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La digitalisation oui mais pas à n’importe quelle(s) condition(s) !

Au sortir des ces traumatismes économiques encore palpables en lien avec la pandémie Covid-19, pour ne pas la nommer, l’outil dématérialisé est plus que jamais apparu telle une nécessité d’ores et déjà en action dans ce présent et, indiscutablement, tournée vers le futur. Un futur à Horizon 2030 par exemple — introduit nationalement le 12 octobre 2021 par le président Emmanuel Macron — visant à pleinement promouvoir et rendre accessible ce Monde numérique* via divers enjeux. Et notre territoire insulaire, jeune département français déjà blâmé pour son retard, ne souhaite justement pas manquer ce rendez-vous tout en s’appuyant sur une coopération intelligemment régionale.

Présentation du plan Horizon 2030 par Emmanuel Macron le 12 octobre 2021
(archives / DR / Ludovic Marin / Pool / AFP)

Structuration et Animation de l’Ecosystème Tech

Venant de l’acronyme SAETECH, la genèse de ce projet se concentre en une seule question volontairement basique qui se veut : La transition numérique c’est quoi au juste ? Une sorte d’introduction quelque peu état des lieux de ce que sont les attentes et défis en notre localité mais également à échelle régionalo-internationale :

Tout au long de cette année 2023, diverses actions autour des larges thématiques du numérique ont été proposées, également à échelle régionale, dans le cadre du projet SAETECH

« Après échanges et analyses, il s’est avéré que les problématiques et axes de travail à prioriser dans cette dynamique de digitalisation, notamment auprès des TPE, se voulaient similaires à nos voisins, zone océan Indien » nous introduit Haouthani Massoundi, directrice de Mayotte in Tech, dont la forte implication sur notre île (et au delà), en matière d’ingénierie numérique, n’est plus à prouver. « Portée par les respectives feuilles de route du Gouvernement et du Département**, cette transition numérique nous est apparue un peu fluette voire incomplète dans le concret des actions, raison pour laquelle, nous nous sommes engagés, nous Mayotte in Tech et French Tech Mayotte, à monter un projet à thématiques transversales mais surtout effectives, cohérentes et palpables ». C’est ainsi qu’à partir d’avril dernier, notamment sur les territoires mahorais et malgache, se sont mis en place diverses actions à destination des acteurs économiques, propres à l’animation et la structuration de l’Écosystème Tech avec pour objectifs : l’accroissement des visibilité et compétitivité des petites, voire très petites entreprises par leur digitalisation, la volonté de mettre en lumière et d’encourager les métiers du numérique et notamment celui de développeur ou encore l’accompagnement et la sensibilisation en lien avec ces divers outils 2.0.

H. Massoundi, active initiatrice de ce projet SEATECH (ici lors de la phase de sélection de la Webcup Mayotte en mai 2023/archives)

La cybersécurité, il faut en parler

S’il est une évidence qui se veut d’encourager les populations et entités privées, publiques, commerciales et plus si affinités vers le (presque) tout numérique, il en est une indispensable autre qui se doit d’être dédiée à la cybersécurité. En 2021, le Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique (CESIN) a répertorié la cybercriminalité auprès de 54% des entreprises françaises; soit plus d’une sur deux. Selon divers rapports internationaux, la grande montée en puissance de ces attaques relève du ransomware (entre 65 et 73% des entreprises françaises touchées en 2022). Le principe ? La prise d’otage littéralement au 1er degré des données et la restitution de ces dernières sous conditions de paiement d’une rançon; en somme, un cyber-chantage ! Le coût moyen d’une cyber-attaque s’élèverait à 59 000 euros, selon le rapport économique du Cabinet ASTERES datant de Juin 2023. Une réelle fortune d’autant plus lorsqu’elle touche les petites structures comme ne manque pas de le souligner Samine Aboubacar, fondateur de l’organisme de formation intitulé Forma Boost et intervenant, en août dernier, lors d’un séminaire organisé dans le cadre du projet global SAETECH, portant notamment sur l’Intelligence Artificielle (AI) et l’importance de la cybersécurité : « Si les gros groupes peuvent se relever après une telle intrusion, il n’en cas pour les petites entités et elles sont nombreuses sur notre territoire », nous introduit-il. « Comme il fut cas pour Internet, lors de sa mise en route et démocratisation, près de 2 décennies intérieures, tout outil, aussi extraordinaire soit-il, a aussi et malheureusement son revers de la médaille. Il ne faut pas être alarmiste mais il est évident que notre rôle, en tant que professionnels étant justement de sensibiliser les gens en amont à cette transition numérique, de les parer et protéger face à divers scénarios au moyen de process adaptés; cela est d’autant plus cohérent que nous en sommes aux prémices de cette digitalisation ».

