La Coopac, coopérative agricole ne vendant que des fruits et légumes cultivés sur le territoire est affiliée à l’Ucoopam (Union des coopératives agricoles de Mayotte) qui regroupe une centaine d’agriculteurs cultivant divers produits. La Coopac regroupe, elle, environ une trentaine d’agriculteurs dans l’île. Son objectif, comme toute coopérative, est de « récolter » la production des agriculteurs locaux, éventuellement de la stocker, mais surtout de la distribuer et de la vendre, comme l’explique Bryce Bouvard, coordinateur de l’Ucoopam et ingénieur agronome.
« Nous livrons en fruits et légumes des clients de la grande distribution comme les Sodicash, des restaurants, ou encore le RSMA. Nous faisons également de la vente directe sur le marché de Combani ainsi que dans le magasin que nous louons à Kawéni dans la zone industrielle ». La Coopac fait essentiellement du commerce et de la logistique de gros car « faire des paniers demande beaucoup de main d’œuvre et nous n’avons pas les moyens logistiques pour faire de la vente individuelle », complète le coordinateur.
Ainsi, chaque matin, les produits sont livrés par les agriculteurs dans les locaux de Tsingoni. Les fruits et légumes sont pesés et répartis en fonction de la demande et des clients. « Le fait que nous disposions d’une chambre froide maintenant avec deux compartiments nous permet de pouvoir stocker les produits durant quelques jours », explique l’ingénieur agronome. En fin de journée lorsque que le camion frigorifique revient de sa tournée, il est chargé et branché pour ne pas perdre de temps pour la tournée du lendemain. Les produits sont ainsi conservés au frais toute la nuit.
Le projet a pu être réalisé dans le cadre d’un financement européen nommé LEADER. Il a permis à la Coopac de toucher un peu moins de 100.000 euros pour payer les travaux d’aménagement logistique que sont la chambre froide, le quai pour le camion, les loyers de location, le réseau de branchements électriques, ainsi que les rampes. Toutefois, ces locaux ne sont que temporaires puisqu’un projet d’investissement beaucoup plus important devrait bientôt voir le jour.
La construction d’une plateforme logistique de 1500m2 à Combani
« Si tout se passe bien nous devrions déménager dans nos nouveaux locaux à Combani au 1er semestre 2024, espère Bryce Bouvard. Ils se situeront en face la station essence ». La plateforme aura un espace de conservation plus grand pour les produits frais et proposera du matériel agricole. « Le but étant d’améliorer la logistique, augmenter les volumes en fédérant davantage d’agriculteurs. Notre objectif est ainsi de changer d’échelle. La façade côté route sera consacrée au grand public avec un magasin de produits locaux, une pépinière ainsi qu’une jardinerie et la partie arrière sera réservée aux professionnels avec un quai de réception, des chambres froides, un bâtiment de transformation pour la laiterie et un hangar », se réjouit le coordinateur de l’Ucoopam.
Le projet d’un montant de 5 millions d’euros est financé à 90% par le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural), les 10% restant sont de l’auto financement. « Nous sommes accompagnés par l’AFD (Agence française de développement) qui va nous permettre d’obtenir un prêt long terme à taux bonifié ».
Cet investissement va permettre de multiplier par trois la capacité d’absorption et de distribution actuelle. « Nous souhaitons ainsi améliorer la visibilité des produits locaux et passer d’ici 2025 à 1500 tonnes en production de fruits et légumes, alors qu’actuellement la Coopac gère environ 500 tonnes de fruits et légumes par an ».
La création d’un label pour mettre en valeur la production locale
Par ailleurs, un des objectifs de l’Ucoopam est de créer une marque de valorisation de la production local. Il s’agit d’identifier cette dernière à travers la mise en place d’un label permettant d’accéder à la labellisation européenne de type RUP (label qui certifie la qualité supérieure des produits des régions ultrapériphériques de l’Union européenne). « Ce label nous permettra d’accéder au marché de la restauration collective. Mais pour cela nous devons structurer la filière… ».
La Coopac a également pour ambition d’accompagner les producteurs en les aidant à planifier leurs cultures, à savoir ne pas faire la même production en même temps dans le but de diversifier les produits afin d’avoir les meilleurs prix. « Nous aidons les agriculteurs… Nous négocions le meilleur prix afin qu’ils ne s’occupent que de la production. La hausse des prix doit davantage bénéficier à eux plutôt qu’à nous ».
Par ailleurs, des projets encourageants ont vu le jour en fin d’année dernière comme la création d’épiceries solidaires, notamment à Chiconi en partenariat avec le CCAS, ainsi qu’avec la Croix Rouge à Passamainty. « Cela permet aux populations défavorisées d’avoir un accès à la production locale », se félicite Bryce Bouvard.
B.J.