Second volet de l’opération démolition à M’Tsamoudou

Ce mardi matin se poursuivait l’opération de destruction d’habitats illégaux au pourtour du stade de M’tsamoudou, en une ambiance plutôt surchauffée.

C’est depuis une heure du matin que les habitants de M’Tsamoudou vivent au rythme des caillassages et violences urbaines en tout genre. Un village d’ordinaire plutôt calme en apparence qui a entamé, en novembre dernier, une première phase de démolition ciblant 34 logements illicites de type banga en tôle. La chaussée traversante est jonchée de débris de verre, de pierres, d’encombrants et de poubelles renversées. Le climat ambiant demeure tendu aux environs de 7h et des projectiles fusent encore dans les airs, s’entremêlant aux détonations des bombes lacrymo lancées par les forces de la Gendarmerie mobile présentes à cette occasion. Un dispositif sécuritaire renforcé, à la fois pour les habitants de ce lieu, rattaché à la commune de Bandrélé, mais également les personnels mobilisés pour cette opération qui se doit d’être et ce, quels qu’en soient les tension et contexte.

Visite du chantier sous très haute escorte pour le préfet Thierry Suquet précédé du ComGend, le général Lucien Barth

« Des actions directes de lutte contre la délinquance… »

C’est en ces termes que le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, introduit l’opération de ce matin ayant donc essuyé en amont de vives hostilités nocturnes qui perdurent. Des hostilités prenant leur source aussi en ces lieux insalubres et labyrinthiques, un peu à l’abri des regards du tout venant. « Ce matin nous avons été confrontés à des tentatives de barrages et d’intimidation; il y a encore quelques échauffourées autour du secteur comme vous avez pu le constater (…) Ce contexte nous rappelle que ces opérations de démolition, qui sont vraiment nécessaires, ça n’est pas un long fleuve tranquille. On a l’impression que tout est réglé et qu’on est rodé, pourtant, à chaque fois c’est un vrai combat, à la fois pour reloger les français qui occupent ces bidonvilles mais aussi pour s’opposer aux délinquants qui utilisent ces secteurs là comme des bases arrières ».

Le ballet des pelleteuses a commencé aux environs de 7h30

Ni plus ni moins qu’améliorer le cadre de vie

C’est avant toute chose ce qui motive les équipes municipales de ladite commune qui ont formulé il y a presqu’un an de cela leur requête auprès des services préfectoraux. Une procédure longue ayant pour objectif d’enrayer le contexte de vie insalubre comme le précise Bouchourani Colo, adjoint au maire en charge de l’Environnement : « Tout ceci ne fait ni du bien à la Nature ni à la population. Les gens qui vivent ici n’ont ni eau ni électricité; notre politique est donc de construire ailleurs et leur offrir des maisons dignes en des zones constructibles ».

Le village porte encore de nombreux stigmates de violences urbaines ce mardi matin

Il va sans dire que cette opération s’inscrit dans un processus antérieur comportant une identification précise à la fois du périmètre mais également de la vingtaine de familles qui a bénéficié d’une enquête sociale. Ce sont au total 59 cases dont il est question pour ce chapitre 2 estampillé décasage quelque peu chamboulé au regard du contexte. «  Ce qui est dommage c’est qu’avec les troubles que l’on connaît, les gens ne peuvent avoir accès à la permanence en elle même mais nous reviendrons bien entendu ultérieurement re-proposer à ceux qui en ont besoin des solutions d’hébergement », précise le préfet. Pour le moment, il nous est indiqué qu’une seule famille a accepté la proposition de relogement.

Sur les hauteurs du bidonvilles, en partie gauche du stade de football de M’Tsamoudou, les hautes instances en présence analysent le cadre et la situation

Étalée sur un calendrier prévisionnel de 3 jours, cette opération comportant les volets de déblai et sécurisation aura pour projet final, à terme, l’aménagement d’un complexe sportif à destination de la jeunesse de ce village. En parallèle de cette dernière, de nouveaux arrêtés relatifs à la commune de Bandrélé viennent d’être officiellement publiés, ciblant de nouveaux secteurs sur le village d’Hamouro. Des communes dont les maires conscientisent de plus en plus les enjeux et plus-values sécuritaires que ces politiques de démolition engendrent. Des politiques encore une fois fastidieuses  à mettre en place et qui ne relèvent pas de l’utopique claquement de doigts; raison double pour que chaque territoire appuie sa dynamique anticipatoire et fasse les démarches qui incombent à ses fonctions comme tient à préciser Thierry Suquet : « J’appelle les maires de Mayotte à poursuivre ces politiques là. Je disais l’autre jour devant les élus que je conservais un souvenir de l’ancien maire de Tsingoni qui, après les énormes difficultés que nous avions rencontrées il y a près de 2 ans, avait développé avec nous des politiques de présence notamment de gendarmerie, d’adultes sur le terrain pour accompagner des enfants à l’école, de développement d’un ensemble de prévention, de cellules de renseignement permettant des interpellations et puis un point important que Mohamed Bacar avait bien compris, même dans le contexte difficile de sa commune, c’est qu’on n’avance pas si on ne fait pas de démolitions ». Un point qui, aux dires officiels avait engendré une tranquillité « garantie » durant près de 18 mois en ce secteur; en somme, le vieil adage populaire de Balzac : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs…

De son côté, la population de M’Tsamoudou, présente depuis l’aube, de chaque côté de la route principale traversante, espère très sincèrement que le calme reviendra au plus vite en son village.

MLG

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