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Comores : Sept ans de prison ferme contre les trafiquants de lingots d’or

Des peines lourdes ont été prononcées contre l’ancien patron des Aéroports des Comores (ADC), Yasser Ali Assoumani, très proche du couple présidentiel et Abodo Nourdine Fardy, fils d’un conseiller à la Cour suprême. Des personnalités se considérant protégées par les plus hauts cercles du pouvoir, ce que contre le tribunal de Moroni qui indique vouloir s’affranchir de « toutes les tentations possibles ». Deux Malgaches considérés comme "les cerveaux" présumés du trafic de 49,75 kg de lingots d’or d’une valeur de plus de 3 millions d’euros, ont également été condamnés. Provoquant une réaction de protestation des autorités malgaches.

Le Tribunal correctionnel de Moroni a rendu publique sa décision sur l’affaire du trafic des lingots d’or qui avait défrayé la chronique aux Comores à la fin de l’année 2021. Jeudi 27 octobre, le juge a condamné à sept ans de prison ferme contre le patron des Aéroports des Comores (ADC), Yasser Ali Assoumani et le douanier Abodo Nourdine Fardy. Le président du tribunal a aussi condamné chacun à une peine pécuniaire d’un million de francs comoriens (2000 euros).

Un mandat d’arrêt contre les deux Malgaches

Trois agents de l’aéroport, Elhad Ibrahim Halifa, Harifadja, Anynoulhouda Djanffar et Nadhum Soufiane ont été également condamnés à la même peine d’emprisonnement alors que quatre autres ont écopé de cinq années. La justice a relâché deux autres personnes « au bénéfice du doute », estimant que « l’instruction n’a pas permis de déceler leur participation à ce réseau criminel de trafic », selon une source judiciaire. Le tribunal a également condamné les deux Malgaches, Stenny et Azaly Failaza Pachecco, considérés comme « les cerveaux » présumés du trafic des 49,75 kg de lingots d’or d’une valeur de plus de 3 millions d’euros. Un mandat d’arrêt a été émis contre les deux ressortissants par la justice après l’énoncé de leurs peines.

Les peines lourdes ont été surtout prononcées contre l’ancien patron des Aéroports des Comores (ADC), Yasser Ali Assoumani, très proche du couple présidentiel et Abodo Nourdine Fardy, fils d’un conseiller à la Cour suprême. Jusqu’à la dernière minute, un tel verdict paraissait inenvisageable contre des personnes se considérant protégées par les plus hauts cercles du pouvoir. « La justice travaille et rend des décisions tous les jours et s’efforce de s’affranchir de toutes les tentations possibles en rendant des jugements », soulignait pourtant un greffier du Tribunal de Moroni.

Les avocats de la défense ont crié au scandale à cause, selon eux, « des incohérences des dépositions faites par certains accusés » et dont une partie disculperait certains de leurs clients et éviterait des peines d’emprisonnement à d’autres. « Je vais consulter mes autres collègues pour la suite à donner à ce verdict qui me parait particulier. Nous n’excluons pas de faire appel », a précisé Me Hadji Chabane. « J’ai plaidé pour la relaxe de mes clients et je n’en crois pas mes oreilles ce que je viens d’entendre », a déclaré Me Fahardine Mohamed Abdoulwahid qui défendait les intérêts de certains clients condamnés à respectivement 7et 5 ans de prison ferme.

Les avocats promettent de faire appel de la décision du tribunal

Des pratiques mafieuses démasquées par un SMS

Les auteurs, co-auteurs et complices du trafic de lingots d’or ont été poursuivis pour « participation à un groupe criminel, contrebande, intéressé à la fraude, abus de fonction et complicité et corruption », selon le parquet. L’affaire remonte au 28 décembre 2021. Deux passagers d’origine malgaches étaient en transit à l’aéroport de Moroni. Ils devaient se rendre à Dubaï à bord d’un jet privé. Mais ils seront vite interceptés après un message Sms envoyé, par un agent de l’aéroport, au chef de la Brigade de la gendarmerie des transports aériens (BGTA). Ce dernier informe l’autorité de l’aviation civile qui ordonne l’immobilisation de l’appareil.

Les trafiquants étaient dans le viseur des autorités comoriennes mais celles-ci attendaient le bon moment pour les arrêter, selon nos informations. Le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid, confirmera « l’existence de ce réseau depuis 4 mois pendant lesquels 11 opérations avaient été effectuées ». L’affaire a suscité une mini-crise diplomatique entre Moroni et Antananarivo. Les autorités malgaches n’ont vraisemblablement pas digéré l’opération de démantèlement de ce réseau. Madagascar a même suspendu ses vols vers Moroni, obligeant de nombreux voyageurs malgaches, comoriens étrangers, à passer par Nairobi ou l’île Maurice pour rejoindre la Grande Ile.

A.S.Kemba, Moroni

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