en échange. Il faut toujours qu’ils créent leur comité de pêche, mais pour ça, il faudrait qu’ils s’entendent. » Depuis le temps que ce sujet est sur la table, on peut légitimement se demander si un accompagnement est mené, et s’il ne manque pas des compétences. « Pourtant la DAAF et la DMSOI les accompagnent. J’ai demandé une préfiguration de ce que pourrait être leur structure par la création d’une association de pêcheurs pour qu’ils obtiennent des dotations. Car en 2025, la Chambre se séparera des pêcheurs. » Un débat primordial au moment où « l’agriculture commence à y voir clair », et où « il faut s’organiser pour alimenter les cantines scolaires. »

Côté agriculteurs, certains sujets stagnent pourtant, et face à ce qui ressemble à un statu quo, Anthoumani Saïd a livré des propositions au projet de loi programme pour Mayotte : « Nous avons demandé que les agriculteurs puissent s’installer sur leur exploitation sans condition de surface qui sont de 20m2 maximum actuellement ». Une décision qui avait pour objectif de ne pas voir se transformer tous les champs en surface habitable et donc seulement en valorisation du foncier, mais qui prive les exploitants d’une surveillance permanente lors des vols des cultures et des dégradations par les makis. « D’un côté, l’Etat n’assure pas la sécurité, et de l’autre, il ne nous permet pas de le faire, tout en protégeant les makis. On ne s’en sort pas ! »

D’autres doléances ont été inscrites au projet de loi, « comme l’aide surfacique, qui est de 450 euros par an ici, contre 5.000 euros dans les autres DOM ».

Et la pêche s’est invitée au débat : « Nous avons demandé que des barques homologuées leur soient fournies en urgence car l’année prochaine, ils ne pourront plus les utiliser. Même ceux qui ont un champ sur l’îlot Mtsamboro et qui sont à la fois pêcheurs et agriculteurs, vont être empêché de s’y rendre. » Ils sont environ une cinquantaine à cultiver sur l’îlot.

Anne Perzo-Lafond

* VIVEA est le fonds d’assurance formation des actifs agricoles non-salariés

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