C’est au sein du technopôle de Dembéni que l’entreprise Potier, au travers de sa filiale I2M, avait convié l’ensemble des acteurs du secteur du BTP pour une journée autour du thème de la construction « hors site ». A en croire ses défenseurs, elle permettrait un gain de temps conséquent, pour un prix quasi équivalent à une construction classique, tout en répondant aux enjeux des territoires (sociaux, climatiques, économiques).
Reconstruire vite et mieux

Cela n’a échappé à personne, après Chido Mayotte a besoin de se (re)construire notamment en ce qui concerne les infrastructures du quotidien (écoles, bâtiments publics, crèches, bureaux, magasins, boutiques, etc. Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le « hors site » est un « processus de construction ou de rénovation intégrant la conception, la préfabrication, la logistique, le contrôle qualité, la mise en œuvre sur le chantier, et la démontabllité en fin de vie de sous-ensembles de bâtiments produits en dehors du chantier ».
Pour Aurélien Potier, directeur du groupe éponyme, la technique « hors site » serait une solution alternative et innovante pour accélérer la reconstruction du 101e département. « Cette technique offre un énorme potentiel…on construit mieux, plus vite, et de manière responsable en diminuant notamment les déchets et les nuisances sonores, mais aussi en respectant les normes environnementales. Cela peut être une alternative pour construire des logements et des équipements dont ce territoire a besoin ».

Pour lui c’est également l’opportunité de créer une nouvelle filière pourvoyeuse d’emplois. « Cela permettrait de structurer le tissu économique en créant une filière individuelle locale avec des ouvriers, des bureaux d’études, des ingénieurs, des techniciens, … ou encore favoriser la transformation des matériaux directement sur place et ainsi créer de la valeur ajoutée sur ce territoire ». Reconstruire Mayotte plus rapidement, plus intelligemment avec un modèle plus résilient et équitable en réduisant de 50% les temps de construction et les transports tout en diminuant de 70% l’impact environnemental, le « hors site » laisse rêveur !
Répondre aux enjeux et défis du territoire

C’est aussi tout l’enjeu de la reconstruction de Mayotte : « reconstruire autrement sans faire les mêmes erreurs que par le passé », insistait, il y a encore quelques mois, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls. « Le hors site est une construction en complément de l’existant… C’est à la fois de la simplification mais aussi une diminution de l’impact environnemental, notamment dans le choix des matériaux afin qu’ils soient renouvelables et recyclables comme l’acier par exemple », explique Pierric Martin, directeur de la société Hors Site Conseil et présent dans l’île depuis quelques jours.
« Ma première impression est que Mayotte se relève doucement… il y a de grosses difficultés mais il y a une énergie et une volonté de reconstruire qui sont impressionnantes. Je suis arrivé ici avec beaucoup d’humilité et je vais repartir avec énormément d’admiration », nous a-t-il confié. Selon lui, si l’on veut que le « hors site » se développe à Mayotte, il faut « faire filière. Que l’ensemble des acteurs et toutes les parties prenantes travaillent de concert (donneurs d’ordres, architectes, État, entreprises, etc.) afin que cette filière engendre de l’intégration sociale et qu’elle soit aussi génératrice d’emplois. Il faut que cela fasse l’objet d’un projet territorial pour que cela ait du sens ».

Pour Pierric Martin, les possibilités du « hors site » sont quasi illimitées. « On peut tout construire avec le hors site pour un coût quasi équivalent à une construction traditionnelle mais surtout en allant beaucoup plus vite ». Le groupe Hors Site a ainsi construit deux petits hôpitaux au Maroc en 4 ans seulement « au lieu de 7 ou 9 ans avec une construction classique ». Ou encore un centre d’hébergement pour migrants de 60 places, à côté de Tours, en à peine 7 mois !
Les seules contraintes et limites de cette technique sont l’élévation des bâtiments qui n’est pour l’instant que de R+1 (1 étage). « Nous faisons des démarches actuellement pour avoir une certification R+2 », nous a indiqué Aurélien Potier. Mais surtout la principale contrainte pour Pierric Martin est de lever les préjugés, les barrières. « Il faut que l’ensemble des acteurs soient tous convaincus et aient envie de travailler ensemble sur la durée afin de donner de la visibilité. A Mayotte par exemple, pour accompagner le développement de ce territoire, il faut aller vite et mettre en place une procédure d’urgence pour la construction notamment ».
B.J.