S.Aboubacar en séminaire formation marketing digital (illustration/DR)

Une sensibilisation auprès des professionnels mais finalement, auprès de tous. Comprendre qu’on ne divulgue pas ses informations personnelles sur n’importe quel site, qu’on n’envoie pas ses mots de passe et/ou coordonnées bancaire par mail, qu’on ne clique pas instinctivement sur un lien transféré par je ne sais quel envoyeur etc. En plus d’être non exhaustive, cette liste est longue et, aussi anodine soit-elle, elle fait tout de même partie de notre quotidien et rappelons donc la sagesse du vieil adage : Mieux vaut prévenir que guérir ! Et en matière de soins, nul n’est épargné, j’en veux pour preuve la cybert-attaque du CHU de la Réunion, en février dernier qui, bien que précocement détectée, a tout de même engendré des complexités logistiques et blocages conséquents. Les données personnelles ou encore médicales ont une valeur inestimable, tachons de ne pas l’oublier et cette prise de conscience s’est notamment matérialisée le 31 octobre dernier via le lancement officiel de l’Observatoire de la cybersécurité de l’océan Indien (OCOI) dont le siège social se situe à Saint-Denis.

Ayant de plus en plus de conscientisation en matière de cyber-attaque, les entreprises françaises, aussi soumises à l’engouement du télétravail de leurs employés, ont été plus de 55% en 2022 à renforcer leurs systèmes de cyberprotection (illustration/DR)

Mayotte dans sa région : territoire précurseur, impulseur et d’excellence…

…c’est bien ce que visent les équipes de Mayotte in Tech, notamment au travers de ce projet SAETECH auquel bon nombre ont cru dès le départ et qui s’est finalement vu monter rapidement en puissance, particulièrement grâce au pécuniaire coup de pouce porté par les Fonds européens, la préfecture mais également le MEDEF Mayotte.

Signature de la convention entre Mayotte in Tech – SAETECH (ici, chemise bleue, Feyçoil Mouhoussoune, président fondateur de ITH Center) et le ministère malgache du développement numérique le 27 octobre dernier à Antananarivo

Un projet qui a également séduit nos voisins de Madagascar impulsant ainsi, la semaine passée, la signature d’une convention, incluant le Ministère malgache du Développement numérique, de la transformation digitale, des postes et des télécommunications (MNDPT) afin d’acter une coopération régionale en matière de déploiement, d’accompagnement, de sensibilisation et de promotion des métiers du numérique et de la digitalisation auprès des TPE-PME mais également de la jeunesse; avenir économique évident sur lequel il est essentiel de miser. Et en parlant de jeunesse et de souhait indirect de promouvoir ce métier en vogue et forte demande qu’est celui de développeur web, on peut dire que cette finale internationale de la 10ème édition de la Webcup — matérialisant un des volets du projet SAETECH — qui s’est déroulée les 28 et 29 octobre derniers depuis Antananarivo, fut un véritable succès. Étalée sur plusieurs étapes, ce sont au total 338 participants originaires de Maurice, de la Réunion, des Comores, de Rodrigues et de Mayotte qui se sont affrontés en ces sélections de 24 heures de créativité. Le sujet final ? L’Intelligence Artificielle au service des populations dans une thématique à la fois anticipatoire et en temps réel relevant des catastrophes naturelles… On ne pouvait trouver plus probant et percutant ! C’est finalement l’équipe malgache Angry Geek qui s’est remarquablement imposée en créant en ce laps de temps des plus réduits un site plutôt brillant et novateur dans son approche.

L’équipe Angry Geek, lauréate de cette finale WebCup 2023 (DR)

Ainsi vous l’aurez compris, le Monde du digital est en marche mais la réalité (non virtuelle) est que nous sommes tous déjà dedans. Une réalité qu’a bien cerné les équipes de Mayotte in Tech and Co. et qui ont su faire des émules au regard de ce projet SAETECH 2023 intitulé Mayotte dans sa région. En attendant de voir fleurir avec grand intérêt les initiatives pourquoi pas de Madagascar dans sa région, de Maurice dans sa région ou encore de Rodrigues par exemple, puissent nos institutions locales réaliser à quel point cette novatrice approche 2.0 se doit d’être traitée dans sa globalité aussi préventive; que les moyens investis se doivent d’être aussi à échelle communale, dans cette volonté de digitalisation tant convoitée mais surtout, de plein accompagnement conscientisé pour aider les professionnels et l’ensemble des usagers. Eh oui, dans l’Univers du dématérialisé, plus que jamais, même les clics ont un coût…

MLG


*Parmi les objectifs numériques fixés à Horizon 2030 (sources Commission européenne):

  • Au moins 80 % de la population devrait posséder des compétences numériques de base ;
  • 75 % des entreprises devraient utiliser l’informatique en nuage (cloudcomputing), l’intelligence artificielle et les mégadonnées ;
  • 80 % des citoyens devraient utiliser l’identification numérique ;
  • plus de 90 % des PME devraient parvenir au moins à un niveau élémentaire d’intensité numérique.

**Schéma Régional de Développement Economique d’Innovation et d’Internationalisation (SRDE2II)

Sujet officiel pour cette finale Webcup 2023

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