« Il faut que les fonds européens de cohésion demeurent afin que les régions les plus défavorisées puissent rattraper leur retard »

L’euro député Jean-Marc Germain était à Mayotte en fin de semaine dernière pour constater la situation sur notre territoire 4 mois après le passage de Chido, mais aussi pour s’imprégner des préoccupations des acteurs locaux afin de déposer prochainement un amendement au Parlement européen concernant les RUP.

Le chef de file du groupe socialiste au Parlement européen, Jean-Marc Germain, avait pris l’engagement, suite au passage du cyclone Chido, que son groupe ferait en sorte de soutenir la reconstruction de notre île. « A la tribune du Parlement j’avais promis que mon groupe serait là et que je viendrai à Mayotte. Je ne voulais pas venir tout de suite…j’ai préféré venir seul, 4 mois après Chido, afin de voir la situation sur place », raconte-t-il.

Arrivé vendredi en début d’après-midi, l’euro député a tout d’abord commencé sa visite en rencontrant le directeur général du syndicat des eaux de Mayotte, Ibrahim Aboubacar. « Je voulais me rendre compte du fonctionnement du syndicat et mesurer les difficultés rencontrées…il est évident que certains règlements européens ne peuvent s’appliquer stricto sensu dans les Régions ultrapériphériques (RUP) de l’UE, a fortiori à Mayotte ».

Adapter les normes et les règles européennes aux régions ultrapériphériques

Le Parlement européen, la voix des citoyens dans l’Union européenne (Image d’illustration)

Même si seuls quelques pays au sein de l’Union possèdent des territoires ultramarins (France, Espagne, Portugal, Hollande, Belgique, entre autres), l’euro député compte défendre bec et ongle le statut des RUP et leur développement devant le Parlement européen.

En effet, des projets comme une nouvelle retenue collinaire ou encore une station d’épuration à Mayotte sont éligibles aux fonds européens, mais cela demande des études approfondies et du temps. « La question de la production de l’eau et de son traitement est une question essentielle dans cette île…sans compter les spécificités foncières propres à ce territoire. Les règles et les normes européennes sont difficilement applicables ici. Il est nécessaire de faire des adaptations et trouver ainsi un équilibre ».

Durant sa visite, Jean-Marc Germain s’est également rendu à Bandraboua où il a rencontré notamment les membres du conseil municipal. « J’ai pu me rendre compte des dégâts causés par Chido…Par ailleurs, il y a de beaux projets d’équipements publics dans la commune comme une piscine, un stade ou encore un gymnase. C’est le genre de projets qui peuvent être financés par les fonds européens, ils doivent aussi servir à ça ! Et pour l’UE ce n’est pas grand-chose… ».

Un amendement pour maintenir le financement et le développement des RUP

Si Jean-Marc Germain est venu à Mayotte c’est aussi parce que son groupe compte déposer très prochainement un amendement en session plénière concernant les régions ultrapériphériques de l’Europe. En effet, au regard du contexte international et de la situation sur le vieux continent, notamment avec la guerre en Ukraine, la Commission européenne compte procéder à certains ajustements budgétaires. Elle souhaite ainsi réviser les règles sur la consommation des fonds européens… « La Commission entend supprimer les fonds aux endroits qui ne les consomment pas ce qui est notamment le cas à Mayotte. Elle veut également faire des réajustements budgétaires au sujet des fonds de cohésion qui sont notamment une ressource de financements pour les RUP, nous confie l’euro député. Ce qui pour le groupe socialiste que je représente est impossible ! ».

Le Parlement européen durant une session plénière (DR : europarl.europa.eu)

A travers l’amendement qu’il compte déposer, Jean-Marc Germain souhaite que les préoccupations des régions ultrapériphériques soit mentionnées. « Je ne veux pas que les RUP passent à la trappe. Il faut que les fonds européens régionaux et de cohésion demeurent afin que les régions les plus défavorisées, et Mayotte en fait partie, puissent rattraper leur retard. Nous voulons garder la main concernant la gestion des RUP pour notamment adapter les aides en fonction du niveau de vie ».

Aussi, afin que son amendement puisse être déposé, les collaborateurs de l’euro député agissent discrètement en coulisse … « En ce moment et durant tout le week-end mes collaborateurs vont faire la chasse aux signatures auprès de députés européens pour qu’il puisse être recevable…Lors de mon intervention orale devant le Parlement j’interpellerai ainsi l’UE sur le cas des RUP ». Le chef de file du groupe socialiste à Strasbourg compte également mener des discussions avec ses homologues des autres partis européens pour que son amendement soit adopté. « Je vais négocier avec les autres chefs de file pour que mon amendement passe ».

En outre, comme nous l’a indiqué Jean-Marc Germain, suite aux fortes inondations survenues à Valence en Espagne l’année dernière, l’UE a créé le fonds européen RESTORE (Regional Emergency Support to Reconstruction) pour faire face aux catastrophes naturelles, doté d’un budget de 3 milliards d’euros. C’est insuffisant certes, mais Mayotte devrait pouvoir en profiter afin de financer une partie de sa reconstruction, selon l’élu. Par ailleurs, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé il y quelques temps qu’une aide spécifique serait accordée à Mayotte…

Enfin, l’euro député compte par la suite déposer un second amendement, toujours au sujet des RUP, avec la création d’une « Child Guarantee ». « Il s’agira de proposer une palette de mesures minimales afin que les enfants vivants dans les RUP puissent avoir un niveau de vie minimum garanti. Et ce même s’il faut forcer la main à la Commission », a insisté Jean-Marc Germain.

B.J.

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