L’IRM, technologie de pointe conçue en premier lieu pour l’imagerie neurologique (et non, rien à voir avec Info-Routes-Mayotte), témoigne bien du retard de Mayotte en matière d’équipements médicaux. Jusqu’en 2021, le seul appareil de ce type, situé au CHM, était une machine déjà ancienne, et avant 2012, il n’y en avait tout simplement pas. Puis, l’année dernière, la machine est, selon les communiqués de l’ARS de l’époque, tombée en panne. Des pannes récurrentes même, qui avaient conduit à commander une nouvelle machine.
En fait, explique aujourd’hui le CHM, c’était d’abord une manipulation malheureuse qui a conduit une aiguille métallique à entrer violemment en collision avec l’IRM, qui a causé sa panne. Des dégâts internes ont conduit aux pannes suivantes, et incité l’actuel directeur par intérim, Christophe Blanchard, à acheter un appareil de remplacement. L’occasion faisant le larron, le CHM a mis une option sur un appareil flambant neuf qui était justement en cours de livraison pour La Réunion, et dont le porte-conteneur croisait non loin de Mayotte. Changement de destination, de précieux mois gagnés pour les patients de l’île. En moyenne, 2 à 3 accidents vasculaires cérébraux sont ainsi diagnostiqués dans la salle d’IRM, sur la trentaine d’examens que cet appareil permet d’effectuer chaque jour. Soit 50% de plus qu’avec l’ancien.
Coût de l’opération, 1,4 million d’euros à l’achat, et quelque 200 000€ d’installation, et Mayotte a pu remplacer l’ancien IRM cassé. Ce dernier, réparable, a été racheté par un hôpital de métropole après un retour en usine pour réparer les micro failles.
En résumé, le hasard a plutôt bien fait les choses puisque cette panne a conduit à faire aujourd’hui plus d’examens qu’avant, avec également des résultats plus précis, et pour un coût moindre. Autre avantage du nouvel IRM vanté par le CHM, une durée d’immobilisation moins longue en cas de pépin.
Une technologie plus efficace et moins coûteuse
En effet, un IRM fonctionne avec des supraconducteurs refroidis à l’hélium liquide. En cas de dysfonctionnement et d’arrêt de l’aimant, il faut purger l’hélium. Avec l’ancienne machine, c’était 1500 litres d’hélium qui partaient dans l’air, perdus à jamais. Coût de la recharge : 150 000€ et trois ravitaillements en avion. La nouvelle machine, elle, fonctionne avec… 7 litres d’hélium. Résultat, en cas de panne, « une immobilisation de 72h au lieu de 72 jours » schématise le Dr Thierry Pelourdeau, chef du service de radiologie.
Autre avantage, un partenariat public-privé au sein d’un GIE, groupement d’intérêt économique, avec le cabinet d’imagerie de Mayotte (CIM) qui devrait permettre, quand les autorisations seront obtenues, de recevoir un second IRM sur l’île. Ce sera toujours, en proportion de la population, bien moins qu’à La Réunion, mais ça évitera de se retrouver sans rien si une nouvelle panne venait à se produire.
Y.D.