Kayzie Mohamed Hachim, à 18 ans, une vie dédiée au judo

Originaire de Pamandzi, la jeune judoka Kayzie Mohamed Hachim, 18 ans depuis janvier dernier, vient de participer à ses troisièmes championnats de France Juniors ce 29 mars. Éliminée en huitième de finale, elle continue de perfectionner son art, d'écrire son histoire et de représenter Mayotte dans ce sport qu’elle a débuté à l’âge de trois ans. Moments de joies mais aussi contraintes, sa mère, Zaouiya Maandhui, témoigne d’une vie dédiée au judo.

Pour sa troisième participation aux championnats de France Juniors de première division, Kayzie Mohamed Hachim, originaire de Pamandzi, n’a pas démérité malgré une défaite en huitième de finale dans la catégorie des moins de 57 kg. « Elle n’a pas su canaliser son stress », analyse sa mère, Zaouiya Maandhui, quelques jours après la compétition qui s’est déroulée le 29 mars à Villebon-sur-Yvette dans le sud de Paris. « Il y avait ses coachs et sa famille dans la salle, elle veut tellement bien faire tout le temps, mais là ça s’est retourné contre elle ».

Des sacrifices nécessaires pour s’améliorer

Pour la première jeune talent mahorais à participer à cette compétition, la défaite ne va pas la décourager à poursuivre ses rêves de carrière sur la scène nationale et internationale, bien au contraire. Depuis ses 3 ans, Kayzie enchaîne les combats sur les tatamis. Après avoir fait ses premières armes au Ringa Club de Pamandzi, elle quitte Mayotte pour s’installer à La Réunion et réaliser son premier objectif : rejoindre le pôle espoir judo. Plus que sa passion, la discipline devient alors sa raison de vivre.

Kayzie Mohamed Hachim, judo, portrait, Pamandzi, Mayotte
Mayotte, La Réunion, Bordeaux et désormais Bourg-la-Reine dans un club d’élite, Kayzie gravit les échelons du judo.

« Elle a grandi dans une famille de sportifs et surtout de judokas, comme son père, son tonton, son cousin…, et on l’a toujours soutenue, elle est bien entourée », remarque Zaouiya Maandhui, qui avait à l’époque demandé à être mutée à La Réunion pour suivre le parcours de sa fille. « C’est beaucoup de sacrifices, mais c’est comme ça qu’on doit faire pour forger les jeunes talents. Ça n’a pas été facile pour moi et pour elle ».

A Saint-Denis, loin de chez elle, en pleine adolescence et avec une vie sociale à reconstruire, c’est grâce à sa mère mais aussi au judo que Kayzie trouve son rythme. Routine d’entraînement, préparation aux combats…, ses repères reviennent et très vite elle enchaîne les médailles, jusqu’à obtenir la fameuse ceinture noire. « En dehors du tatami, Kayzie est discrète même si elle rigole beaucoup avec ses amies. Mais une fois sur l’aire de combat elle est vraiment déterminée, ce n’est plus la même personne », observe sa mère.

La fierté de représenter Mayotte sur les tatamis

Ses victoires lui permettent de rejoindre le pôle France de judo à Bordeaux en septembre 2024 où elle est vite repérée par l’AS Bourg-la-Reine, dans les Hauts-de-Seine, un club prestigieux composé de judokas d’élite. Au milieu de tous ces sportifs venus de tous les horizons, Kayzie est fière de représenter Mayotte. « C’est très important pour elle de mettre en avant son île sur les tatamis », insiste Zaouiya Maandhui.

Kayzie Mohamed Hachim, lors de sa troisième place aux Jeux des îles de l'Océan Indien à Madagascar en 2023.
Kayzie Mohamed Hachim, célèbre sa troisième place aux Jeux des îles de l’Océan indien à Madagascar en 2023.

Son sourire sur le podium des Jeux des îles de l’océan Indien de Madagascar durant lesquels elle remporte la médaille de bronze dans la catégorie des moins de 52kg, en est la preuve. « Maman je veux qu’on parle de moi quand j’aurais décroché une médaille aux Jeux des îles, m’avait demandé Kayzie », se rappelle sa mère, heureuse et fière de sa fille.

Désormais loin de Mayotte, Kayzie, reste toujours très attentive à ce qui se passe sur son île natale. Lors du passage du cyclone Chido, elle, ses deux sœurs et sa mère, se sont immédiatement demandées comment apporter leur aide. « A distance ce n’était pas simple parce qu’on voit ce qu’il se passe et on ne peut pas faire grand chose. Les dojos ont été détruits, les judokas ne peuvent plus s’entraîner et Kayzie a tout de suite voulu envoyer des kimonos pour aider les clubs », se souvient Zaouiya Maandhui.

Le sport de haut niveau et le bac : un mental solide

Kayzie Mohamed Hachim, judo, portrait, Pamandzi, Mayotte
Sur le podium des Jeux des îles de l’Océan indien.

La famille espère pouvoir revenir à Mayotte pendant les vacances mais ces dernières sont rares, surtout pour la jeune femme qui en plus des compétitions et des stages avec son club, doit passer le baccalauréat cette année. « C’est un nouveau challenge et c’est pas simple parce qu’en plus des cours, elle a entraînement tous les jours, le matin à partir de 7 h et le soir parfois jusqu’à 21 h. Quand je vais me coucher, elle rentre, mange et commence à faire ses devoirs alors qu’il est 22 h ! », note sa mère, « Il faut avoir un sacré mental pour pouvoir faire ça ».

Du côté du judo, le prochain objectif de Kayzie est de participer au championnat de France Juniors par équipe en juin prochain. Un nouveau défi pour la sportive.

Victor Diwisch

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