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Mamoudzou

Repérage préfectoral d’une nouvelle opération de démolition d’habitat insalubre

Malgré les blocages judiciaires, le travail de périmétrage des quartiers insalubres n’a pas molli. C’est un des messages que voulait faire passer Thierry Suquet ce vendredi depuis Cavani. Huit périmètres sont ainsi définis à la demande des maires.

A peine la validation judiciaire de la démolition de Talus 2 connue, le préfet Thierry Suquet médiatisait une future opération. C’est que 4 semaines ont échu depuis le lancement de l’opération Wuambushu, et que les affaires ont été jusque là plutôt mal engagées. Le double blocage des reconduites à la frontière et des démolitions d’habitat insalubre a suspendu pendant presque un mois la vaste opération décidée par le ministre de l’Intérieur. On peut même acter le jour J de son démarrage à ce mercredi 17 mai, pour reprise des expulsions et feu vert judiciaire pour les démolitions.

En donnant rendez-vous aux médias à Cavani pour repérage de la démolition du quartier Mandzarsoa, le préfet avait plusieurs messages à faire passer. Tout d’abord didactique, sur les étapes d’une opération se référant à l’article 197 de la loi ELAN. « Nous souhaitons expliquer comment on procède ». A la suite de la proposition par le maire de Mamoudzou d’un périmètre d’habitats informels sans droit ni titre, qui doit former « un ensemble homogène sur un ou plusieurs terrains d’assiette et présenter des risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique », comme le veut la loi, le préfet peut prendre un arrêté pour ordonner aux occupants de quitter les lieux. « Nous lançons une procédure pour valider le périmètre proposé par le maire, ce qui correspond pour cette opération à 92 cases susceptibles de rentrer dans le périmètre. »

Sortie de liquide nauséabond, en bas à gauche de la photo, et qui s’écoule au milieu des cases

C’était l’objectif de la matinée de ce vendredi, les bombes de repérage des cases concernées étaient en action. Ensuite une enquête pilotée par l’ARS sera menée pour vérifier l’insalubrité des habitations et une enquête sociale est diligentée pour faire des propositions de relogement « adaptées à la situation des familles à partir du moment où elles ont le droit de rester sur le territoire. Et le tribunal administratif a validé ceux que nous avons jusqu’à présent fourni ». Autre message à destination d’éventuels recours.

300 toits à trouver… même pas peur !

Cette opération va monter à 1.000 le nombre de cases identifiées et périmétrées depuis le début de l’année qui portent sur la loi ELAN, « dont 700 ont déjà fait l’objet d’enquêtes sociales et prés de 300 familles, environ 1.300 personnes, sont concernées. »

300 familles, le challenge du relogement est conséquent sur un territoire où il y a pénurie, avons nous interpellé Thierry Suquet, et l’épée de Damoclès du périple judiciaire de Talus 2 guette. « Oui, nous pouvons les reloger, nous avons capté les logements en faisant des pré-réservation sur plusieurs sites. C’est le cas du village-relais Etape Fulera à Tsoundzou ou celui sis à proximité de Talus 2. Pour cette dernière opération, la moitié des familles a déjà intégré nos propositions de relogement. Les autres ont tendance à attendre et à accepter quand elles comprennent que l’on va démolir. » A partir de la parution de l’arrêté qui se fait après les étapes susnommées, les familles ont 5 semaines pour quitter leur case.

Agents de la ville, de la préfecture, de l’ARS et médias suivaient donc Psylvia Dewas, Chargée de la résorption de l’habitat illégal auprès du préfet, en cohorte à l’escalade des hauteurs de Mandzarsoa et des hauts de Baobab.

Les habitants informés un à un

La case d’insalubrité cochée

« Hodi ? », l’interrogation polie avant de pénétrer dans les cases ne recevait pas toujours de réponse. Aux occupants présents, il était expliqué les démarches menées pour casser leur habitat insalubre. La plupart des personnes étant installées depuis longtemps dans ce quartier, nombreux sont ceux qui ont une carte de séjour. Tel Mahamoud installé depuis 20 ans, papa de grands enfants qui font leurs études en métropole et à La Réunion, qui a pu personnellement s’entretenir avec le préfet. Il nous rapporte ne pas être opposé à un déménagement dans un logement en dur, « pourquoi pas ?! Je le mérite ! », comme en écho aux dires du représentant de l’Etat quelques minutes auparavant sur les décisions judiciaires, « le principe de démolition n’est jamais remis en question ». L’occupant nous avouait malgré tout attendre de voir ce qu’on allait lui présenter. Le foncier qui sera ainsi libéré appartient majoritairement au conseil départemental, et une petite partie, à la SIM.

Mélange d’immondices que le parvis d’une case où les équipes ont pu entrer

La société Immobilière de Mayotte qui va s’activer dès la mise à disposition du terrain, ainsi que nous l’a précisé son directeur, « nous attendons la validation des opérations de démolition pour lancer les chantiers ». Les propositions de relogement des occupants sont provisoires, de 21 jours à 3 mois renouvelables en fonction de leur statut administratif. Il faudra environ un à deux ans avant qu’ils puissent intégrer ces logements en dur.

Au milieu des cases, un liquide nauséabond s’écoule d’un tuyau. Les eaux grises se mêlent aux eaux sales, et dégoulinent vers le bas de Cavani. Olivier Brahic, directeur général de l’ARS Mayotte accompagne le préfet dans cette marche de l’insalubrité, le rapport de ses services devrait valider ce volet de la loi ELAN.

Les cases marquées à la bombe après identification

Preuve que le travail de terrain n’a pas molli en dépit des suspension administratives et judiciaires, le nombre de périmètres arrêtés dans le cadre de la loi ELAN est passé de 3 début avril à 8 ce jour, « d’ici quelques semaines, je vais en signer 8 autres ». Problème, la destruction se fera au mieux 5 semaines après, au-delà du calendrier originel de l’opération Wuambushu fixé à 2 mois. Or, même avec un travail d’enquête sociale, des violences sont perpétrées aux abords de chaque démolition. Nous avons vu lors d’un jugement il y a dix jours que des jeunes étaient instrumentalisés par des adultes qui les fournissaient en nourriture et en alcool, ainsi qu’en combinaison blanche et masques. Des caillassages potentiels donc, qui nécessiteront un volume conséquent de forces de l’ordre. Face aux difficultés de démarrage de l’opération, Gérald Darmanin avait assuré qu’aucune date buttoir n’était fixée.

Anne Perzo-Lafond

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