Quatre ans de prison ferme pour l’automobiliste ayant provoqué la mort de 2 jeunes enfants

Un jeune homme comparaissait ce lundi devant le tribunal pour homicide et blessures involontaires. C’était le 4 septembre dernier, sur la route de Bandrélé, un automobiliste avait percuté des enfants sur le bord de la route provoquant la mort de deux d’entre eux et blessant grièvement un 3e.

<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Le 4 septembre au matin vers 6h, la gendarmerie est appelée pour un accident de circulation. Un 4×4 de type pick-up est sorti de la route à côté de la barrière de sécurité, il vient juste de percuter un groupe d’enfants, membres de la même fratrie, qui se rendaient à pied à l’école. Le bilan est très lourd puisque l’on déplorera par la suite la mort de 2 fillettes âgées de seulement 4,5 ans et 6,5 ans, et un jeune garçon en état d’urgence absolue qui sera transféré par hélicoptère au CHM.</p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;"><strong>Sans permis de conduire à bord d’un véhicule déjà accidenté qui n’aurait pas dû rouler</strong></p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Les faits reprochés au prévenu sont accablants. En effet, ce dernier ne possédait pas le permis de conduire et conduisait un gros véhicule surpuissant de près de 200 chevaux, comme l’a rappelé un assesseur. Pour couronner le tout, le véhicule en question avait déjà subi un accident au mois de juin et suite au passage de l’expert celui-ci avait demandé à ce qu’il soit immobilisé car pas en état de rouler. Selon les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, le véhicule aurait fait des zigzags avant de se déporter sur la voie d’en face et de percuter violemment un groupe d’enfants qui se trouvaient sur le bas-côté et qui marchaient en file indienne, comme leur avait appris leur père.</p>

<img class="size-medium wp-image-1344" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2022/06/Accident-choc-frontal-300×225.jpg" alt="Un accident mortel de la circulation a eu lieu vers 15h à Hajangua, dans la commune de Dembéni. Il s’agit d’un choc frontal entre une camionnette et une Clio." width="300" height="225" /> Une année sombre concernant les statistiques des tués sur la route (illustration)
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Le conducteur n’a pas été contrôlé positif ni à l’alcool ni aux stupéfiants. Ce que l’on comprend au cours de l’audience c’est qu’il roulait semble-t-il trop vite, qu’il a perdu le contrôle de son véhicule à la sortie du virage et n’a pas eu le temps de freiner car il n’a vu les enfants qu’au moment du choc. En larmes devant le tribunal, le prévenu trouvait difficilement les mots pour s’exprimer. « Je ne sais pas quoi dire. J’ai de la peine pour les victimes », dit-il en sanglotant. La présidente du tribunal, Ariane Balg, l’a ensuite informé de la peine encourue, « Cela peut aller jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende ».</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>"Je ne voulais pas lui faire de problème"</strong></p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Lors de son audition au mois de septembre, le prévenu avait menti aux enquêteurs afin de protéger une de ses connaissances, le propriétaire de la voiture. Mais devant le tribunal et face à la famille des victimes, le prévenu s’est décidé à parler et à changer sa version des faits. « Pourquoi revenez-vous sur vos déclarations et avez-vous menti ? interroge la présidente. – Cette personne (ndlr, le propriétaire de la voiture) a fait beaucoup pour moi dans la vie quand c’était difficile, je ne voulais pas lui faire de problème. Sa famille m’a toujours aidé, elle m’a recueilli quand mes parents ont été expulsés… ». Il faut dire que même s’il est responsable de ce drame, si le propriétaire du pick-up ne l’avait pas incité à conduire ce jour-là, la finalité aurait sans doute été tout autre. Avec des si…</p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Le propriétaire du pick-up, par ailleurs ami du prévenu, lui aurait demandé de transporter 3 personnes pour les amener sur un chantier de construction. Au moment de l’accident toutes sont sorties de la voiture et ont fui, sans doute pour éviter d’être contrôlées par les forces de l’ordre…</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Un drame absolu</strong></p>

<img class="size-medium wp-image-38447" src="https://lejournaldemayotte.yt/wp-content/uploads/2023/12/Centre-penitentiaire-Majicavo-3-300×197.webp" alt="" width="300" height="197" /> Le prévenu est maintenu en détention à Majicavo
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Pour l’avocat de la partie civile, maître Andjilani, c’est accident est tragique. « Ce sont des gamins qui se rendaient simplement à l’école, 2 sont décédés et un troisième est toujours hospitalisé à La Réunion. C’est un traumatisme pour cette famille. Le prévenu a pris la voiture alors qu’il ne sait pas conduite et qu’il n’a pas le permis ». Puis il a demandé un renvoi sur intérêts civils afin que les victimes soient indemnisées. Le ministère public dans son réquisitoire a estimé que le conducteur était arrivé trop vite dans le virage, qu’il n’a pas maîtrisé son véhicule et a fait une sortie se route. « C’est un comportement imprudent ! Des enfants sont morts en allant à l’école. C’est un drame absolu ». Le parquet a ainsi requis 5 ans de prison ferme dont 2 ans avec sursis, le maintien en détention du prévenu et l’impossibilité de passer le permis de conduire pour une durée de 5 ans. L’avocat du prévenu, maître Kondé, n’a pas caché son désarroi dans cette affaire. « Malgré mes 22 ans d’expérience en tant qu’avocat, que puis-je dire ? Quelle parole peut être entendue dans ce contexte… ? Mon client est hanté par ce qu’il a vu et entendu ». Au-delà du fait qu’il a plaidé en tentant de montrer qu’il n’y avait pas de « lien de causalité caractérisé », il a demandé au tribunal à ce qu’il y ait un supplément d’informations concernant notamment l’implication du propriétaire du véhicule dans cette terrible histoire, qui lui pour le coup à ce stade n’a absolument pas été mis en cause.</p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">Après avoir délibéré le tribunal a suivi les réquisitions du parquet en abaissant simplement la peine du prévenu à 4 ans de prison ferme. En outre le supplément d’informations demandé par la défense a été accepté par le tribunal.</p>
<p style="font-weight: 400; text-align: justify;">B.J.</p>

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

SMAE : coupure d’eau à Ironi-Bé en raison d’une conduite cassée

La SMAE informe les usagers d’une coupure de la...

À Kawéni, une journée pour projeter le village dans son avenir urbain et social

Le 26 juin, élus, habitants et partenaires institutionnels se sont réunis à Kawéni pour présenter les projets du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPRU) et poser symboliquement la première pierre du futur stade municipal.

Avec l’ESAT, Mayotte franchit un cap historique pour l’insertion des personnes en situation de handicap

La CCSUD, la Ville de Mamoudzou, le SIDEVAM et Edeis Aéroport Mayotte, ont, ce jeudi 26 juin, signé des conventions de partenariat avec le tout nouvel Établissement et Service d’Accompagnement par le Travail (ESAT Tarehi) géré par l'APAJH, afin que la structure puisse démarrer sa mission d’insertion à l’emploi des personnes en situation de handicap. Un “moment historique” qui va permettre d’offrir un cadre professionnel, adapté et sécurisé à 50 personnes à travers le territoire.

Environnement : L’association Messo encourage les pratiques écologiques plus responsables

Dans le cadre de son engagement pour un développement plus durable à Mayotte, l’association Messo a procédé à l’installation de bacs de compostage en bambou au Pôle d’Excellence Rural (PER) de Coconi ce jeudi matin.