La dernière session des assises de l’année 2022 s’est ouverte cette semaine. Du 21 novembre au 2 décembre, pas moins de six affaires seront jugées. La première, dont l’audience s’est tenue dans la salle de la chambre d’appel de Mamoudzou, concerne une affaire de meurtre survenue dans la soirée du 15 au 16 juin 2020 sur les hauteurs de Chiconi. A l’origine de cet acte tragique, une altercation entre la victime, alors âgée de 59 ans, et le prévenu.
Alcool et bangué, une alliance mortifère
La victime aurait prononcé des insultes à l’égard du présumé coupable. Aviné à un degré conséquent, ayant consommé une grande quantité de pastis, de vin, de bière ainsi que fumé du bangué, le prévenu aurait alors décidé de suivre la victime sur plusieurs centaines de mètres. Face au refus du second de lui donner de l’alcool et après une volée d’insultes, il aurait asséné plusieurs coups de parpaings sur la tête de la victime. L’enquêteur interrogé par la présidente du tribunal indiquera qu’au regard de l’intensité des coups, elle n’était « pas très belle à voir » puisque « écrasée et sanguinolente ».
« Une ouverture béante du crâne »
Fait étrange constate l’enquêteur, le sang n’avait pas coagulé au moment de la découverte du corps à 5 heures du matin car du vin y avait été mélangé. « Il a versé du vin sur la tête de la victime. On ne se sait pas pourquoi il a fait cela », concède-t-il, avant d’ajouter « cela ressemble à un rituel ». Le médecin légiste, au moment de l’autopsie du corps, constatera, outre « une ouverture béante du crâne » et d’importants traumatismes faciaux, un éclatement du foie, le prévenu ayant sauté sur la victime. Néanmoins, précise-t-il, au moment de ces agissements, la victime était déjà décédée à la suite des multiples coups reçus à la tête ; les 18 kilogrammes du parpaing ne lui ayant laissé aucune chance.
En outre, au moment de la restitution de la scène dans le cadre de la procédure, l’enquêteur notera ce qui semble lui être « un comportement inquiétant » de la part du prévenu. Ce dernier « n’avait pas l’air conscient de son acte. Il avait parfois un petit sourire comme s’il était satisfait de ce qu’il avait fait ». Un sourire qui, selon l’avocat de la défense, n’était guère présent lorsque son client s’est retrouvé face à lui pour la première fois. Le tribunal a jusqu’à ce mardi pour faire la lumière sur toute cette affaire.
Pierre Mouysset