Dans la nuit du 24 au 25 mars 2025, les habitants de Mayotte ont été frappés par des intempéries soudaines : des vents violents et des pluies torrentielles se sont abattues sur l’île et notamment sur les routes, inquiétant les automobilistes matinaux. L’alerte météorologique prévenant d’une vigilance orange pour fortes pluies et orages, émise à 5h06 du matin, n’a pu être transmise à temps à la population, plongeant les habitants dans l’incompréhension et l’inquiétude.
Une alerte trop tardive : l’incompréhension des habitants

Mardi 25 mars au matin, le retard dans la transmission de l’alerte a suscité une onde de choc parmi les habitants de Mayotte. Tandis que les pluies battent leur plein et que les vents soufflent fort, ce n’est que vers 7h du matin, que la nouvelle de la vigilance orange émise par Météo-France pour fortes pluies et orages se répand. La population, déjà profondément marquée par le traumatisme du cyclone Chido, a vécu cette alerte météorologique comme un douloureux rappel de sa vulnérabilité. Le retard dans la diffusion de l’alerte a ravivé les peurs liées à ce drame survenu le 14 décembre 2024. Pourquoi la population n’a-t-elle pas été informée plus tôt ?
Selon la responsable de Météo-France Mayotte, le passage de la zone pluvio-orageuse, mardi 25 mars dernier, s’est produit « plus rapidement que prévu« , rendant difficile la détection de ce genre de phénomène à son arrivée sur l’archipel. En l’absence de radar, les prévisions se basent sur un réseau au sol, relativement limité, ce qui ralentit la réactivité et la précision des alertes. L’annonce tardive de la vigilance orange en est une conséquence directe. Cette problématique résonne d’autant plus fort qu’une telle intempérie aurait pu être anticipée grâce à des outils de prévision plus fiables.
L’absence d’outils au coeur des limites de prévision

Ce retard met surtout en lumière un problème de fond : contrairement à la majorité des départements français, Mayotte ne dispose toujours pas de radar météorologique. Pour les prévisionnistes, l’absence de cet outil crucial constitue un véritable handicap pour cibler les phénomènes météorologiques et fiabiliser les alertes.
En 2021, la PDG de Météo-France, Virginie Schwarz, avait annoncé la mise en place d’un radar météorologique à Mayotte. À l’époque, les travaux étaient annoncés pour débuter dès le mois de janvier 2023. Mais le projet piétinait en raison de complications liées à l’emplacement du terrain, propriété du Conservatoire du Littoral. Après des mois de blocage, un compromis avait finalement été trouvé, mais l’infrastructure restait toujours en attente de sa construction, prévue pour 2025…
À quand un radar pour ne plus voir flou ?

Interrogée à ce sujet le 26 mars 2025, Céline Jauffret, Directrice inter-régionale de Météo-France pour l’océan Indien, a souligné les récentes avancées et laissé entrevoir une issue favorable : « Météo-France mène depuis plusieurs années de nombreuses démarches pour l’installation d’un radar à la Pointe de la Vigie, en Petite-Terre. Nous sommes encore au stade préliminaire, mais ce projet fait bien partie des priorités pour le territoire. Comme pour tout grand projet d’infrastructure, il y a des aléas, mais nous sommes confiants, et le projet devrait avancer dans les semaines à venir, avec l’appui de la préfecture de Mayotte. »
L’installation de ce radar devient de plus en plus urgente pour protéger les habitants de Mayotte, afin de prévenir de nouvelles catastrophes de grande ampleur, et garantir une meilleure anticipation des phénomènes climatiques. « Le cyclone Chido a évidemment contribué à l’avancement du projet, mais ce n’est pas le seul facteur. Nous restons confiants quant à l’évolution du dossier dans les mois à venir, » a ajouté Céline Jauffret. En attendant, Mayotte, exposée aux aléas climatiques, continue de composer avec un système de prévision limité, tandis que Météo-France, malgré ses efforts, fait face à des moyens insuffisants pour anticiper pleinement les intempéries.
Mathilde Hangard