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vendredi 31 janvier 2025

Mayotte : Le secteur culturel en détresse après Chido et Dikeledi

Les acteurs culturels de Mayotte ont aussi été victimes des cyclones et réclament un soutien financier urgent pour assurer leur survie et celle de leurs salariés

Le secteur culturel de Mayotte traverse une crise sans précédent. Après le passage du cyclone Chido le 14 décembre 2024 et de la tempête tropicale Dikeledi le 12 janvier 2025, les professionnels du spectacle vivant subissent de lourdes pertes économiques et sociales. Le collectif LES ARTS CONFONDUS, qui regroupe des artistes, techniciens et structures culturelles locales, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences dramatiques de ces événements et réclame une mobilisation des pouvoirs publics.

Un secteur à l’arrêt : 96,5 % d’activités annulées

D’après une enquête menée par le collectif et qu’il nous rapporte, 96,5% des activités culturelles prévues entre décembre et janvier ont été annulées, privant le territoire de nombreux événements et ateliers artistiques. Les chiffres sont éloquents : 1.667 heures d’ateliers de danse, théâtre et musique n’ont pas pu avoir lieu, 75 spectacles, séances de cinéma, tournages et événements annulés, à Mayotte, en France hexagonale et à l’étranger, 7 résidences ou laboratoires de création interrompus, 473 heures de prestations techniques supprimées.

En moyenne, ces activités bénéficiaient chaque mois à 7.000 pratiquants et spectateurs, dont 80 % de jeunes. Leur disparition soudaine porte un coup dur à l’accès à la culture et fragilise un écosystème déjà précaire.

Des pertes financières alarmantes

Le grand plateau de danse du Paradis des Makis détruit

L’enquête met également en évidence un effondrement économique pour le secteur. L’arrêt des activités représente une perte directe de 149.057 euros pour les structures concernées. À cela s’ajoute un manque à gagner de 48.635 euros pour les secteurs connexes (hébergement, transport, restauration), qui dépendaient des événements annulés.

Les professionnels de la culture dénoncent aussi un risque accru sur l’emploi : sur les 67 salariés recensés, dont 54 en CDI et 13 en CDD, plusieurs contrats précaires pourraient ne pas être renouvelés. Les trésoreries sont épuisées, obligeant certaines structures à financer sur leurs fonds propres les premiers frais d’urgence, comme le paiement des salaires malgré l’annulation des spectacles.

Des dégâts matériels conséquents

Outre les pertes financières, sept structures culturelles ont subi des dommages matériels importants. Parmi elles : Le Paradis des Makis (Hip Hop Évolution) à Iloni, le Royaume des Fleurs (compagnie Kazyadance) en Petite-Terre, la MJC de Kani-Kéli, qui héberge la compagnie de théâtre Stratagème et l’association Les Enfants de Mabawa, l’école Musique à Mayotte à Mamoudzou, l’association Lil Stylz à Kahani, le Pôle culturel de Chirongui.

La remise en état minimale de ces lieux et de leur matériel nécessiterait 51.600 euros, tandis que les investissements pour des réparations plus conséquentes et la sécurisation des infrastructures sont estimés à 163.800 euros. Sans financements, la reprise des activités culturelles est compromise.

Un appel urgent à l’État et aux collectivités

Face à cette situation critique, le collectif LES ARTS CONFONDUS réclame une prise en compte du secteur culturel dans les dispositifs d’urgence. Actuellement, les aides annoncées par l’État après les catastrophes naturelles n’incluent pas les professionnels du spectacle vivant, laissant le secteur sans soutien spécifique.

Le collectif demande à la fois des fonds d’indemnisation pour compenser les annulations d’événements et maintenir les salaires, des aides à l’investissement pour financer la reconstruction des lieux sinistrés, des soutiens à la mobilité, afin de faciliter la logistique et le transport du matériel artistique entre Mayotte et la métropole, et une exonération des taxes douanières sur l’importation des équipements nécessaires à la réparation et la reprise des activités.

96,5% des activités culturelles ont été annulées. Ici, le toit de Kazyadance envolé

Un secteur déjà fragilisé par l’absence d’équité nationale

Le collectif rappelle que le secteur culturel mahorais souffre déjà d’un manque de reconnaissance et d’inégalités criantes par rapport aux autres départements français. L’absence de statut clair pour les professionnels du spectacle, le manque de formations adaptées et l’inexistence d’une feuille de route culturelle pour Mayotte accentuent la précarité du secteur.

Les acteurs culturels appellent donc les institutions à une action rapide et concrète pour permettre la survie et la relance de la culture sur le territoire.

Nayar SAID OMAR

 

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