Le JDM : Un potager sur le toit, il fallait y penser, d’où est venue cette idée ?
Elodie Chêne, responsable communication de l’EPFAM : « Cette expérimentation est née d’un constat partagé par beaucoup : on a beaucoup de toitures en dalles béton qui sont laissées telles quelles, dans des villes mahoraises très denses où on a peu de terrains dédiés aux loisirs et à la détente. L’idée c’était d’exploiter ces surfaces disponibles et de les valoriser pour voir comment on peut les cultiver. Avec le CCAS de Sada on a sélectionné trois familles, pour tester différentes méthodes, différents aménagements, différentes variétés, pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, afin de pouvoir donner le plus de conseils possibles à ceux qui voudraient faire l’expérience. On a commencé il y a 6 mois, on aura besoin d’une année entière pour voir comment les plantations réagissent.
On verra aussi les différents bénéfices, par exemple en termes de température dans les maisons, est ce que ça va la diminuer ? Est ce que ça va augmenter la biodiversité ? Est ce que ça va participer à améliorer la production alimentaire de la famille ? »
Quel bilan peut-on tirer de ces premiers mois ?
« Sur une des toitures, celle de Mako, la famille a récolté 46kg de tomates entre mi juillet et mi octobre. Sur la toiture de Hourou, les plantations ont été faites en septembre. On n’a pas encore de données chiffrées mais on sait qu’elle a déjà récolté de la tomate, du poivron et des aubergines assez gigantesques ainsi que du piment. On voit que les tomates qui ont été plantées en novembre ont été attaquées par des acariens, on doit donc aussi voir en fonction des saisons s’il y a des variétés qui peuvent ou non être plantées.
En sachant que sur ces plantations il n’y a aucun produit phytosanitaire.
Ces deux dernières familles indiquent que les tomates sont ultra sucrées, Hourou dit qu’elle les mange sans vinaigrette et qu’elle a retrouvé le vrai goût de la tomate !
Sur la troisième toiture, celle de Zanabou, les cultures commencent tout juste. Une partie des bacs est sous pergola, une autre en plein soleil, pour voir comment ça réagit selon l’ombrage. Là il n’y a pas encore eu de récolte. »
Quelle est la différence avec le jardin mahorais par exemple ?
« D’après ce que dit Hourou, la grande différence avec le jardin mahorais, c’est la proximité. Le toit permet de passer tous les jours, et de cultiver des choses qui ont besoin d’un suivi quotidien, comme les tomates. Alors que dans les champs où on passe plutôt le weekend, on privilégie les bananes, le manioc ou encore les embrevades. Et cet espace jusqu’alors inexploité fait désormais partie intégrante de la maison, c’est un lieu de vie, on y fait des voulés, des gens visitent le toit et des élèves y mènent même un projet pédagogique.
C’est quelque chose qu’à l’Epfam on avait pressenti sans en être certain et ça s’avère être le cas.
Un site Internet a été mis en ligne ces derniers jours, à quoi il sert, et quelle est la suite de l’expérimentation ?
L’expérimentation doit durer encore 2 ans et demi. Le but, c’est de pouvoir donner tous les conseils pratiques, que ce soit pour les travaux d’aménagements, les cultures qui fonctionnent, et que chacun ait les outils à portée de main pour avoir son potager chez soi.
Sur le site, on retrouve toutes les étapes pour créer son jardin avec des fiches méthode, des tutoriels écrits et vidéo et des exemples d’autres initiatives d’autres villes ainsi que des témoignages des familles qui participent à l’expérience.
On a aussi créé une adresse mail, si des personnes ont besoin d’un conseil qu’ils ne trouvent pas sur le site, ils peuvent nous écrire sur cultive.ton.toit@epfam.fr
Propos recueillis par YD